
Des constructions anarchiques sur la baie de Ngaliema ont un impact très négatif sur le fonctionnement de l'usine de traitement d'eau de la REGIDESO SA de Ngaliema, avec le risque de priver l'accès à l'eau potable à plus de 2 millions de Kinois habitants les communes de la Gombe, Lingwala, Kasa Vubu, Ngiri Ngiri, Bumbu, Selembao, Bandalungwa, et Kintambo.
C'est ce que renseigne une note technique de la REGIDESO à ce sujet, dont la copie a atterri dans notre rédaction ce lundi 5 mai 2025. La REGIDESO signale que certains occupants construisent sur ses ouvrages d’adduction d’eau potable.
Il s'agit notamment des constructions faites sur l'avenue Adama qui, selon la note technique, ont presque toutes leurs murs de clôture sur la conduite d’eau traitée qui part de l’Usine de Ngaliema jusqu’au rond-point SOCIMAT, empêchant désormais la REGIDESO SA d’assurer ses travaux de maintenance et/ou de réparation des fuites.
Des constructions sur les lits du fleuve
Le document rapporte aussi que d’autres occupants ont construit et continuent de construire sur les lits du fleuve en réalisant des remblais pour repousser les eaux. Chose qui a eu pour effet d’empêcher l’eau d’arriver sur le captage d’eau brute de l’usine.
« Il y a lieu d’indiquer que, dans le cadre des travaux de réhabilitation et d’augmentation de la capacité de cette usine sous financement du gouvernement Japonais, un nouveau captage d’eau brute a été placé à 152 mètres de la berge, et cela, pour éviter les effets néfastes de ces constructions. En 2015, soit près d’une année seulement après la fin desdits travaux, ce captage se retrouvait déjà à plus ou moins 20 mètres de la berge du fait de ces constructions qui créent un dépôt du sable en amont de ce site des captages. Aussi, l’activité humaine sur ce site entraine désormais la pollution de l’eau captée », lit-on dans la note technique.
Elle souligne qu'à ce jour, l’usine capte de l’eau dans une zone morte sans courant d’eau et le taux de coliformes fécaux est exagéré. Une situation qui, note le document, met la vie de plus de deux millions de personnes en danger et nécessite une action urgente pour déguerpir l’occupation de la baie derrière l’Usine et les constructions qui dénaturent les cours normales de rivières et du fleuve, réduisant ainsi la capacité de l’Usine.
La profondeur du fleuve passe de plus de 12 mètres à moins d'un mètre
« Déjà, la profondeur du fleuve est passée de plus de 12 mètres au moment de la construction du captage à moins d’un mètre aujourd’hui, ce qui rend les travaux de captage d’eau très précaires », lit-on dans la note technique.
La REGIDESO SA fustige dans ce même document la passivité du ministère des Affaires foncières notamment. Elle rappelle qu'en 2017, un arrêté du gouverneur de la ville a permis la démolition des installations de la société ISIS SPRL qui a occupé la servitude de l’Usine et construit sur les tuyaux de la REGIDESO SA.
Malheureusement, indique le document, alors que la REGIDESO SA attendait la poursuite de l’opération et que les titres de propriété de ces occupants soient annulés, ISIS SPRL a mis à sa disposition trois (3) Arrêtés dont deux régularisent sa situation juridique sur terrain et le troisième qui annule l’arrêté qui avait ordonné la démolition de ses constructions.
La démolition, une nécessité
La REGIDESO fustige le fait que plusieurs lettres écrites au ministère des Affaires à ce sujet soient restées sans réponse à ce jour. C'est ainsi qu'elle a initié des procédures judiciaires qui sont actuellement pendantes devant les juridictions.
« Par ailleurs, en juillet 2022, il a été constaté qu’un groupe des personnes non autrement identifiées, accompagnées de Hauts Officiers des FARDC, étaient venues lotir, au vu et au su des agents REGIDESO SA, l’espace entre la clôture de l’Usine et le fleuve Congo. Aussi, ISIS SPRL a repris les travaux de construction sur site sans désemparer. En outre, nous vous informons que des travaux de construction d’un grand mur de soutènement et de remblai sont encore en cours présentement en amont du captage et qui auront certainement pour effet d’aggraver la situation déjà précaire », dénonce la REGIDESO.
Elle attire ainsi l'attention des autorités en soulignant que si rien n’est fait, il y a un grand risque que la berge s’avance jusqu’au niveau du nouveau captage et, ainsi, entrainer l’arrêt de l’Usine. Une éventualité qui serait une catastrophe dans la Ville, particulièrement, si on prend en compte les Communes qui seraient privées d’eau.
Somme toute, la REGIDESO pense que toutes ces constructions érigées sur une zone non aedificandi doivent être démolies et, au regard de la loi, aux frais de leurs constructeurs ou propriétaires sans aucune indemnité.
ODN
Ci-dessous la note technique