
C'est depuis septembre 2023 que la République démocratique du Congo met en œuvre la Couverture santé universelle. Son premier volet qui concerne les soins de santé des femmes enceintes, des nouveau-nés et des accouchées est effectif à Kinshasa, au Kongo Central et au Kasaï Oriental.
C'est dans ce cadre que le Conseil national de la Couverture santé universelle (CN-CSU), avec l'appui de l'Agence belge de développement (Enabel), a lancé, lundi, à Kinshasa, une série d'ateliers stratégiques consacrés à la Revue annuelle et à l'évaluation du partenariat entre le Fonds de solidarité de santé (FSS) et les Établissements des soins de santé (ESS), impliqués dans la mise en œuvre de ce volet de la CSU.
Dans son allocution, le docteur Anatole Mangala, directeur général du FSS, a fait savoir que l'objectif de ces travaux est d'évaluer avec les partenaires les interventions réalisées en 2024, tout en recueillant les critiques et les observations en vue de réajuster certaines actions. Le tout, a-t-il souligné, pour une gouvernance efficace et à la hauteur des attentes tant des assurés que des partenaires.
« Toujours dans le même processus, ce que nous faisons maintenant, nous évaluons ce qui s’est passé et revoir, en fonction de nos échanges, ce qu’il faut améliorer. Rappelez-vous que je vous ai donné un exemple de l’Australie : c’est entre 5 et 10 ans qu’on a mis pour que le système de la Couverture santé universelle fonctionne bien. Ce sont ces échanges qui vont nous permettre tous de nous réajuster, d’améliorer et pouvoir arriver au niveau attendu non seulement par nos gouvernants, mais aussi par l’Organisation mondiale de la santé », a-t-il déclaré.
À ce jour, l'extension du subventionnement total des soins de santé des femmes enceintes et des nouveau-nés se poursuit dans d'autres provinces de la RD Congo.
Points positifs et négatifs
Depuis le début de ce programme, des femmes ont accouché gratuitement dans les 3 provinces, à savoir : Kinshasa, Kongo Central et Kasaï Oriental.
Selon le docteur Brigitte Sabangu, médecin et responsable du FSS/Kinshasa, il y a des points positifs qui ont été enregistrés, quoi que plusieurs défis restent à relever.
« Les points positifs, c'est que le programme a commencé et c'est en cours, il y a des femmes qui ont accouché gratuitement, qui n'ont sorti aucun rond, c'est déjà un pas. Le chemin est encore long, certes, les défis à relever sont là. Nous avons connu quand même quelques difficultés, notamment le financement qui a été irrégulier, mais nous nous y mettons. Nous espérons qu'avec la cotisation et l'assurance maladie qui va commencer bientôt, ces défis seront relevés », a-t-elle souligné.
Cependant, elle a noté, comme points négatifs, le financement irrégulier et tarif, mais aussi le déficit communicationnel.
« Il y a irrégularité sur le financement. La première année, nous n'avons pas connu ce problème, parce que le financement était arrivé pour toute une année. Mais après, des décisions ont été prises, comme quoi, le financement viendrait chaque mois, mais ce qui n'a pas été respecté. Mais comprenez que c'etait difficile pour nous de répondre aux besoins ou de payer comme il faut les prestataires », a soutenu la responsable du FSS/Kinshasa.
À Kinshasa, a-t-elle renseigné, sur les 359 établissements des soins de santé accrédités au FSS, 339 ont contracté, dont 334 ont bénéficié de subvention et d'équipements médicaux.
De leur côté, les partenaires (ESS) souhaitent que des solutions soient apportées aux problèmes rencontrés durant l'année 2024, pour garantir la poursuite de la Couverture santé universelle dans son premier volet : gratuité de la maternité.
« On aimerait que le canal de communication passe bien, on aimerait qu'il y ait traçabilité parce que nous avons aussi la recevabilité. Les gens qui travaillent, ce sont des papas, des mamans, les malades bénéficient de soins de qualité, mais il ne faut pas que le prestataire fasse son travail avec ruine financière. Que chacun fasse sa part de choses », a demandé le chef de service gyneco - obstétrique du centre hospitalier Légion nationale d’intervention /Police, Bonaventure Lundimu.
Accompagnement d'Enabel
L'Agence belge de développement accompagne la mise en œuvre de la CSU en République démocratique du Congo. D’après Lies Vanmullem, programme manager d'Enabel, la coopération belge travaille dans plusieurs provinces, directement sur l'offre et la qualité des soins de santé.
« Nous sommes très engagés sur tout ce qui est Couverture santé universelle à travers différentes interventions. Nous travaillons dans plusieurs provinces, entre autres, Kinshasa, Sud-Ubangi, Tshopo, directement sur l'offre des soins et la qualité des soins qui ont un lien avec la Couverture santé universelle. Nous avons aussi un appui au niveau institutionnel, au niveau de la Division provinciale de santé, où nous avons toute une orientation très forte sur la Couverture santé universelle. C'est dans ce cadre là qu'on appuie aujourd'hui cet atelier stratégique pour voir qu'est-ce que le FSS a pû faire, comment est-ce qu'on peut regarder vers les activités de 2024 et comment prendre des recommandations pour mieux faire en 2025. Il y a encore beaucoup à faire, les défis sont enormes, le projet est ambitieux. C'est très important pour garantir l'accès aux soins pour tous d'une manière équitable », a-t-elle indiqué.
Les travaux de la Revue annuelle et l'évaluation du partenariat entre le Fonds de solidarité de santé (FSS) et les Établissements des soins de santé (ESS) vont se clôturer le vendredi 27 juin prochain. Des recommandations sont attendues pour amélioration l'application de la CSU en RD Congo.
Prince Mayiro