Le Premier ministre, Matata Ponyo, se présente ce matin, sous le coup de 10 heures sauf imprévu, devant l’Assemblée nationale pour défendre son budget 2015 qui se chiffre à quelque USD 9 milliards. Budget de misère. Il est acquis que la RDC n’atteindra plus les OMD, Objectifs du millénaire pour le développement en 2015. Pis, le budget du prochain exercice refermerait des rubriques aussi mal définis mais budgétivores que celui controversé de 2013, selon les dires du ministre délégué des Finances, Patrice Kitebi.
En d’autres termes, la loi des finances publiques que présente Matata ce matin renferme les germes de son rejet. Le devoir nous commande qu’on n’occulte pas les erreurs qui ont été commises. Ces propos-textuels !-, mieux, ces aveux sont de Patrice Kitebi Kibol M’vul, ministre délégué auprès du Premier ministre, en charge des Finances. Des chiffres notamment des recettes IPPTE et IADM remontant de 2010 ramenées à 2013… l’élaboration du budget2013, confie-t-il en substances, a été chaotique. Au point que Kitebi a exhorté l’autorité budgétaire, le Parlement, à purger le prochain budget de sempiternelles incohérences qui caractérisent les lois des finances publiques, LOFIP.
A force, visiblement, de vouloir plus épater que convaincre leurs honorables, Kitebi, a en effet, -lors de sa cahoteuse réplique, aux préoccupations des députés nationaux sur la reddition des comptes du budget 2013- étalé sur la place la désinvolture, le peu de sérieux qui a marqué l’élaboration du budget en question. «Le plus important, c’est ce que je veux dire maintenant, a poursuivi le ministre délégué de Matata, les prévisions sur les dépenses d’équipements ont retenu 1.209, 3 milliards de FC au titre des contrats d’études. Donc dans la loi des finances 2013, nous avons mis 18% des ressources du total des recettes du budget général dans une rubrique qui n’était pas définie, pas des détails ». Il va sans dire que le budget 2014 pourrait également contenir des postes de grandes dépenses aux contenus aussi farfelus. Au-delà de Kitebi qui n’est, en réalité qu’un conseiller du Premier ministre, c’est bien Matata qui - depuis 2012, présente et défend le budget de l’Etat devant les deux chambres du Parlement- est le principal responsable des dérapages, des gaps qui ont tout l’air d’un péculat relevés autant par la Cour des comptes que par la Chambre basse. L’on se souviendra que lors de l’examen du budget 2014, nombre d’élus étaient revenus sur l’exécution du budget de 2013, et contestaient les chiffres reluisants des Finances publiques avancés par le Premier ministre, Matata Ponyo. Bulambo Kilosho avait, par exemple, laissé comprendre que ces fricotages sont monnaies courantes depuis que Matata est aux affaires. Tous les budgets comportent toujours des comptes et sous-comptes qui fonctionnent sans jamais apparaître dans la reddition des comptes. « Il faut qu’un moment donné qu’on arrête cette machine parce que c’est tout le peuple r-dcongolais qui s’en trouve floué», a fulminé l’ex-ministre de l’Economie. Bulambo avait notamment révélé que, plus d’une fois, la commission ECOFIN de l’Assemblée nationale s’était plaint de ce problème récurrent auprès du ministre du Budget Mukoko Samba.
Tout naturel, de fortes présomptions pèsent sur Mukoko Samba, vice-Premier ministre et ministre du Budget qui, pour élaborer le budget de l’Etat, tient notamment des conférences budgétaires avec tous les services publics auxquelles prennent part même les délégués de la présidence. Comment Mukoko pouvait-il ignorer que 18 % des recettes du budget avaient été alloués à des « contrats d’études », un poste de dépenses sujet à caution? Pour Kitebi, «dans ces conditions-là, il faut reconnaître qu’il y a aussi un problème de crédibilité ». Que dire, comme un condamné qui se sent abandonné par ses compères, Kitebi refuse d’être guillotiné tout seul ? Sans doute. Dans l’opinion, l’on attend du Chef de l’Etat, une sanction. L’on se souviendra que c’est en 2009 devant le Congrès que Joseph Kabila s’est élevé avec fougue contre ce phénomène des contrats d’études. « je tiens à dire que nous ne pouvons pas dans ce domaine comme dans bien d’autres, aller d’études en études, des conseils d’experts en conseils d’experts, ce qui souvent n’est qu’une excuse pour ne rien faire !», dixit le Chef de l’Etat. Qui visiblement n’a pas été obéi. Une faute manifeste, de suite, vaut un délit, par conséquent une sanction. Si des rubriques du genre contrats d’études reviennent dans le budget 2015 avec des crédits faramineux, si dans la majorité, la raison l’emporte sur la passion, la loi des finances 2015 pourrait être rejetée.