RDC : le Nord-Kivu adopte un budget de « résilience » estimé à 19 millions $ pour 2026 malgré la guerre

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La province du Nord-Kivu, dans l'Est de la République démocratique du Congo, a promulgué, le mardi 23 décembre 2025, son budget pour l'exercice 2026, un acte administratif présenté comme un « exploit » par les autorités locales dans un contexte de guerre caractérisé notamment par l'agression rwandaise.

Signé à Beni, siège provisoire des institutions provinciales du Nord-Kivu, par le gouverneur militaire, le général-major Somo Kakule Evariste, ce budget s’équilibre en recettes et en dépenses à hauteur de plus de 44 milliards de francs congolais (environ 15 millions de dollars au taux actuel). Fruit de trente (30) jours de conférences budgétaires, ce document comptable intervient dans un climat sécuritaire particulièrement dégradé par l'activisme des groupes rebelles et du terrorisme.

« C'est l'art du gouverneur militaire qui implique ses administrés dans les réalisations », a déclaré Maître David Kamuha, superviseur des travaux budgétaires et directeur de cabinet du gouverneur militaire. Il a salué une approche de « gouvernance participative » malgré le régime d’exception de l'état de siège, en vigueur dans la province depuis mai 2021 pour lutter contre les groupes armés, dont le M23 et les ADF.

Malgré la prédominance des enjeux sécuritaires, l'exécutif provincial a choisi d'orienter ses investissements vers des secteurs civils jugés vitaux pour la stabilisation de la région notamment la desserte agricole à travers la réhabilitation des routes pour désenclaver les zones de production, les infrastructures à travers la modernisation des aéroports et projets de logements.

Il a aussi cité les services de base dont l’accès à l'eau potable et l'extension du réseau électrique, le soutien social par le financement de projets agricoles et d'investissements communautaires. Le choix de Beni pour la promulgation de ce budget n'est pas anodin. Cette ville, symbole de la résistance face aux massacres récurrents de civils, reçoit ainsi un « message d'espoir », selon les termes des autorités.

Pour des observateurs locaux, l'enjeu sera désormais la mobilisation effective de ces recettes dans une province où l'activité économique est lourdement entravée par les déplacements de populations et l'insécurité sur les principaux axes commerciaux.

David Lupemba