Les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, moteurs miniers de la RDC, restent confrontées à un défi majeur du manque de main-d’œuvre locale qualifiée pour répondre aux exigences croissantes des entreprises. C'est dans ce cadre qu'une table ronde pour renforcer l'adéquation formation-emploi a été organisée par
l'agence de coopération internationale (Enabel), en partenariat avec la Fédération des entreprises du Congo (FEC), le mardi 25 novembre 2025 à Lubumbashi dans le Haut-Katanga.
Malgré l’abondance des ressources naturelles, les deux provinces (Haut-Katanga et Lualaba) peinent à transformer ce potentiel en opportunités concrètes pour la jeunesse. Le système d’Enseignement Technique et de Formation Professionnelle (ETFP) souffre depuis des années d’un sous-financement, entraînant une inadéquation entre les compétences enseignées et les besoins du marché. En ouvrant la rencontre, Patrick Muland, président provincial de la FEC, a insisté sur l’urgence d’un changement de méthode.
« Nous ne pouvons plus nous contenter de coexister. Il est temps de co-construire des solutions durables entre entreprises, institutions et partenaires techniques. L'objectif de cette rencontre est clair, passer d'une logique de co-existence à une logique de co-construction. Au cours de cette journée, nous souhaitons échanger de manière constructive sur les modèles de partenariat concret. Faisons de cette journée un jalon essentiel pour le développement du capital humain de notre région", a-t-il déclaré tout en souhaitant que cette table ronde puisse marquer un tournant dans la mise en œuvre de partenariats structurants, conformément à l’approche d’Enabel : « Au-delà de l’aide ».
Engagée depuis une décennie dans l’opérationnalisation des Centres de Ressources, Enabel joue un rôle central dans la modernisation de la formation professionnelle. Ces structures publiques servent de pont entre les établissements de formation et les entreprises, en identifiant les besoins réels en compétences et en appuyant la création de formations adaptées. Pour son représentant dans le Haut-Katanga et le Lualaba, portfolio manager Lorenzo Giacomin, le développement du capital humain doit être placé au cœur des priorités.
«Si nous n’unissons pas nos efforts autour d’une vision commune, nous courons le risque de revoir dans dix ans les mêmes constats. Notre jeunesse doit être prête à saisir les opportunités économiques qui se multiplient», a-t-il remarqué.
La Consule générale de Belgique à Lubumbashi, Evan Ilde, a salué l’initiative, soulignant la convergence entre les priorités diplomatiques belges et les besoins locaux.
«Ici, le secteur privé et la coopération se rejoignent pour offrir à la jeunesse congolaise une formation de qualité et les moyens de construire leur propre avenir. Ici en RDC, le Haut-Katanga est un exemple où le secteur privé et la coopération se rejoignent pour créer des opportunités de formation et d'emploi pour les jeunes», a-t-elle affirmé.
Représentant le gouverneur intérimaire, le ministre provincial de l’Éducation et de la Formation professionnelle, Georges Kadinga, a rappelé l’importance d’aligner l’offre de formation avec les exigences du secteur minier, en s’appuyant sur les dispositions du Code minier révisé en 2018.
«Les ressources issues des cahiers des charges communautaires et de la dotation de 0,3 % du chiffre d’affaires doivent contribuer à renforcer la formation technique afin que notre jeunesse accède à des emplois décents», a-t-il fait savoir tout en saluant les efforts du président Félix Tshisekedi dans la promotion de la formation professionnelle.
La table ronde a visé à bâtir un espace de dialogue pérenne regroupant entreprises minières, centres de formation, institutions publiques et partenaires techniques. L’objectif est de matérialiser des projets conjoints de formation et d’insertion professionnelle adaptés aux réalités du terrain. Face à cette problématique, l'agence de coopération internationale (Enabel) entend jouer un triple rôle notamment celui de facilitateur pour instaurer un climat de confiance entre tous les acteurs ; de mobilisateur des ressources publiques belges et européennes pour renforcer les investissements ; et de garant de qualité, afin de maximiser l’impact des initiatives de formation sur l’employabilité des jeunes.
Lors de la fin de ces assises qui a mis autour d'une table la ministre provinciale des transports, Lorraine Lusamba, le président de l'événement Expo Beton, Jean Bamanisa, les représentants de la FEC du Haut-Katanga et Lualaba et des représentants de certaines entreprises et banques, un protocole d’accord et la création de mécanismes de collaboration plus structurés ont été mis en place afin de renforcer durablement la main-d’œuvre locale dans les provinces minières du Haut-Katanga et du Lualaba.
Patient Lukusa, à Lubumbashi