Alternance en 2016 : Washington campe sur sa position

Jeudi 27 août 2015 - 11:38

Les hommes passent, mais la politique américaine sur l’alternance démocratique consacrée par la Constitution congolaise pour décembre 2016 ne change pas. Tom Perriello, le nouvel envoyé spécial de l’administration Obama l’a confirmé lors de son passage à Kinshasa. Sur les traces de son prédécesseur Russ Feingold, Tom Perriello, qui a conféré avec le chef de l’Etat mardi, insiste sur la tenue des législatives et de la présidentielle dans le délai constitutionnelle. Washington campe appelant à une alternance démocratique en RDC en 2016.
Tom Perriello, le successeur de Russ Feingold, a animé un point de presse hier mercredi en marge de sa visite en République démocratique du Congo, en particulier et dans les pays des Grands Lacs africains, en général. A l’occasion, il a rendu compte de ses échanges avec le chef de l’Etat, Joseph Kabila, hier mardi 26 août. Le diplomate américain a indiqué qu’au cours de leurs entretiens, il a évoqué avec Joseph Kabila plusieurs questions d’actualité dans la région.

Deux sujets ont dominé leurs discussions, à savoir le processus électoral en cours en RDC avec les élections générales prévues en 201 5 puis en 2016 de même que la situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs.

A la question de savoir ce que pensent les Etats-Unis de l’alternance en 2016, le successeur de Russ Feingold a déclaré «Nous avons eu des entretiens très constructifs avec le président Kabila sur le respect de la Constitution et pour que la présidentielle et les législatives aient lieu dans le délai constitutionnel ». A en croire le diplomate américain, il existerait une convergence de vues entre l’administration américaine et le chef de l’Etat sur le respect de la Constitution de la RDC.

Pour Washington, partenaire incontournable de la RDC, la stabilité au pays passe par le respect des délais et du nombre de mandats tel que prévu par la loi fondamentale du 18 février 2006. « Même si par le passé, les gens étaient pessimistes sur la démocratie congolaise, à ce jour, il y a des raisons d être optimiste », a renchéri Tom Perriello.

L’administration américaine soutient donc l’avènement de l’alternance en RDC lors du scrutin présidentiel de décembre 2016. Le successeur de Russ Feingold a ajouté être revenu, lors de l’audience lui accordée par Joseph Kabila, sur la position du Barack Obama qui tient et recommande à ses pairs africains la nécessité de respecter leurs Constitutions et l‘Etat de droit. A ses yeux, cette posture aidera au maintien de la paix, de la stabilité en vue d’assurer le développement du continent.

L’épineuse question de l’alternance politique ne cesse de diviser la classe politique congolaise.
Les relations entre la RDC et son partenaire les USA se sont caractérisées pendant une période par des flèches sur la question de l‘alternance. Il était normal que les deux responsables abordent la question et dissipent les malentendus et autres quiproquo.
Selon des sources très introduites à la Maison Blanche, le département d’Etat américain a érigé le dossier de la République démocratique du Congo en priorité de la politique étrangère des USA. Voilà qui explique le ballet diplomatique où on a vu défiler dans la capitale congolaise plusieurs émissaires de Barack Obama jusqu’au plus haut niveau. Au sénateur Russ Feingold avait succédé au secrétaire d’Etat John Kerry avant le dernier voyage de Tom Perriello.

Après le déplacement de Kinshasa, John Kerry avait eu l’occasion s’entretenir une nouvelle fois avec le président Kabila. C’était en marge du sommet USA-Afrique dans la capitale américaine. Les deux hommes avaient taillé bavette pendant vingt minutes. «Très bref entretien mais très significatif », avaient indiqué des observateurs. Lors de cette deuxième rencontre, le chef de la diplomatie américaine était revenu sur son discours tenu à Kinshasa trois mois auparavant, relativement à la tenue effective, dans le respect du délai constitutionnel, des élections générales. Il avait mis un accent particulier sur les législatives nationales et la présidentielle de 2016 au motif que ces scrutins assurent l’alternance politique au sommet de l’Etat.

Au-delà des éloges sur le bilan du président congolais caractérisé par des efforts pour le rétablissement de la paix et de la sécurité particulièrement à l’Est du pays, John Kerry avait rappelé, lors de la conférence de presse conjointe, les difficultés liées au processus démocratique. «Nous félicitons le président Kabila pour ses efforts de paix et de sécurité qu’il ne cesse de déployer pour mettre fin à l’activisme des groupes armés dans I ‘Est du Congo-Kinshasa, principalement les FDLR et le M23 », avait-il déclaré. A Kinshasa, le secrétaire d’état américain avait déclaré que le président Kabila était jeune et qu’il pouvait servir son pays autrement.

La visite de Tom Perriello démontre que cette ligne directrice de la politique américaine concernant la RDC n’a pas changé d’un iota. En abordant la situation sécuritaire dans la sous-région, ce dernier a évoqué la crise au Burundi, née du non- respect des dispositions constitutionnelles, notamment en ce qui concerne la limitation des mandats présidentiels.

Sur ce point précis de la réélection controversée et entourée de violence de Pierre Nkurunziza, le diplomate américain a affirmé la venue, dans les tout prochains jours, d’un émissaire spécial de Washington au Burundi. L’objectif recherché est de trouver une issue politique à cette crise qui induit des effets néfastes sur l’ensemble le la région des Grands Lacs. Il s’agit, entre autres, de l’afflux des réfugiées vers les pays voisins.

Par ailleurs, la question du retour des rebelles des «Forces démocratiques pour la libération du Rwanda» (FDLR) constitue aussi, selon l’envoyé spécial américain, un problème sécuritaire dans les Grands Lacs. « C est une question qui a créé beaucoup d’autres problèmes dans la région », a-t-il déclaré. Ajoutant « qu’il faut des actions concrètes pour matérialiser le retour des FDLR dans leur pays ».

Pour ce qui est de la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, Tom Perriello a laissé entendre que «les Etats-Unis et le gouvernement congolais ont souhaité que la dynamique de cet accord soit relancée pour résoudre certaines questions sécuritaires qui se posent dans la région des Grands Lacs ».

A Kinshasa, Tom Perriello a poursuivi son séjour par des rencontres avec les membres de la Société civile. Ils ont échangé sur des questions politiques de l’heure.

Par LE POTENTIEL