Les chiffres sont des bois de mort. C’est une leçon qu’on apprend encore dans certaines écoles du journalisme, où il est déconseillé de mettre en exergue les chiffres dans son lead, attaque en fait début d’article. Du bois mort, pas plus, voilà à quoi ressemblent les chiffres reluisant de la croissance dont se vante Matata… après le passage chaotique de son ministre délégué en charge des Finances, Patrice Kitebi à l’Assemblée nationale.
Et pourtant, les projections du taux de croissance se situent toujours à 8,8%, le taux d’inflation d’ici la fin d’année serait de 1,284 %, contre un objectif de 3,7%, les réserves de change titillent les USD 2 milliards soit plus de 8 semaines d’importation. On l’avait trouvé excessif, irrévérencieux vis-à-vis du Premier ministre, le numéro un de la FEC, Fédération des entreprises du Congo, Albert Yuma. Courant janvier 2014, à la faveur de la cérémonie des échanges de vœu, Albert Yuma avait tenu des déclarations tonitruantes contre le gouvernement Matata.
«Tout en appréciant les efforts du gouvernement en matière de stabilité du cadre macroéconomique et de la consolidation de la croissance économique, confiait Albert Yuma, l’analyse qualitative de cette croissance met suffisamment en lumière sa nature non inclusive et non distributive, bref sa fragilité ». La croissance, a poursuivi Yuma, est caractérisée par sa faible capacité à générer des emplois décents et durables et à distribuer des revenus qui permettraient de réduire significativement la pauvreté. Les R-dCongolais restent pauvres et attendent toujours les retombées de cette croissance dans leur vie quotidienne. Les opérateurs économiques se plaignent et les ménages se plaignent. Albert Yuma qui est également PCA de la Gécamines, avait également alerté sur l’utilisation irrationnelle des ressources IADM, Initiative pour l’allégement de la dette multilatérale. En 2013, foi de Matata, quelque 165,2 milliards de francs congolais (près de 170 millions de USD) de ressources IADM qui ont été consommés. Sans cet artifice, le taux de croissance ne serait pas celui annoncé. «Il y a là, un problème de bonne gouvernance, d’éthique et de transparence qui devraient tous nous interpelle », fonce Albert Yuma. Ce qu’a reconnu Kitebi.