Bruxelles : manifestation des Congolais de l’étranger contre le dialogue en RDC

Mardi 1 septembre 2015 - 10:50

Près de 1000 personnes ont manifesté, vendredi 28 août2015 à Bruxelles, pour protester contre le dialogue envisagé par le président de la République démocratique du Congo, Joseph
Kabila, y voyant la meilleure solution pour sortir le pays de la crise politique qu’il traverse, et l’éventuelle participation du principal parti d’opposition, l’Union pour la démocratie et le progrès Social (UDPS) d’Etienne Tshisekedi.

Des Congolais venus des quatre coins de la Belgique, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Irlande, Luxembourg, Hollande, Suède, Italie, Norvège... se sont rassemblés Porte de Namur, aux alentours de 14h30 avant de se diriger, bruyamment, vers le rond point Schuman, dans le quartier européen, sous escorte policière. «Stop au dialogue» e «stop au glissement» étaient les slogans de cette manifestation très suivie et relayée par les médias occidentaux.

Selon l’un de ses organisateurs, Joseph-Salomon Mbeka, qui préside le «Conseil international congolais» (CIC), les Congolais de l’étranger « s’opposent au projet de prolongation sans fin du pouvoir de Joseph Kabila», rapporte l’agence Belga.

Selon la même source, les manifestants dénonçaient également le «projet de dialogue dans lequel on embarque de force Etienne Tshisekedi par abus de faiblesse par une bande de jeunes aventuriers voulant juste faire un coup pour se faire du pognon sur le dos de la misère endémique du peuple congolais».

Joseph Salomon Mbeka a ainsi critiqué le fils du président de l’UDPS, Félix Tshilombo Tshisekedi, qui serait prêt à accepter le poste de Premier ministre dans le cadre d’un gouvernement de transition. «Cela veut dire qu’il (Félix Tshilombo Tshisekedi) accepte que Kabila reste au pouvoir», a-t-il souligné. Le leader historique de l’opposition congolaise, Etienne Tshisekedi, 82 ans, en convalescence en Belgique depuis août 2014, n’est plus que l’ombre de lui-même et beaucoup pensent que 1’UDPS a déjà glissé dans les mains de son fils, responsable des relations extérieures du parti.

NON AU DIALOGUE

La participation de l’UDPS au dialogue proposé par le président Joseph Kabila passe mai et reste incompréhensible pour bon nombre de Congolais de l’étranger. Ils refusent carrément ce dialogue qui, selon eux, n’est pas e la voie privilégiée pour arriver à un compromis par rapport à la crise que connait le pays depuis 2011». Il ne mènera pas à e de bonnes élections, différentes de celles qu’a connues le peuple congolais par le passé ».

Ils accusent, pour s’en tenir à l’essentiel, le président Joseph Kabila de vouloir tout simplement rallonger son mandat en dehors de tout cadre constitutionnel. Cet avis est également partagé par les 25 frondeurs de l’UDPS qui déclaraient il y a quelques semaines:
« C’est une passe en or adressée à Joseph Kabila, car elle n’est rien de moins qu’une ouverture à la recevabilité de sa candidature pour un troisième mandat! En effet ce dialogue débouchera inéluctablement sur la formation d’un gouvernement (de transition ou d’Union nationale), ce qui correspond à l’instauration d’un nouvel ordre juridique conformément à la nouvelle pratique constitutionnelle ».

Le divorce semble bel et bien consommé entre une bonne partie de congolais de l’étranger et Etienne Tshisekedi. Son enfermement dans un mutisme complet pendant et après les événements des 1 9, 20 et 21Janvier 2015, et lors de la découverte d’un charnier dans la commune urbano-rurale de Maluku à Kinshasa, avait découragé beaucoup de ses compatriotes.
Son intransigeance envers le pouvoir de Joseph Kabila n’est donc plus compréhensible à l’heure où il veut maintenant dialoguer avec le président, à moins de deux ans de la fin de son mandat. La stratégie d’Etienne Tshisekedi devient désormais illisible.

ROBERT KONGO, CORRESPONDANT EN France