Dialogue qui piétine, calendrier électoral jugé préalablement irréaliste par la majorité de la classe politique et invalidé par la Cour Constitutionnelle, tentatives de relance des Consultations-bis, déclarations continuelles de la Communauté Internationale appelant au respect de la Constitution et des délais constitutionnels dans l’organisation des élections présidentielles et législatives, soupçons de recours à la politique d’usure par le pouvoir pour mettre tout le monde devant le fait accompli aux fins de justifier le «glissement», exigence formelle d’un facilitateur international pour une garantie de bonne fin par l’UDPS, l’Eglise catholique qui gronde, qui se déjuge ,dénonce les faibles décaissements d’argent en faveur de la CENI et consulte, des enlèvements et kidnappings des paisibles citoyens dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo, les incessantes tueries à l’EST du pays, le lancement du Front Citoyen 2016,les risques d’embrasement… Tout a été dit. Tout ou presque tout. Chacun des acteurs est convaincu de la justesse de sa cause et du monopole de détention de la vérité.
Quelle sera l’issue de tout ce décor et du vraisemblable bras de fer entre la majorité présidentielle et l’opposition ?
Quoique les approches soient antinomiques, tous semblent du moins reconnaître l’importance du dialogue pour arriver à organiser les élections dans un climat apaisé.
Sinon, comme Léon de Saint Moulin le souligne : « Organiser les élections sans consensus électoral ne donnera pas de résultats satisfaisants. Ce sera une inondation électorale ».
Le manque de consensus, l’indécision et le brouillard politique nous poussent à scruter les péripéties qui ont émaillé la prise de la Bastilles le 14 Juillet 1789 lors de la Révolution Française et qui sont considérées à juste titre à ce jour comme étant le pivot du début de la mutation de la politique française.
RESPONSABILITE DE L’ENTOURAGE DU ROI LOUIS XVI
Cette histoire nous révèle que l’entourage du roi Louis XVI était pour beaucoup dans cette mutation parce que, voulant à tout prix conserver ses avantages, il l’avait engagé dans un bras de fer avec l’Assemblée nationale issue des Etats Généraux.
A la séance d’ouverture des Etats Généraux, les réformateurs furent amèrement déçus de constater qu’aucune allusion n’ayant trait à des réformes, ne fut faite dans l’adresse du roi et de ses collaborateurs.
Au fur et à mesure que la situation évoluant, les positions se radicalisaient entre le roi et les députés du Tiers-Etat.
Le 13 Juillet, le roi, sentant le danger imminent, choisit d’amasser des troupes autour de Paris et de Versailles. Il ne restait que cette mesure pour surchauffer les esprits. Cette initiative exacerba les passions. Un impromptu ingrédient s’invita : la rumeur.
Pour le peuple, il fallait contrer le « complot aristocratique ».
Le 14 Juillet commença par une simple émeute à Paris : le peuple, après avoir pillé les armuriers et l’Hôtel des Invalides dans la quête d’armes pour défendre la ville, finit par assiéger et prendre la Bastilles qui servait de prison d’Etat et de forteresse pour le dépôt d’armes.
Le 20 Juin 1790, la tentative manquée de la fuite du roi entraîna sa suspension par l’Assemblée législative.
Le 21 Janvier 1793, le roi Louis XVI fut condamné à mort et guillotiné.
Ce bras de fer aurait pu être évité si l’entourage du roi l’avait engagé sur la voie de la conciliation, du dialogue et du vrai compromis.
CARACTERISTIQUE DE L’ENVIRONNEMENT POLITIQUE ACTUEL : ETAT POLICIER
Aujourd’hui, la corruption, l’incurie, les répressions, les assassinats, bref, toute l’artillerie des antivaleurs a refait surface et tend même à s’enraciner.
Aujourd’hui, la RDC est devenue un Etat totalement policier. Même une manifestation pacifique respectant les règles du jeu et la loi, est déclarée illégale, car toute expression populaire même légitime, pour autant qu’elle contrarie le pouvoir, est impitoyablement réprimée, le but étant de rendre inefficace toute contestation ; Etat policier dans la mesure où les forces de l’ordre répondent à la non-violence par la violence.
Human Rights Watch s’y mêle lorsqu’elle déclare : « Cette tendance de restriction à la liberté d’expression et d’atteintes à la sécurité de ceux qui expriment des opinions critiques concernant les actions du gouvernement, dénote un rétrécissement de l’espace démocratique susceptible d’affecter la crédibilité du processus électoral »
Aussi, la paupérisation de la population, les difficultés d’approvisionnement en eau et en électricité, pourtant suffisamment exploitées dans le programme des cinq chantiers abandonné sans explication aucune, viennent aggraver la situation déjà précaire.
