Procès Kabila : les honoraires sollicités sont « patriotiques et modestes » en raison de la sensibilité du dossier (Avocats des parties civiles)

Vendredi 1 août 2025 - 14:01
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 Les honoraires demandés par les avocats représentant la République démocratique du Congo (RDC), ainsi que les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l'Ituri, qui se sont constituées parties civiles dans le procès contre l'ancien président Joseph Kabila, sont « patriotiques et modestes ». 

C'est ce qu'a affirmé Me Jean-Marie Kabengela, s'exprimant au nom du collectif des avocats des parties civiles lors d'un point de presse ce vendredi 1er août à Kinshasa.

Il a insisté sur le fait que la dangerosité de Joseph Kabila et la sensibilité du dossier justifient ces honoraires.

« Il est vrai que les cabinets d'avocats qui représentent les intérêts de la République démocratique du Congo, ainsi que des provinces, dans le procès contre Joseph Kabila, ont postulé des honoraires pour leurs prestations. Ces honoraires sont patriotiques et modestes pour les raisons suivantes : ils sont exceptionnels parce que nous avons pris en compte la sensibilité du dossier et la dangerosité que représente Monsieur Joseph Kabila Kabange, la personne poursuivie. Nous avons également tenu compte du fait que de nombreux cabinets d'avocats consultés ont décliné la mission en raison de la dangerosité que représente Monsieur Joseph Kabila », a-t-il déclaré.

Me Kabengela a tenu à clarifier que la somme globale, estimée à moins de 3 millions de dollars, n'est pas demandée par des avocats à titre individuel, mais par l'ensemble des cabinets d'avocats impliqués.

Pour défendre ce montant, il l'a comparé à la récompense globale de 8 millions de dollars américains qui avait été proposée par l'ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, pour l'arrestation de personnalités comme le journaliste Pero Luwara et les membres de l'AFC/M23 Corneille Nangaa et Bertrand Bisimwa.

« Vous avez sans doute noté qu'au mois de mars, les 7 et 8, a circulé sur la toile un communiqué de presse émis par l'ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, qui offrait 4 millions de dollars pour quiconque arrêterait Pero Luwara, et 4 millions de dollars pour quiconque arrêterait Corneille Nangaa et Bertrand Bisimwa. La somme totale que nous avons demandée n'atteint même pas 4 millions, et ce, juste pour l'arrestation. Or, on peut arrêter quelqu'un et le juger sans qu'il soit condamné. Dans notre cas, nous poursuivons la condamnation pour des dommages et intérêts. Par rapport aux 8 millions offerts juste pour des arrestations, les avocats font preuve de modestie en demandant moins de 3 millions de dollars au total », a-t-il expliqué.

Pour étayer ses propos, Me Kabengela a également révélé que certains de ses confrères ont déjà reçu des menaces de mort depuis le début du procès.

« Juste après la première audience, après que nous avons acté la comparution au nom de la République du Congo, beaucoup d'entre nous ont reçu des messages de menaces de mort », a-t-il dénoncé.

Il a appelé à se concentrer sur l'essentiel : la quête de la condamnation de Joseph Kabila et le paiement de plusieurs milliards de dollars en dommages et intérêts au profit des victimes et de la RDC.

« Nous nous battons et travaillons pour que la population congolaise, victime des actes de Monsieur Joseph Kabila, de ses parrains et de ses alliés, soit indemnisée. Nous réclamerons plusieurs milliards de dollars en termes de dommages et intérêts, non seulement au profit de la République, mais aussi des victimes d'actes perpétrés par Joseph Kabila et ses complices », a-t-il souligné.

Par ailleurs, il a précisé qu'aucun frais n'a été perçu pour l'instant par les cabinets d'avocats, qui ont pourtant déjà mobilisé des équipes sur le terrain pour rassembler des preuves. Il a mentionné la nécessité de prendre en charge l'hébergement et la sécurité de leurs collaborateurs dans les provinces concernées. 

Le procès contre l'ancien président Joseph Kabila, jugé par défaut, a été ouvert à la Haute Cour militaire. Il est poursuivi pour des chefs d'accusation comme la participation à un mouvement insurrectionnel, des crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité, homicide intentionnel par balles, trahison, apologie, viol, torture, déportation et occupation de la ville de Goma. La prochaine audience est prévue le 7 août.

Merveil Molo

 

AfroPari Juillet 2025