Santé publique : RSSP, une redevance de trop qui aggrave le cout de l’accès aux soins en RDC [Tribune]

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Une vive inquiétude secoue le secteur de la santé en République Démocratique du Congo. En cause: l’Autorité de Régulation et de Contrôle de la Couverture Santé Universelle (ARC-CSU), qui impose aux établissements sanitaires et pharmaceutiques de prélever une redevance de 2 % sur chaque facture de soins et sur chaque médicament vendu.

Cette mesure va à l’encontre de la vision du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui prône une Couverture Santé Universelle (CSU) destinée à alléger le coût des soins pour la population. Pourtant, l’Arrêté ministériel n° 1250 du 16 novembre 2023, fixe bel et bien ce prélèvement à 2 % sur les prestations sanitaires et 2 % sur les prix des médicaments. Depuis le 1er novembre 2025, le l'ARC-CSU exerce une pression croissante sur les établissements de santé et les officines pharmaceutiques pour qu’ils intègrent cette taxe dans leurs factures, avec obligation de la reverser à l’ARC-CSU.

Cette redevance, perçue comme une charge supplémentaire, compromet les objectifs fondamentaux de la Couverture Santé Universelle, censée garantir un accès équitable et abordable aux soins. Elle entraîne une hausse automatique des prix des soins et des médicaments, au détriment des patients déjà économiquement fragilisés.

Il s’agit d’une pression supplémentaire sur les malades, assimilable à une double imposition. En effet, les patients supportent déjà des prélèvements indirects via la taxe de promotion de la santé (prélevée à l’importation) et l’assurance maladie obligatoire. Cette accumulation de charges financières risque d’exclure les plus vulnérables du système de soins.

Plusieurs établissements de santé et entreprises pharmaceutiques se disent menacés de sanctions, voire de fermeture, s’ils ne se conforment pas à l’obligation d’appliquer cette taxe. Une situation qui interroge sur la cohérence entre la mise en œuvre de la CSU et les moyens imposés pour la financer, d’autant plus que l’ARC-CSU bénéficie déjà d’autres sources de financement prévues par la loi ( subventions, quotité de la Taxe sur la Promotion de la Santé, etc)

La perception de cette redevance apparaît donc inopportune. Sa mise en œuvre ne saurait se faire au détriment des principes d’équité, et de justice sociale. Un dialogue urgent s’impose pour réconcilier les objectifs de santé publique avec la viabilité économique des structures de soins.

L’urgence est de suspendre la perception de cette redevance dans sa forme actuelle, en attendant une révision de son taux et de ses modalités de perception. Le gouvernement doit assumer ses responsabilités, telles que définies par les lois de la République, et permettre à la population de bénéficier pleinement de la Couverture Santé Universelle, conformément à la volonté du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Tribune du journaliste Jason Mbo