
Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a appelé, ce mardi 26 août 2025, les autorités congolaises et rwandaises à dépolitiser le processus du retour des réfugiés afin de trouver des solutions qui soient « satisfaisantes » pour tous. Il a lancé cet appel au cours d’une conférence de presse tenue avec le vice-premier ministre, ministre de l'Intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières, Jacquemain Shabani, à Kinshasa.
Dans un exercice de questions et réponses avec la presse, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a invité les deux États, à savoir : la RDC et le Rwanda, à s'engager dans l'optique de garantir et d'assurer le retour apaisé des populations déplacées.
« Un appel très fort que je voudrais exprimer ici devant la presse, c’est que ça sera important finalement, autant que possible, de dépolitiser le dossier des réfugiés. Le dossier des réfugiés est très politisé pour des raisons historiques. Il y a toute une longue histoire très complexe, (…) il faut finalement que ça soit dépolitisé pour qu’on puisse trouver des solutions qui soient satisfaisantes pour tous », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.
Par ailleurs, il s’est dit conscient du contexte politique qui est « très complexe et très difficile » pour les deux parties.
« Et bien-sûr, sans progrès politique, ça sera difficile de faire de grosses avancées, aussi en matière de solution du problème des réfugiés, mais les deux choses sont strictement en relation l’une avec l’autre. Et je veux féliciter les deux parties, le Rwanda et la RDC, pour avoir accepté hier que 600 Rwandais, qui se trouvaient et exprimaient le souhait de rentrer chez eux, soient rentrés avec l’accord des deux pays », a-t-il indiqué.
En mission de travail en RDC, Filippo Grandi a fait savoir que l’accord de Washington et le processus de dialogue de Doha avec la déclaration de principes ont tous les deux reconnu, dans leurs textes, l’importance d’un dialogue tripartite entre la RDC, le Rwanda et le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). Il a, à cet effet, réitéré la disponibilité de cette organisation onusienne à jouer un rôle de facilitateur.
« C’est dans ce contexte que le HCR a réitéré sa disponibilité à jouer un rôle facilitateur. Ça, c’est le rôle pour lequel nous sommes mandatés par la communauté internationale, parmi d’autres fonctions, de faciliter le dialogue entre les pays d’origine des réfugiés et les pays où les réfugiés se trouvent », a-t-il expliqué.
Pour sa part, le vice-premier ministre de l’Intérieur et sécurité, Jacquemain Shabani, a réaffirmé l’engagement du gouvernement de travailler pour le retour des réfugiés de la République démocratique du Congo dans leurs milieux d’origine.
« C’est valable pour tous les autres compatriotes qui se trouvent en situation de déplacement. (…) Il y a quelques mois, le gouvernement de la République a fourni des efforts pour venir en aide à tous nos compatriotes qui se trouvent non seulement au Burundi, mais aussi en Ouganda. Cela démontre que nous sommes soucieux de leur sort, pour leur retour dans les milieux d’origine », a-t-il dit.
Il a fait savoir que : « 83.000 Congolais ont été recensés, vivant avec le statut de réfugié en République du Rwanda. Maintenant, c’est un processus, un exercice qui nécessite du côté de la République démocratique du Congo, que nous puissions identifier et certifier ce chiffre, certifier la nationalité aussi de ces personnes à travers les différents mécanismes dont les comités d’accueil ».
Pour le processus de paix entre le gouvernement et les rebelles de l'AFC-M23, le ministre de l’Intérieur a indiqué que la délégation de la RDC séjourne à Doha dans le cadre des discussions. Il a, par ailleurs , souligné que la médiation s’évertue à faire avancer ces échanges pour que dans le délai le plus bref, « on débouche sur un accord qui va rendre effectivement la paix et la quiétude aux populations qui vivent le martyre depuis assez longtemps maintenant ».
Raphaël Kwazi