Constant Mutamba aux juges : « Vous avez le choix de condamner un innocent ou de l'acquitter en entrant dans l'histoire par la grande porte »

Jeudi 14 août 2025 - 09:04
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La Cour de cassation a bouclé, ce mercredi 13 août 2025, l’instruction au fond de l’affaire opposant l’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, au ministère public. Avant de prendre l’affaire en délibéré, les juges ont donné la parole au prévenu pour ses derniers mots.

D’entrée de jeu, Constant Mutamba a témoigné sa foi en Christ, citant un passage des Saintes Écritures ( Psaumes 34:19) : « Le malheur atteint souvent les justes, mais Dieu les en délivre toujours. » Il a ensuite demandé à la Cour de l’acquitter, affirmant qu’il est innocent et victime de ceux que les réformes engagées mettaient mal à l’aise.

« Monsieur le premier président, messieurs de la Cour, vous avez le choix de condamner un innocent ou de l’acquitter en entrant dans l’histoire par la grande porte. Moi, je crois en vous. Je ne voudrais pas que le réquisitoire du ministère public, qui est malheureusement beaucoup plus personnalisé, ne puisse pas révéler tout ce qui s’est passé dans nos relations entre le ministre de la Justice et le Parquet, toutes les divergences qu’il y a eues. Vous, en tant que neutres et indépendants, direz le bon droit », a déclaré Constant Mutamba.

Selon lui, cette épreuve judiciaire n’est pas un échec, mais « une opportunité » qui marquera son histoire politique. L’ex-ministre a dit avoir été trahi par la même justice qu’il a servie « avec dévouement » pour l’instauration d’un véritable État de droit en RDC.

« Aujourd’hui, cette Justice que j’ai servie avec tant d’amour m’a tout arraché : mon honneur, ma crédibilité, ma dignité, et même mon directeur de cabinet. Ce procès de ma vie était la dernière preuve que j’attendais pour confirmer que j’étais dans le bon dans la lutte pour une justice juste et équitable pour tous. Si cela n’était pas arrivé, je douterais de moi et de la lutte que je mène depuis l’école, où j’ai créé, alors que je n’avais que 15 ans, l’Association de lutte contre la tricherie. Et à l’UPC, j’ai fondé l’Association pour la lutte contre les antivaleurs. Président des étudiants, je me suis opposé à toutes les antivaleurs de manière farouche », a-t-il indiqué.

Constant Mutamba a, par ailleurs, exprimé ses regrets face à ce qu’il a qualifié d’ingratitude de la nation après ses « loyaux services ».

« L’histoire me rétablira et le Dieu de mes ancêtres me justifiera. J’ai dû démissionner de mes fonctions de ministre d’État, ministre de la Justice et garde des sceaux, après avoir servi loyalement la République et pris autant de risques pour ce pays. Face à une guerre d’agression qui était pendante, alors que tout le monde lâchait prise, j’ai tenu, prêt à donner ma vie pour cette République », a-t-il souligné.

Comparant sa situation à celle de figures historiques, il a cité Patrice Emery Lumumba, Fidel Castro, Lula da Silva, Étienne Tshisekedi et Nelson Mandela, tous passés par des procès qu’il qualifie d’injustes avant d’être réhabilités par l’histoire.

« C’est pratiquement à cet âge que tous ces grands leaders ont connu des procès injustes. C’est cela qui a forgé ma conviction et mon mental d’acier pour affronter cette épreuve », a-t-il fait remarquer.

Revenant sur le fond du dossier, Mutamba a dénoncé des incohérences, expliquant que le ministère public l’accuse d’avoir détourné des fonds destinés à construire une prison à Kisangani, alors que l’argent, selon lui, est toujours logé en banque. 

« Je n’y ai même pas touché un seul franc », a-t-il insisté.

Il a également rappelé qu’à peine trois mois après sa nomination, un premier réquisitoire avait déjà été dressé contre lui, conséquence, selon lui, des divergences « profondes » sur les réformes judiciaires envisagées.

Avant de conclure, Constant Mutamba a retiré, « par humilité », certains propos tenus durant ce procès et jugés discourtois envers le ministère public, tout en réaffirmant sa fidélité aux institutions de la République.

Le verdict dans cette affaire est attendu le 27 août prochain. Pour sa part, le ministère public a requis 10 ans de travaux forcés contre Constant Mutamba, assortis d’autres peines.

ODN

 

AfroPari Août 2025