Arrêt de la Cour constitutionnelle : L’UDPS crie à l’imposture

Vendredi 13 mai 2016 - 12:02

 

Pendant que le feu des projecteurs se focalisait sur le parquet de Lubumbashi dans l’affaire Moïse Katumbi, la Cour constitutionnelle, elle, l’a ramené à Kinshasa avec son interprétation de l’article 70 de la Constitution. Une interprétation qui permet à Joseph Kabila de rester au pouvoir au-delà de son mandat, si la présidentielle n’est pas organisée dans les délais. Ce que boude le parti d’Etienne Tshisekedi sans, toutefois, renoncer au dialogue.

 

Dans la foulée du très médiatisé feuilleton judiciaire des présumés mercenaires de Moïse Katumbi la Cour constitutionnelle a rendu, mercredi 11 mai, son arrêt sur l’interprétation de 1’ article 70 de la Constitution. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) l’a aussitôt contesté.

«L’arrêt rendu par la Cour constitutionnelle est une imposture, une modification de la Constitution dans ses dispositions verrouillées sur le nombre des mandats d’un président de la République», a déclaré jeudi 12 mai à l’AFP Bruno Tshibala, porte-parole de l’UDPS. «Si la présidentielle ne se tient pas dans le délai constitutionnel, le 19 décembre M. Kabila doit quitter le pouvoir», a ajouté M. Tshibala, «nous ne permettrons pas à M. Kabila d’exercer indéfiniment le pouvoir par défi»,’ a-t-il poursuivi, faisant allusion à la crise politique née des élections décriées de 2011.

La Cour a-t-elle vidé la substance du dialogue?

Plusieurs dirigeants de la majorité réclament depuis quelques mois une «transition» de deux à quatre ans pour organiser de «bonnes élections», arguant d’obstacles logistiques et financiers à la tenue de la présidentielle dans les temps. Et pourtant, l’arrêt de la Cour semble tomber comme du «pain béni » pour la Majorité présidentielle, même si elle n’est pas surprise par la décision de cette juridiction. Mais de ce fait, la plateforme présidentielle a quasiment obtenu ce qu’elle désirait avoir dans le dialogue.

 

Pour preuve, plusieurs cadres de cette famille politique avançaient déjà le manque des moyens comme prétexte de taille pour jouer les prolongations. Le porte- parole du gouvernement prédisait déjà que: si les élections ne sont pas organisées dans les délais constitutionnels, « le ciel ne nous tombera pas dessus ». Et la Cour, par son arrêt, vient de renforcer cette hypothèse. Ainsi, sans peut-être le vouloir, la décision de cette haute juridiction vient vider le dialogue d’une bonne partie de sa substance. A savoir qu’adviendrait au chef de l’Etat, aux lendemains du 19 décembre 2016, date de l’expiration de son mandat.

De ce qui précède, il devient visiblement inutile à la Majorité présidentielle de continuer à forcer la main à l’opposition, pour la tirer au dialogue. C’est peut-être cette opposition, sinon une de ses franges, qui risque de courir cette fois derrière la majorité pour accélérer la tenue de ce forum. Et cela, face à une majorité qui a désormais son « quitus» de la Cour constitutionnelle sous lé manteau, et n’hésitera pas à le brandir à qui veut bien lui compliquer l’existence.

Par Kas