Cadre macroéconomique : Matata étale ses progrès, des Députés contredisent

Jeudi 21 avril 2016 - 11:30

Pour le 1er ministre, le programme du gouvernement a permis de mitiger les affres de la crise actuelle en RD Congo ,tandis qu’un groupe d’élus nationaux ne voit aucune amélioration de conditions de vie des Congolais qui deviennent de plus en plus difficiles

Le 1er ministre a déclaré, mercredi 20 avril, que la gestion du cadre macroéconomique menée par son Gouvernement lui a permis de mitiger les affres de la crise actuelle en République Démocratique du Congo.

Augustin Matata Ponyo a fait cette déclaration dans la salle des Congrès du Palais du peuple, siège du Parlement congolais, lors d’une séance plénière de l’Assemblée nationale, consacrée à l’audition de la question orale avec débat soulevée par le député national Mbindule Mitono Crispin en rapport avec le niveau d’exécution du programme gouvernemental 2012- 2016.

Le 1er ministre a annoncé l’engagement de son Gouvernement à maintenir le cap, à continuer d’assurer plus de transparence et plus d’efficacité dans la gestion des affaires publiques en vue de renforcer davantage la croissance dans les différents secteurs de la vie nationale.

De son avis, cet engagement s’inscrit dans le cadre des perspectives de son Gouvernement qui est conscient de la situation économique et sociale du pays devenue préoccupante.

Dans cette optique, Augustin Matata Ponyo a détaillé les performances réalisées par son équipe gouvernementale concernant l’inflation qui, a-t-il enchaîné, est passée de 22, 5% entre 2004 et 2011, à 5% entre 2012 et 2016 ; l’espérance de vie passée de 55 ans d’âge entre 2004 et 2011, à 58% entre 2012 et 2016 ; le développement humain qui, au regard des statistiques publiées par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), est passé de 0, 329 en 2000 à 0, 433 en 2014 etc.

Obstacles à l’action du Gouvernement

Le 1er ministre a commencé par expliquer les difficultés qui ont empêché la réalisation maximale de son programme 2012-2016. Il a, entre autres, cité l’étroitesse des recettes financières mobilisées, le choc économique extérieur dû à la baisse du coût des matières premières sur le marché international.

Dans son mot d’ouverture du débat, le député national Mbindule Mitono Crispin, auteur de la question orale, a démontré en détails que la gestion du cadre macroéconomique n’a pas permis d’améliorer les conditions de vie de la population congolaise, qui deviennent de plus en plus chaotiques.

Il a été appuyé par son collègue député national Hubert Tetika. Ce dernier a demandé au 1er ministre d’expliquer à l’assemblée plénière la finalité de la stabilité du cadre macroéconomique et de la croissance tant vantée par le Gouvernement, à l’heure où la RD Congo est en pleine crise.

Hubert Tetika s’est également montré préoccupé par la persistance du phénomène des bus dits  » esprit de mort « , par la surfacturation de la consommation du carburant par les bus de la société TRANSCO, par le silence du Gouvernement sur la présence du train électrique en RD Congo, au moment où ce moyen de transport en commun est déjà opérationnel dans bien de pays, sur le maintien des prix du carburant aux stations service, en dépit de la baisse du prix du baril sur le marché international.

Chute Katende, MIBA…oubliées

Dans le même ordre d’idées, le député national Clément Kanku Bukasa wa Tshibuabua a reproché au 1er ministre de n’avoir pas parlé du panier de la ménagère dans son exposé et du pouvoir d’achat du Congolais moyen. Le président national du parti  » Mouvement pour le Renouveau  » (MR) a tenu aussi à avoir des explications sur la hausse criante des prix des biens et services sur le marché national, y compris le prix du dollar américain, alors que les salaires restent les mêmes.

» L’espérance de vie en RD Congo a sensiblement baissé « , a poursuivi Clément Kanku Bukasa wa Tshibuabua, invitant Augustin Matata Ponyo et ses ministres à se référer à l’Hôpital général de Kinshasa, ex-Mama Yemo, pour se rendre compte de la croissance du taux de morbidité et du taux de mortalité. Et d’ajouter :  » Que prévoit le Gouvernement pour la relance de la société  » Minière de Bakwanga  » (MIBA) ? Comment parler émergence de la RD Congo avec un déficit énergétique ?

Pourquoi vous n’avez pas mis les moyens pour relancer le secteur énergétique ? Combien a-t-on remboursé aux partenaires chinois dans le cadre des contrats qu’ils ont signé avec la RD Congo ? A quand la réhabilitation des routes au Kasaï Central ? À quand la reprise des travaux de construction de la chute Katende au Kasaï Central ?

Pourquoi vous voulez à tout prix liquider les Lignes Aériennes Congolaises (LAC), malgré les pleurs des agents de cette société ? Comment envisagez-vous endiguer les érosions à travers les quartiers ?  »
Pour sa part, la députée nationale Adèle Kahinda a expliqué que le 1er ministre et son Gouvernement travaillent effectivement.

Selon son collègue Otombula, parler négativement de l’exécution du programme du Gouvernement, c’est de la mauvaise foi. Au total, 101 députés nationaux ont sollicité la parole au cours de ce débat poursuivi jusque dans la soirée.

Par Marcel Tshishiku