
La semaine internationale de la francophonie a été célébrée pendant cinq jours au Campus Numérique Francophone (CNF) de Lubumbashi où cette institution de l'Agence universitaire de la Francophonie a proposé une série d’activités mêlant culture, technologie et éducation, avec un objectif de montrer que le français est un « outil stratégique pour l’innovation, l’entrepreneuriat et le développement », du lundi 17 au vendredi 21 mars 2025.
Cette célébration de la semaine francophone a débuté par les journées portes ouvertes qui ont permis aux étudiants de découvrir l’offre diversifiée du CNF dont des formations, accompagnement à la recherche, accès aux ressources numériques et bien plus encore. Pour Jenny Kabengele, responsable du campus numérique francophone, il s’agissait d’un moment clé pour renforcer la visibilité du CNF auprès des établissements de la région du Haut-Katanga.
« Beaucoup d’étudiants ignorent encore l’existence et les ressources du CNF. Ces journées étaient l’occasion de lever le voile sur notre offre, allant de la formation aux outils numériques en passant par l’accompagnement à la recherche », a-t-elle expliqué.
La programmation a alterné des moments ludiques et réflexions sérieuses, avec des activités telles qu’une dictée de la francophonie, un atelier interactif baptisé Ubuntu Party, ou encore une conférence-débat sur le thème « Prenez la parole ».
Ubuntu : une alternative africaine et libre au service des entreprises
L’un des temps forts de la semaine était l’atelier animé par Frumence, formateur de l’Université de Ngaoundéré au Cameroun par visioconférence. Il a présenté Ubuntu, un système d’exploitation libre et open source qui séduit de plus en plus d’entreprises africaines.
« Ubuntu s’impose aujourd’hui comme une alternative fiable, sécurisée et économique aux systèmes d’exploitation propriétaires. L’absence de frais de licence, sa flexibilité, ainsi que sa compatibilité avec des outils professionnels permettent de réduire considérablement les coûts tout en garantissant des performances solides », a affirmé le formateur.
Il a également insisté sur les avantages en matière de cybersécurité.
« Grâce aux systèmes de protection comme AppArmor, aux mises à jour régulières et à la gestion du chiffrement, Ubuntu est capable de sécuriser même les environnements complexes. »
Le jeudi 20 mars 2025, journée mondiale de la francophonie, a été l’occasion de poser un regard lucide sur la place du français en Afrique centrale. Lors d’une conférence dédiée, le professeur Guy Keba de l’Université de Lubumbashi a rappelé que le français est désormais profondément enraciné dans les pratiques quotidiennes, au-delà de son passé colonial.
« Longtemps perçu comme une langue étrangère, le français s’est progressivement enraciné comme langue de communication, d’enseignement, d’administration et de création dans notre région », a-t-il souligné.
Et d'ajouter : « Aujourd’hui, les Africains ne se contentent plus de parler français : ils le transforment, l’adaptent, le réinventent. »
Même son de cloche du côté de l’écrivain et journaliste Ignace Nzadi.
« Être écrivain, enseignant, prédicateur ou maître de cérémonie en Afrique centrale, c’est évoluer dans un univers largement francophone. », a-t-il expliqué.
À Abel Bukasa, écrivain de Lubumbashi, conférencier de poursuivre : « Le français me permet d’exprimer mes idées avec précision. C’est la langue dans laquelle je pense, j’écris, je crée. Je n’ai jamais envisagé de m’exprimer autrement en littérature. »
Plus qu’une commémoration, cette semaine a permis d’explorer le potentiel transformateur de la francophonie. Les différentes interventions ont souligné que la langue française est un vecteur d’accès au savoir, à la culture et à l’innovation, et non un simple héritage historique.
« Notre ambition était de montrer que la francophonie, ce n’est pas seulement un héritage, mais une force actuelle et vivante au service de la jeunesse africaine », a conclu Jenny Kabengele.
À Lubumbashi, cette édition 2025 de la Semaine de la francophonie a démontré, avec créativité et conviction, que le français reste une langue d’avenir, capable de porter les aspirations et les talents d’un continent en pleine transformation.
Patient Lukusa, à Lubumbashi