
Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication (CSAC), à travers son Centre de monitoring des médias du Congo (CMMC), a publié, ce vendredi 20 juin 2025, à Kinshasa, son rapport de monitoring sur le respect du pluralisme politique dans les bulletins d'information des médias audiovisuels de la République démocratique du Congo (RDC).
Dans son mot d'ouverture au cours de ce point de presse, Christian Bosembe, président du CSAC, a déploré un déséquilibre « significatif » dans la diffusion des informations dans les médias congolais en faveur d'un camp politique. Il a également fait savoir aux chevaliers de la plume que ce monitoring vise à évaluer l'équilibre de la représentation de différents courants politiques dans les médias afin de garantir un accès équitable des partis politiques, des associations et des citoyens aux moyens d'information et de communication.
« Le pluralisme politique, pierre angulaire de toute démocratie, repose sur la reconnaissance et la coexistence de diverses opinions, idéologies et forces politiques au sein de l'espace public. Il implique un accès équitable aux médias pour l'ensemble des acteurs politiques, permettant ainsi aux citoyens de se forger une opinion éclairée. Ce rapport présente les résultats de l'analyse des contenus médiatiques, met en évidence les déséquilibres constatés et propose des mesures correctives pour renforcer l'équilibre du pluralisme politique dans les médias congolais», a expliqué Christian Bosembe.
Selon le président du CSAC dans cette analyse effectuée entre le 5 et le 17 décembre 2024, 69.076 secondes des journaux parlés ou télévisés de 7 médias audiovisuels, dont 2 du secteur public (RTNC 1, RTNC 1 Radio) et 5 du privé (Antenne A TV, RTGA, Télé 50, Digital Congo FM, Top Congo FM) ont été consacrées aux acteurs politiques.
« Dans leur ensemble, les journaux parlés ou télévisés des sept médias inclus dans l'échantillon ont consacré aux acteurs politiques 69.076 secondes, correspondant à 19 h 04 min 19 sec de temps d'antenne. Environ un tiers de cette couverture (6 h 44 min 52 sec) est occupé par le temps de parole, c'est-à-dire le temps accordé aux différents acteurs politiques pour s'exprimer directement à l'antenne. Le reste du temps, c'est la narration des journalistes ou autres commentateurs sur ces mêmes acteurs », a-t-il indiqué.
Et d'ajouter : « Si on reprend les données relatives aux acteurs politiques de niveau national, en excluant cette fois les acteurs des administrations locales, et on les réorganise de manière à aboutir au résultat le plus synthétique possible, on constate que, dans l'ensemble des JT/JP analysés, les forces de la majorité, c'est-à-dire le président de la République, le gouvernement, les présidents du Parlement, les partis de la majorité et leurs alliés totalisent 91,7% du temps d'antenne et 87,4% de temps de parole. Pour tous les autres partis-les forces d'opposition et les partis équidistants- la visibilité médiatique ne peut que rester très marginale (8,3% de temps d'antenne et 12,6% de temps de parole)».
Par ailleurs, ce monitoring a été réalisé sur un échantillon représentatif des médias audiovisuels, sélectionnés selon les critères suivants :
• Diversité de l'offre médiatique (médias publics et privés) ;
• Importance de l'audience et influence sur l'opinion publique ;
• Couverture nationale et locale ;
• Diffusion de contenus à caractère politique.
Les analyses du Centre de monitoring des médias du Congo (CMMC), ont aussi examiné le temps d'antenne et le temps de parole accordés aux différents acteurs politiques, la diversité des invités et des intervenants, le ton et l'orientation des discours ainsi que l'équilibre dans le traitement des informations politiques. Les résultats du rapport du CSAC ont été quantifiés et comparés afin d'évaluer l'équilibre ou le déséquilibre du pluralisme politique dans chaque média.
Pour remédier aux déséquilibres constatés, le CSAC a préconisé les mesures ci-après :
1. Imposition de quotas de temps de parole pour garantir un équilibre dans la représentation des courants politiques sur les médias publics et ceux bénéficiant d'une concession de l'État;
2. Encadrement et renforcement des obligations légales des médias en matière de pluralisme politique, avec des sanctions en cas de non-respect ;
3. Mise en place d'une charte de bonne conduite pour les médias privés, les engageant à assurer une diversité de points de vue dans leurs programmes politiques ;
4. Renforcement du suivi du CSAC, avec un monitoring permanent du pluralisme politique et la publication régulière de rapports détaillés.
5. Organisation d'un dialogue entre les médias, les acteurs politiques et la société civile pour discuter des meilleurs pratiques à adopter en matière de couverture médiatique équilibrée.
Ces recommandations, d'après cet organe de régulation des médias en RDC, visent à garantir un accès équitable aux médias pour toutes les forces politiques, afin de renforcer la crédibilité et la neutralité du paysage médiatique congolais.
Raphaël Kwazi