
Chaque 2 août, nous nous recueillons. Nous honorons la mémoire de millions de Congolaises et Congolais victimes de la barbarie armée. Nous nous rappelons les villes saccagées, les vies fauchées, les corps violés, les silences imposés.
Mais cette mémoire ne peut être réduite à un rituel. Elle appelle des actes. Elle exige justice. Parmi ces actes, la condamnation de l’Ouganda par la Cour internationale de justice en 2022 a été saluée comme une avancée majeure. L’engagement de l’État ougandais à verser 325 millions USD à la RDC pour les crimes commis entre 1998 et 2003 devait ouvrir la voie à une réparation historique. Et pour cela, un mécanisme a été mis en place : le FRIVAO, Fonds de réparation des victimes des activités illicites de l’Ouganda. Mais ce qui devait soigner les blessures en rouvre d’autres.
Aujourd’hui, à Kisangani et ailleurs, des victimes attendent encore. Elles attendent une reconnaissance concrète. Elles attendent de l’aide. Pendant ce temps, des rapports évoquent des fonds détournés, des frais de fonctionnement exorbitants, des bénéficiaires fictifs, des promesses sans lendemain.
Derrière les chiffres, il y a des vies. Le Génocost ne peut être un simple moment de recueillement. C’est une alerte. Un devoir de mémoire, oui, mais aussi un devoir de justice. En tant que citoyenne, mais surtout en tant qu’héritière d’une histoire, d’un pays et d’une mémoire collective, j'aimerais rappeler ceci : le FRIVAO doit redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, "un instrument de réparation, pas un champ de manœuvres".
Le 2 août, nous ne commémorons pas seulement des morts. Nous portons aussi la voix des survivants. Et cette voix dit : Justice, maintenant.
Susie Bakajika B.,
Analyste