Affaire Mwando : Combien d’étrangers dans les institutions ?

Mardi 16 août 2016 - 13:14

Le dossier Mwando est tombé, au sortir du week-end, comme un pavé dans la mare de la classe politique congolaise. Mise entre parenthèses depuis 2007, au terme d’un houleux débat à l’Assemblée nationale entre pro et anti-motion de José Makila, qui exigeait l’invalidation des mandats de tous les députés détenteurs de la double nationalité, sous le mandat de Vital Kamerhe, la question de la présence des étrangers dans les institutions publiques de la République Démocratique du Congo vient de rebondir.

 

Nombre d’observateurs pensent que ceux qui ont pris l’initiative de réveiller les chats qui dorment devraient élargir l’assiette, en ciblant les étrangers assumant des responsabilités dans la diplomatie, l’administration publique, les services publics, la territoriale, l’armée, la police, les services des renseignements, etc. C’est le lieu de rappeler que dans l’intention bien arrêtée de contourner la motion de José Makila et de gagner du temps, ceux qui ne voulaient de l’application stricte de la disposition constitutionnelle proclamant le caractère exclusif de la nationale congolaise, avaient tout fait pour faire adopter à la plénière un moratoire de 3 mois.

Mais au bout de ce délai butoir, rien n’avait été entrepris dans Je sens de la traque des étrangers présents dans les institutions publiques, l’administration publique, les services publics, la diplomatie, la territoriale, l’armée, la police, les services de sécurité.

 

En exhumant le dossier de Charles Mwando Nsimba, ci-devant député national, président national de l’Unadef et président en exercice du G7, identifié comme un citoyen belge, plusieurs questions viennent à l’esprit. Comment en est-on arrivé, du côté de la Majorité Présidentielle, à valider le dossier de l’intéressé comme membre fondateur du PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie), député national, ministre de la Défense, 1er vice-président de l’Assemblée Nationale ? Ne savait-on pas, dans la haute sphère de la famille politique du Chef de l’Etat, que Charles Mwando était devenu citoyen belge depuis le 28 mai 2002?

Pourquoi a-t-on attendu son départ de la MP pour le diaboliser? Est- ce l’unique étranger ayant quitté le camp de Kabila?

 

La boîte de Pandore

En rouvrant le dossier Mwando, ses détracteurs ne savent-ils pas qu’ils viennent d’ouvrir la boîte de Pandore ? Puisqu’il est question d’assainir l’espace politique congolais, c’est lieu de demander à qui de droit le nettoyage des écuries, afin d’extirper du Sénat, de l’Assemblée Nationale, du Gouvernement, des Entreprises du Portefeuille, de la Police Nationale Congolaise, des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, des Services de Sécurité, de l’Administration publique, tous ceux qui se font passer pour des citoyens congolais alors qu’ils ne le sont plus.

 

Pourquoi se focaliser sur le cas d’un seul individu alors que les archives de tous les Etats du monde, spécialement ceux d’Europe et d’Amérique, peuvent aider les autorités congolaises à débusquer tous ceux qui se sont mis en situation d’incompatibilité au regard de la législation congolaise sur la nationalité ? La question de la congolité est d’autant cruciale que le pays est victime, voici plusieurs décennies, d’actes de traitrise aux plans politique, militaire, sécuritaire, diplomatique, économique, financier, culturel, sportif et autres à cause de la présence, dans ses cercles de décision, d’éléments douteux.

Il est même permis dé se demander s’il existe encore des secrets d’Etat en RDC, dans un environnement où les étrangers se retrouvent dans tous les rouages du pouvoir, des services spéciaux, des finances, de l’économie, des plans stratégiques de développement... On peut également croire que l’Est du pays vit une insécurité récurrente depuis plus de vingt ans à cause de l’infiltration de notre système de défense par des étrangers.

En son temps, José Makila avait dressé un répertoire non exhaustif de vrais- faux Congolais élus députés et siégeant à l’Assemblée nationale. Selon l’esprit du moratoire de trois mois adopté par la plénière pour ne pas provoquer un chambardement de la chambre basse du Parlement, il était question que ceux qui se trouvaient dans le cas de la double nationalité puissent lever l’option soit de rester Congolais, soit d’opter pour leur nouveau pays d’adoption et par conséquent renoncer à leur mandat au profit des citoyens congolais.

 

S’il existe réellement une volonté politique de neutraliser les faux Congolais qui se mêlent de nos affaires intérieures, et plus précisément de notre processus électoral, c’est l’occasion ou jamais de dresser leur liste exhaustive, de les dénoncer publiquement et de les mettre hors d’état de nuire. A ce sujet, il est à souhaiter que des investigations sérieuses soient menées sur le cursus des décideurs politiques, des mandataires publics, des officiers de l’armée et de la police, de hauts fonctionnaires afin que le Congo soit laissé aux Congolais.

Par KIMP

Étiquettes