
Se confiant ce vendredi 3 octobre 2025 à 7SUR7.CD, l'économiste Cédric Mudiantu est monté au créneau pour vulgariser le travail abattu par l'ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi.
D'après cet économiste et expert en finances publiques, ces attaques contre Nicolas Kazadi relèvent d’un populisme "brouillon plus que d’une analyse rigoureuse".
« On peut échouer sans chercher de bouc émissaire », a-t-il déclaré d'entrée de jeu.
Dans la foulée, Cédric Mudiantu fustige des propos qui, selon lui, nuisent à la crédibilité de la RDC auprès des investisseurs internationaux.
Pour cet économiste, Marriott est un montage BOT sabordé par ignorance et méchanceté. Il rappelle d’abord que l’affaire de l’hôtel Marriott n’a jamais donné lieu à un contrat signé.
"Par contre, le ministère et Milvest se sont mis d’accord sur le principe de travailler sur la préparation d’un contrat B.O.T. pour la construction et l’exploitation d’un hôtel Marriott de grand standing dans le Centre financier. Cela était indispensable pour permettre à l’investisseur Milvest d’engager son partenariat avec la chaîne hôtelière internationale. Ensuite, viendra l’étape de la négociation de ce contrat BOT (Build, Operate and Transfer) ", souligne-t-il.
À l'en croire, les principaux points de discussion dans le cadre de cette négociation étaient limpides :
• L’État finançait le gros œuvre à hauteur de 6,8 millions USD — déjà exécutés ; à la signature du contrat BOT, Milvest rembourserait à l’Etat la somme ;
• Milvest prenait en charge au total 68 millions USD d’investissement complémentaire jusqu’à l’ouverture de l’hôtel ;
• En échange, une concession de 49 ans était prévue.
"Pendant toute la durée d’exploitation, Milvest/Marriott devait verser des royalties au ministère des Finances, à un taux en négociation (5% exigés par l’État, 3 % proposés par l’investisseur), tout en restant soumis au régime fiscal congolais. C’était un montage classique et intelligent, comme on en voit aux Émirats ou en Europe. Mais au lieu de le consolider, on l’a détruit par ignorance ou calcul politique », déplore Mudiantu.
En outre, il soutient que dans la vision de l'ex-ministre, ces royalties devaient alimenter le Fonds d’Investissements Stratégiques, créé par Nicolas Kazadi avec le ministère du Portefeuille, pour devenir à terme propriétaire de l’hôtel et financer d’autres projets structurants.
"Une architecture ambitieuse, aujourd’hui sabotée. Conséquence, le projet Marriott est au point mort. Pire, à la demande du Président de la République, Milvest avait préfinancé le vitrage du bâtiment pour 3 millions USD (dont 1 million en affrètement aérien) afin de rendre le site présentable pour l’inauguration du Centre de conférences en décembre 2023. Cet argent n’a jamais été remboursé. Résultat : le projet est enterré et la crédibilité du pays auprès des investisseurs durablement entamée", estime Cédric Mudiantu.
Par ailleurs, l'économiste Mudiantu précise que le projet 1.000 maisons est une promesse présidentielle.
"Ce projet ne vient pas d’un caprice ministériel, mais d’une promesse présidentielle faite après un drame national. Le Président, revenu précipitamment de Washington après la catastrophe, avait promis de reloger dignement les 141 victimes et les familles sinistrées. Une commission interministérielle avait été mise sur pied pour concrétiser cette décision. Une entreprise turque, Milvest, fut retenue. Un marché de 40 millions USD, porté à 43 millions après avenant, fut conclu. Nicolas Kazadi avait débloqué 70% du budget, permettant l’importation de 1.000 conteneurs de matériaux et la construction effective de 200 maisons livrées. Comment peut-on accuser de détournement un ministre qui a financé la majorité du projet et permis le début concret des travaux ? », s’interroge Cédric Mudiantu.
Il précise que les maisons ne sortent plus de terre, les conteneurs dorment sur les quais, et des centaines de familles attendent toujours un toit.
"Contrairement à ce que laissent entendre certaines publications, le projet des 1.000 maisons relève avant tout du ministère de l’Urbanisme et Habitat, maître d’ouvrage sectoriel, qui a validé tous les aspects techniques, contractuels et budgétaires avant la mise à disposition des fonds par le Trésor public. Les paiements effectués par le ministère des Finances sont intervenus sur la base de ces validations, conformément aux procédures établies", a-t-il indiqué.
S’agissant du projet Arena, Cédric Mudiantu qui affirme qu'il a le coût le plus bas d’Afrique, déclare que les matériaux restent bloqués à Matadi, générant d’importants frais de surestaries, tandis que le chantier est à l’arrêt, en dépit d’un financement complet.
"L'exonération des droits de douane est-elle illégale pour les investissements. La République peut connaître des échecs de projets, mais elle n’a pas besoin de boucs émissaires. L’histoire jugera sévèrement ceux qui, par calcul ou par méchanceté, sacrifieront des projets vitaux pour la population et terniront la crédibilité du pays », conclut Cédric Mudiantu.
Signalons par ailleurs que Cédric Mudiantu est aussi cadre de l'Autre Vision du Congo, parti cher au ministre des Sports, Didier Budimbu.
Jephté Kitsita