Burkina Faso : Désavoué, Blaise Compaoré refuse de « dégager »

Vendredi 31 octobre 2014 - 08:40

L’armée a pris le pouvoir jeudi soir au Burkina Faso, annonçant la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée et instaurant un couvre-feu, après une journée d’émeute contre le régime de Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans. Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d’assaut, violences en province, appels à la démission du président : le Burkina s’est enflammé jeudi, et cette crise d’une ampleur exceptionnelle en Afrique subsaharienne a provoqué l’intervention des militaires.
Le président Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1987, ne s’est pas exprimé depuis samedi. Il devrait le faire à 20H00 locales et GMT sur deux radios de Ouagadougou, selon des journalistes de ces stations, dont l’AFP n’a pu joindre les directions. Les pouvoirs exécutifs et législatifs seront assumés par un organe de transition, avec l’objectif d’un retour à l’ordre constitutionnel "dans un délai de douze mois", selon un communiqué du chef d’état-major des armées Nabéré Honoré Traoré, lu par un officier lors d’une conférence de presse.
Un couvre-feu est imposé "sur l’ensemble du territoire de 19h à 6h" pour "préserver la sécurité des personnes et des biens". La prise de pouvoir de l’armée est pour l’instant assez mal acceptée par les manifestants, a constaté un journaliste de l’AFP. Quelques centaines d’entre eux ont appelé à des sit-in dans la capitale pour éviter ce coup d’Etat. Les responsables de l’opposition n’ont pour l’instant pu être joints par l’AFP. Plus tôt dans la journée, le régime avait tenté de calmer les esprits en annonçant l’annulation du vote du projet de révision constitutionnelle, prévu jeudi, qui avait mis le feu aux poudres.
Face à ce que le gouvernement sénégalais a qualifié de "soulèvement populaire", l’Union africaine a fait part de sa "profonde préoccupation" et appelé "toutes les parties concernées à faire preuve de la plus grande retenue". L’Union européenne a lancé un appel à "engager rapidement un dialogue" et à mettre fin aux violences. AFP