Le Premier ministre sera, ce lundi 13 octobre, devant les députés nationaux réunis en plénière, pour examiner le projet de budget 2015, estimé à 9 milliards de dollars américains.
Un budget dont les options n‟ont fondamentalement pas changé par rapport au précédent. Poursuite et financement des réformes institutionnelles en vue de renforcer l‟efficacité de l‟Etat ; consolidation de la stabilité macroéconomique, accélération de la croissance et création d‟emplois ; poursuite de la modernisation des infrastructures de base ; amélioration du cadre de vie de la population ; renforcement du capital humain et éducation à la nouvelle citoyenneté ; renforcement de la diplomatie et de la coopération au développement. Matata Ponyo devrait, en toute logique, vanter le taux de croissance du PIB qui tourne autour de 8,5 %. Environ 2% de taux d‟inflation annuelle et un taux de change stable.
Jouissant d‟une majorité écrasante à l‟Assemblée Nationale, le Gouvernement Matata ne va, certes, pas rencontrer beaucoup de difficultés pour faire passer son projet de Budget 2015. Seulement voilà, à l‟Assemblée Nationale comme en dehors, dans les milieux des affaires, des voix s‟élèvent pour critiquer sérieusement le projet de Budget 2015. Un projet que certains présentent comme un chapelet de bonnes intentions.
Dans le monde des opérateurs économiques, on dénonce l‟inconsistance du projet de Budget 2015 et, ce faisant, on s‟oppose aux options retenues par le cabinet Matata dans son élaboration. Un projet dont on dit juridiquement et économiquement limité. Ainsi, par exemple, selon la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), pour réformer l‟Administration publique, il faudrait d‟abord avoir la loi portant organisation et fonctionnement des services publics de l‟Etat ainsi que le nouveau statut de carrière des agents et fonctionnaires de l‟Etat. Pourtant, ces deux textes sont encore à l‟état de projets au Parlement. L‟une des priorités serait la révision du code du travail dont certaines dispositions ne sont plus adaptées aux réalités. De façon à favoriser la sous-traitance, tout en renforçant l‟exclusivité de l‟exercice du petit commerce par les nationaux. L‟idée, c‟est d‟accélérer et de faciliter l‟accès des Congolais à l‟entreprenariat afin de contribuer à l‟émergence économique de la RDC. C‟est dans ce cadre qu‟il faut situer le souhait, exprimé par certains entrepreneurs, d‟une révision de la législation coloniale et inadaptée sur les mutuelles du 14 avril 1958. Autre priorité, la décentralisation. Le pouvoir central et les provinces se disputent certaines compétences. Celles-ci doivent être clarifiées. Or, le projet de Budget sous examen ne fait pas de la mise en oeuvre effective de la décentralisation une priorité.
Par ailleurs, l‟on reproche à ceux qui ont élaboré le projet de Budget 2015 d‟avoir mis l‟accent sur la maximisation des recettes plutôt que de penser à l‟optimisation du système de prélèvement des recettes. Une différence devrait être faite entre la loi des finances et la loi fiscale. Dans les milieux des affaires, l‟on se plaint de la multiplicité des taxes et des impôts. Après Orgaman qui a délocalisé à Brazzaville son activité de vente de surgelé, la BAT qui a plié bagages, il est à craindre que d‟autres entreprises emboitent le pas. Autant dire que la décente, ce lundi 13 octobre, du Premier ministre à l‟Assemblée Nationale ne sera pas une simple promenade de santé. Il devra affronter des députés revitalisés en chiffres, prêts à faire bouger les lignes en exigeant un vrai débat de fond.