
Le gynécologue-obstétricien congolais Denis Mukwege a été immortalisé dans un film consacré à sa vie, « Muganga — celui qui soigne », en swahili.
Cette fiction a été diffusée pour la toute première fois, ce dimanche 5 octobre 2025, à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, au cours d'une soirée organisée par le réseau citoyen « Po na Congo ».
Réalisé par Marie-Hélène Roux, ce film est inspiré du livre témoignage « Panzi », coécrit par le docteur congolais Denis Mukwege et le chirurgien belge Guy-Bernard Cadière. Il retrace l'histoire de son hôpital Panzi dans la province du Sud-Kivu, où sont soignées des femmes victimes de viols de guerre pour l’exploitation du coltan dans l'Est de la République démocratique du Congo.
Présent lors de cette soirée de projection, le militant des droits de l'homme, Denis Mukwege, a indiqué que ces violences sexuelles sont une stratégie pour contrôler les ressources minières du Congo.
« Le viol est utilisé comme une arme de guerre dans cette région, cela veut dire que ce sont des viols qui sont méthodiques. Mais le fait que ça se fait souvent en public, devant les enfants, devant les maris, devant la communauté, ça entraîne des conséquences qui sont massives sur la population, puisque finalement, ce n'est pas seulement la victime qui va souffrir, mais le mari qui voit son épouse torturée en sa présence et qui ne peut rien faire. Nous avions fait des publications scientifiques, nous avons écrit des bandes dessinées et des films documentaires, on avait toujours l'impression que le monde ne voulait pas regarder en face ce qui se passe en République démocratique du Congo », a-t-il expliqué au micro de 7SUR7.CD.
Choqué par le viol de masse, le docteur a exigé son inscription dans le droit pénal international.
« Je dénonce publiquement l'inaction internationale pour ces crimes. Je réclame en même temps la reconnaissance du viol de masse comme arme de guerre et son inscription dans le droit pénal international. Avec ce film, j'ai constaté que les gens qui ne peuvent pas supporter le film documentaire sont venus en masse pour regarder ce film. Et tout ce que je pouvais sentir, c'est cette indignation. Souvent, je disais pourquoi il y a une indignation qui donne l'impression d'un double standard, mais lorsqu'on regarde ce film, je pense qu'il y a toutes les raisons de pouvoir se poser des questions. Alors ce qui me donne l'espoir de ne pas lâcher, c'est que j'ai rencontré des femmes résilientes, elles veulent aller jusqu'au bout. Et quand je vois ce qu'elles subissent par rapport à moi, je me dis qui suis-je pour lâcher quand elles continuent à tenir malgré toutes les atrocités qu'elles subissent. Les femmes jouent un rôle important dans tout le travail que je fais », a-t-il dit.
Patrick Muyaya, ministre de la Communication et médias, voit dans ce film un "puissant" outil de sensibilisation et de mobilisation pour dénoncer les viols de guerre en République démocratique du Congo.
Selon lui, cette fiction dévoile la vraie motivation de la guerre de pillage en RDC. Le porte-parole du gouvernement a aussi appelé les uns et les autres à se lever pour la justice et la mémoire des victimes.
Ce long-métrage a été produit par la française Cynthia Pinet et l'américaine Angelina Jolie. Il a connu la participation des acteurs comme Isaach de Bankolé, qui a incarné le rôle du docteur Mukwege et Vincent Macaigne, chirurgien belge, qui a redonné un souffle nouveau à son engagement.
Raphaël Kwazi