Les Congolais de tout bord ont applaudi l’initiative d’incitation des nationaux à la consommation des produits fabriqués en RDC et par des Congolais eux-mêmes. Initié par le Ministère de l’Industrie, la campagne « Made in Congo ou consommons congolais » a eu aussi pour mission d’encourager et soutenir les entreprises congolaises face à la concurrence étrangère.
Dans cette campagne qui est la bienvenue, l’on déplore cependant certains dérapages qui ne sont pas de nature à aider les entrepreneurs congolais dans cette dynamique. Les opérateurs culturels congolais sont les premiers à manifester leur mécontentement. En dépit des efforts consentis, le ministère n’a pas exprimé d’intérêt envers ceux qui font brouillonner les arts. Les dossiers déposés et autres lettres s’avèrent jusque-là sans effet.
Le premier à exprimer ses regrets, c’est Ados Ndombasi, coordonnateur du Festival Toseka. C’était à l’occasion de de la récente interview qu’il a accordée au quotidien L’Avenir, au Théâtre de Verdure.
« Pour la campagne Made in Congo, je suis parti à plusieurs reprises au ministère de l’Industrie pour rencontrer le ministre, mais sans succès. J’ai abordé plus d’une fois ses proches collaborateurs, et leur ai expliqué qu’il était indispensable, actuellement, de parler aussi de « Made In Congo », dans le secteur culturel. Aucune réponse », a-t-il regretté en ajoutant que « malgré deux de nos lettres qui sont déposées sur le bureau du ministre, jusqu’à présent, il n’y a eu aucune réaction ».
En effet, Ados Ndombasi gère un festival qui rassemble, depuis deux ans, quelque douze mille (12.000) festivaliers, et engage près de six-cents (600) jeunes pour les mains d’œuvres par édition. A ce titre, il a tenté de faire comprendre à la tutelle que le « Consommons congolais », c’est d’abord consommer sa propre culture. « En riant de nos faiblesses, d’une manière ou d’une autre, nous prenons l’engagement de changer nos faiblesses en force ». Et de lancer un appel au ministre : « ce n’est pas seulement les pagnes, ou nourriture, mais d’abord et avant tout pour qu’il réussisse sa campagne, c’est la culture congolaise que nous devons consommer. Il faut fournir des efforts d’investir largement dans la culture ».
Il a, par ailleurs, relativisé ce message pour dire que ceci n’est pas seulement la tâche du Ministère de l’industrie ou celui de la culture. Il faut que l’ensemble du gouvernement s’implique, que tous les ministères se sentent concernés. A ce niveau-là, « nous serons un grand peuple, alors un très grand peuple », a-t-il insisté.
Selon l’orateur, plusieurs grands pays ont compris, et à temps, qu’investir dans la culture, c’est faire œuvre utile pour la puissance de la nation. « La France s’en est rendue à l’évidence, c’est pour quoi elle s’aligne parmi les grandes nations de tous les temps. Les Américains idem, les Portugais n’ont pas été en reste. Les Indiens aujourd’hui, s’imposent autant qu’ils peuvent, l’on n’a qu’à voir, dans cet ordre d’idée, le flot de séries télévisées. Nous sommes une nation, nous serons très grands si nous investissons en toute responsabilité dans la culture congolaise », a-t-il conclu.
(Onassis Mutombo)