Après le discours de Kabila : Bussa gagné par le pessimisme

Vendredi 1 juillet 2016 - 09:16
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Le « Courant des Démocrates et Rénovateurs » (CDER) n’a pas tardé à faire connaître sa position aussitôt après le discours du chef de l’Etat à l’occasion du 30 juin 2016, date marquant le 56me anniversaire de l’accession de la République Démocratique à la souveraineté nationale et internationale.

Dans un communiqué de presse signé par son président, Jean-Lucien Bussa, ce parti membre de la Dynamique de l’Opposition et du Front des Démocrates, fait remarquer que dans ce qui devrait être le dernier discours de son second mandat, Joseph Kabila n’a nullement fait référence à la Constitution et aux récentes résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la République Démocratique du Congo, en ce qui concerne notamment l’organisation des élections et la convocation du corps électoral le 20 septembre 2016 pour la tenue  du scrutin présidentiel dans le délai Constitutionnel.

Selon le CDER, le Président de la République n’a pas évacué les inquiétudes des millions de ses concitoyens, qui l’attendaient sur les perspectives électorales à court terme, en vue de la passation civilisée du pouvoir au sommet de l’Etat pour la première fois dans l’histoire politique de la République Démocratique du Congo.

Contrairement au satisfecit du Président de la République, le patron du CDER, Jean-Lucien Bussa, dresse un bilan plutôt négatif de ses deux mandats.

Au plan politique, l’élu de Budjala constate l’incertitude non seulement sur le principe, mais également sur la matérialisation du projet de construction d’un Etat de droit, qui devrait s’exprimer par l’alternance démocratique consacrée dans la Constitution du 18 février
2006.

Il a dénoncé le fait que le cycle électoral est à ce jour volontairement plombé, au point que le dernier 30 juin des deux mandats consécutif de Joseph Kabila ramène à la surface la crise politique, dont l’une des causes fondamentales reste la contestation récurrente de la légitimité des institutions et de leurs animateurs.

Le président du CDER fustige, dans la foulée, le recul du processus de démocratisation, qui se caractérise par le rétrécissement continu de l’espace politique, traduit par des violations persistantes des droits de l’homme.

A titre illustratif, Jean-Lucien Bussa épingle notamment la
répression brutale et disproportionnée des manifestations publiques et
la fermeture des organes de presse libre ; la justice sélective et non
distributive, caractérisée par des procès politiques et des détenus
politiques, principalement les acteurs de l’opposition et de la
société civile. Il rappelle au passage les affaires Katumbi, Bazaiba,
Diomi, Muyambo, Christopher Ngoy, Lucha et Filimbi, fortement
politisées pour les besoins d’une cause inavouée ; l’insécurité
généralisée largement exprimée par l’absence des réponses adéquates
des services des maintien de l’ordre public avec à la clé la
recrudescence des violences en milieux urbains matérialisée par le
phénomène Kuluna ; la persistance de l’insécurité à l’Est du pays
suite à l’échec du pouvoir en place de rétablir une paix durable dans
cette partie du territoire national.
Au plan économique, Bussa note qu’en dépit de quelques avancées
apparentes, l’échec du pouvoir en place se cristallise par son
incapacité à restructurer l’économie congolaise, de sorte qu’elle
demeure dépendante de l’extérieur et non diversifiée, en vue de
répondre à la demande intérieure de plus en plus croissante.
Pour cet acteur de l’opposition, la pérennisation du paradoxe d’un
Congo potentiellement riche avec une population extrêmement pauvre,
résume une situation sociale des plus précaires à la fin du deuxième
et dernier mandat de Joseph Kabila.
ERIC WEMBA