La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont franchi une étape majeure dans leur rapprochement en annonçant la création d’un Cadre d’intégration économique régionale (CIRE).
Selon un document publié ce vendredi par le Bureau des Affaires africaines du Département d’État américain, ce mécanisme, issu de la déclaration de principes signée le 25 avril 2025 à Washington par les ministres des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner (RDC) et Olivier Nduhungirehe (Rwanda), s’inscrit dans la continuité de l’accord de paix du 27 juin 2025 conclu entre les deux pays.
Les deux gouvernements affirment vouloir bâtir un avenir fondé sur des partenariats mutuellement bénéfiques, une connectivité renforcée avec les initiatives régionales et internationales, ainsi que des opportunités d’investissement dans des secteurs clés : mines, infrastructures, énergie, agroalimentaire, santé publique et gestion des parcs nationaux.
Au cœur de ce partenariat figure la volonté de mettre fin au commerce illicite des ressources naturelles, qui alimente les conflits armés dans la région depuis des décennies. Les deux États s’engagent à réduire puis éliminer progressivement les activités illégales liées à l’extraction et au commerce des minerais stratégiques (étain, tantale, tungstène, niobium, or).
Ils réaffirment également que chaque pays doit bénéficier pleinement des retombées économiques de ses ressources, en promouvant l’industrialisation locale et en veillant à ce que les communautés profitent directement des revenus générés.
Le partenariat met en avant le renforcement des capacités de traitement et de transformation des minerais, ainsi que le développement d’infrastructures logistiques et énergétiques modernes. Les deux pays envisagent aussi la création de zones industrielles transfrontalières, de marchés communs et de projets de tourisme régional, afin de stimuler une croissance « durable et inclusive ».
La RDC et le Rwanda s’engagent notamment à :
- Exclure du circuit légal tout opérateur impliqué dans le financement de groupes armés ;
- Renforcer la coopération douanière, policière et financière pour démanteler les réseaux de contrebande et de blanchiment ;
- Sécuriser les parcs nationaux des Virunga et des Volcans grâce à une coordination accrue entre rangers et forces de l’ordre.
L’objectif est clair : transformer la frontière en zone de stabilité, condition indispensable à la réussite du projet économique commun.
En misant sur la complémentarité de leurs économies et sur une volonté politique renouvelée, Kinshasa et Kigali ambitionnent de faire du CIRE un instrument de paix et de développement. Ce cadre pourrait également contribuer à revitaliser la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL), longtemps en sommeil, et à inscrire la région dans une dynamique de prospérité partagée.
Raphaël Kwazi