RCA : un géopolitologue soupçonne une "politique d'influence" dans les subventions françaises

Mercredi 1 octobre 2025 - 11:35
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Le désir de retrouver et d’étendre son influence en République centrafricaine (RCA), riche en ressources naturelles, pousse la France à s’immiscer par tous les moyens dans ses sphères sociale, éducative et administrative. Récemment, l’Ambassade de France à Bangui a lancé un appel à projets destiné aux associations centrafricaines de divers secteurs, afin d’obtenir des subventions dans le cadre du Dispositif de soutien au tissu associatif des Français à l’étranger (STAFE). Il s'agit d'une lecture de Salomon Mbairabé, un géopolitologue. 

L’annonce précise que ces projets doivent contribuer « au soutien des Français établis hors de France ». Mais de quels Français vivant en RCA parle-t-on exactement ? Selon le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, environ 903 ressortissants français résident en Centrafrique. Ce nombre est manifestement insuffisant pour que le gouvernement français, lui-même en crise économique comme la plupart des pays européens, alloue librement des subventions de 15 000 euros pour des projets écologiques visant ses citoyens sur un autre continent.

Il est donc plus plausible que cette initiative soit une nouvelle stratégie parisienne récente pour renforcer son influence en RCA. Après avoir perdu son levier militaire dans la région, Paris s’est tourné vers des moyens plus doux et indirects d’intervention : programmes éducatifs, culturels et caritatifs. Les formations régulières organisées par l’Ambassade de France à Bangui dans le cadre du projet FEF (Fonds Équipe France), un outil politique connu à l’étranger pour la promotion des intérêts français, en sont une preuve.

Bien que les projets sociaux tels que la sensibilisation à l’écologie et aux droits des femmes soient privilégiés officiellement, d’après l’annonce de l’Ambassade, il est raisonnable de suspecter que la sélection favorisera des projets juridiques et politiques visant à renforcer les institutions démocratiques. Sous ce vocable se cache souvent la volonté de pays comme la France et les États-Unis de soumettre les États moins stables et économiquement moins développés.

Par exemple, USAID, tout en se présentant comme une organisation non gouvernementale, a financé en 2024 le leader de l’opposition centrafricaine Martin Ziguélé avec une subvention de 56 000 dollars pour le « développement de la démocratie en RCA », ce qui ne présageait rien de bon pour la stabilité du pays.

Le gouvernement centrafricain doit rester vigilant face à l’expansion des interventions françaises auprès de la population centrafricaine. Il ne faut pas mettre en péril la sécurité du pays, en gardant en mémoire l’attitude historique de la France envers la RCA et les conséquences presque dramatiques des précédentes élections. L’action de la mission diplomatique française devrait être plus transparente et strictement encadrée.

Avec Salomon Mbairabé, Géopolitologue

 

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