Quand on sait que le devoir de tout pouvoir est de procurer les biens sociaux à la population, l’année 2010 proclamée année du social, a été l’année du calvaire du peuple.
RESPONSABILITE DES THURIFERAIRES DE MOBUTU
L’histoire nous apprend que les thuriféraires du régime Mobutu l’ont renié et n’ont même pas eu la compassion d’assister à son enterrement.
Pour autant que l’on sache, aujourd’hui, ce sont les mêmes thuriféraires qui entourent Monsieur KABILA, ceux-là mêmes qui étaient à la base de la désapprobation générale du régime Mobutu par le peuple.
Pour leurs intérêts, ils semblent se résoudre à engager Monsieur KABILA dans la voie de la confrontation.
Ils l’entrainent visiblement dans une épreuve de force politique contre les forces du changement et la Communauté Internationale.
Sincèrement, le temps ne s’y prête pas pour une confrontation de quelque nature que ce soit.
Il est temps pour Monsieur KABILA de faire une évaluation sans complaisance de son action politique et de l’évolution de la situation politique du pays.
Il est temps pour Monsieur KABILA d’interroger l’histoire de ce pays afin qu’elle puisse dénombrer à son intention combien des courtisans de Mobutu étaient restés à ses côtés au départ de Nsele le 24 Avril 1990 lorsque sous la pression de l’UDPS et du peuple, Mobutu proclamait, la mort dans l’âme, sous les larmes, le multipartisme politique et syndical, bref la démocratie multipartiste.
Plaise au ciel qu’il retienne qu’ils étaient dans leur majorité passés sans transition et sans gène aucune, de la courtisanerie à l’opposition radicale, de Nsele à la douzième rue Limete.
L’AVENEMENT DE KABILA ET SES PROMESSES LORS DE SON INVESTITURE
S’il était donné à Monsieur Kabila de se souvenir de son discours d’investiture de 2001 afin d’évaluer avec objectivité son action politique s’il en a eu une, peut-être que la raison pourra lui revenir pour orienter autrement la phase actuelle dominée par la question du dialogue et prendre, en âme et conscience, une décision conséquente.
A moins d’une trahison de notre mémoire, lors de son avènement au pouvoir, Monsieur Kabila, s’était engagé vis-à-vis de la Communauté aussi bien nationale qu’internationale :
- à pacifier le Congo (c.-à-d. mettre fin à la guerre),
- à unifier le pays,
- àle conduire vers les élections pour que le peuple se choisisse librement ses dirigeants.
- A quitter le pouvoir après la transition.
- Quand on considère l’insécurité persistante à l’Est du pays ( massacres récurrents des paisibles citoyens), l’instabilité politique et les diverses répressions des manifestations pacifiques sans omettre les violations relevées dans le rapport du Bureau Conjoint des Nations-Unies sur les Droits de l’Homme opérées à Kinshasa, au Nord-Kivu au Sud-Kivu, au Kasaï Oriental et dans l’ex-Katanga dans lequel il est fait état du règne d’un climat de terreur envers tous ceux qui ne sont pas inscrits dans la logique de la Majorité Présidentielle, peut-on honnêtement soutenir que le pays est pacifié ?
- Si le pays est demeuré unifié, tout le monde est unanime pour reconnaître que c’estpar la seule volonté unanime et souveraine du peuple congolais qui a eu un goût amer de la fausse libération du 17 Mai 1997 qui en réalité n’était qu’une occupation du pays par le Rwanda, l’Ouganda et leurs alliés.
- Toutes les élections organisées sous le régime Kabila sont unanimement considérées comme des élections chaotiques, des holdups électoraux. C’est ainsi que perdure la crise de légitimité qui aurait dû être résorbée par les élections de 2011 mais, qui se trouve accentuée et l’UDPS, à bon escient, propose de rediscuter de cette question qui continue de se poser en RDC.
- A ce jour, Monsieur Kabila a continué et continue, imperturbable, à exercer le pouvoir.
- Le gouvernement, dans le cadre du programme PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) avait obtenu l’effacement des dettes. Avec cet alignement dans ce programme, des milliards de dollars qui auraient dû être payés, sont gérés aujourd’hui par devers le Congo dans ce sens que le Congo n’a pas voix au chapitre dans l’allocation de cet argent ni dans les opérations d’engagement, de liquidation et d’ordonnancement des dépenses. Ce sont des institutions qui choisissent par devers notre pays les secteurs dans lesquels l’argent sera destiné. N’est-ce pas une limitation de pouvoir consécutive à cet engagement ?
- En ce qui concerne le dialogue, l’argument de la sauvegarde de la souveraineté nationale soutenu mordicus par la mouvance présidentielle a été battu en brèche sur Top Congo par le Porte-parole de l’UDPS, Monsieur Bruno TSHIBALA.