
CADA (CONGO ACTION POUR LA DIPLOMATIE AGISSANTE) a suivi avec une attention particulière la déclaration faite à travers les réseaux sociaux ce 23 mai par l’ancien Président de la République Joseph Kabila, marquant ainsi sa quatrième sortie médiatique dans un espace de trois mois après celles des 23 février, 03 mars et 08 avril.
Cette quatrième prestation médiatique, à partir d’un coin quelconque de la terre, est intervenue deux jours après la levée de ses immunités parlementaires par le Sénat donnant ainsi lieu à des poursuites judiciaires à son encontre par l’Auditeur général des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) pour participation au mouvement insurrectionnel, trahison et participation à des crimes de guerre.
Naturellement, cette sortie médiatique a constitué, compte tenu des accusations gravissimes portées contre sa personne par l’Auditeur général des FARDC, une occasion pour lui de déverser sa bile sur son successeur, en l’occurrence le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, afin de le discréditer face à l’opinion tant nationale qu’internationale en peignant avec cynisme et sarcasme le bilan de ses six ans de pouvoir. Et aussi de vouloir montrer qu’il n’est pas ébranlé du tout par la décision que venait de prendre quasiment à l’unanimité le Sénat.
Mais en réalité, l’ancien Président Joseph Kabila, visiblement affecté, semble être pris de court dans son entreprise funeste pour son retour au pouvoir pour lequel il préparait peu à peu le peuple. Il y est allé, de cran en cran, depuis sa première sortie médiatique jusqu’à la dernière en date, à savoir celle du 23 mai.
En effet, avec un capital politique au rabais depuis son départ du pouvoir sur fond d’un bilan poussiéreux après 18 ans de règne autoritaire, avec un parti et une famille politiques en lambeaux et en perdition, faute d’ancrage dans la nation et de moyens d’Etat pour conditionner un quelconque soutien ou entretenir des illusions, l’ancien Président Joseph Kabila, dont la Constitution interdit tout accès à la magistrature suprême après avoir épuisé ses deux mandats, est convaincu qu’il ne peut revenir au pouvoir démocratiquement ou positionner un des siens dans la mesure où il n’a émargé aucun leadership dans son camp depuis sa mise à l’écart.
Pour CADA, la seule voie plausible pour le retour au pouvoir de Joseph Kabila, nostalgique de l’aventure de l’AFDL de 1997 et qui envisage le pays en termes d’héritage légué à son successeur, est de faire parler la poudre. C’est la raison pour laquelle il n’ose pas, pour rien au monde, dénoncer les forces négatives sur lesquelles il s’appuie et compte, à savoir l’armée rwandaise et ses supplétifs de l’AFC/M23, ni manifester la moindre compassion à l’endroit des populations des Nord et Sud-Kivu qui, sans remonter aux déluges, ont payé et continuent à payer le prix le plus fort depuis la prise des villes de Goma et de Bukavu.
CADA est donc formel : l’ancien Président Joseph Kabila prépare une insurrection en RDC. Il pousse ainsi à la révolte les Forces Armées de la République Démocratiques du Congo (FARDC), où il croit encore compter quelques affidés ou dont il se montre proche. Il lance, de ce fait, un appel en laissant entendre, d’une part, que « l’armée nationale est vilipendée, conspuée et tournée en dérision par les autorités qui n’assument jamais rien, alors qu’elles sont censées veiller à sa consolidation et à sa respectabilité » et que, d’autre part, « sa gouvernance est caractérisée par une formation militaire bâclée, des recrutements et mises en place ethniquement motivés, ainsi que par l’emprisonnement sans jugement aussi bien de plusieurs militaires et officiers de haut rang, que des agents de l’ordre et de sécurité majoritairement swahiliphones ».
Surfant toujours sur la fibre ethnique, et ce avec une dose de cynisme à nulle autre pareille, Joseph Kabila veut s’attirer la sympathie des populations de la partie Est du pays, particulièrement celles de Goma et de Bukavu, en les présentant comme des laissés-pour-compte par le Gouvernement central qui semble avoir pris le parti de les punir, entre autres, en déconnectant les institutions financières locales du réseau bancaire national, et en restreignant les mouvements des personnes et des biens. Et d’ajouter que ces décisions et bien d’autres, les asphyxient et rendent leur vie plus précaire que jamais.
CADA trouve ainsi l’ancien Président Joseph Kabila plus cynique et sans amour pour la RDC et son peuple. Il impute la souffrance des populations du Kivu à la fermeture des banques autres institutions financières, alors que celle-ci est consécutive à la guerre qu’il passe sous silence, guerre imposée au pays dans sa partie orientale par le Rwanda et ses supplétifs à la base d’une dizaine de milliers de morts, de centaines de milliers de déplacés et d’une crise humanitaire indicible.
Aussi, il pense prendre prétexte des négociations entre le Gouvernement et l’AFC/M23 à Doha pour justifier son rapprochement avec ce mouvement proxy rwandais afin d’en prendre officiellement le leadership, alors que ces négociations ne s’inscrivent pas moins dans le processus de Nairobi, présentement fusionné avec celui de Luanda, qui connaissent un coup d’accélérateur avec l’implication de la nouvelle Administration américaine.
CADA constate, par ailleurs, que l’ancien Président Joseph Kabila, qui est de collusion avec le Rwanda dont il relaie avec perfection le narratif du Président Paul Kagame, pense ainsi, du fait de sa personnalité et des hautes fonctions assumées « congoliser » la crise qui sévit au pays et se faire incontournable par la suite. Il est en intelligence avec les évêques de la CENCO et des pasteurs de l’ECC (Eglises du Christ au Congo) qui jouent au même tempo que Kigali dont ils s’abstiennent de dénoncer la responsabilité, ainsi que celle de ses supplétifs couverts sous l’AFC/M23, dans l’insécurité à l’Est de la RDC, en ce compris les massacres odieux de Goma. D’autres puissances étrangères, notamment la France, semblent œuvrer à l’ombre de ces religieux.
CADA invite donc le Gouvernement, par devers lui le Président Félix Tshisekedi, de jouer à la prudence, à la vigilance, et de faire preuve de beaucoup de perspicacité et de rationalité pour ne pas tomber dans le piège de ceux, étrangers et nationaux, qui veulent tirer vers le bas les efforts réalisés jusque-là et dont la dynamique impulsée par les Etats-Unis est un des couronnements.
CADA convie les dirigeants congolais à mobiliser plus que jamais les populations à leurs actions visant à sauver le pays, à s’investir de manière vigoureuse dans la bonne gouvernance et dans la lutte implacable contre les anti valeurs, dont la corruption et l’impunité et à ne ménager aucun effort pour la communion avec les forces de sécurité, dont l’armée.
CADA demande, enfin, à l’Auditeur général des FARDC de passer au peigne-fin la dernière déclaration de l’ancien Président Joseph Kabila afin d’y déceler d’autres griefs pour consolider le réquisitoire ou de corser celui du départ.
Fait à Boston, le 26 mai 2025
Eric KAMBA