Commission nationale des droits de l’homme : Les ONG des droits de l’homme se mettent enfin d’accord

Mercredi 1 octobre 2014 - 09:13

L’Assemblée nationale va choisir deux délégués entre  Murhola, Mwila et Bondo

C’est depuis longtemps que le bureau de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) aurait dû être mis en place. Alors que les autres structures s’étaient facilement accordées pour désigner leurs délégués à cette importante commission, ce sont plutôt les ONG des droits de l’homme qui se sont illustrées par des divergences de vue, chacune tenant mordicus à avoir sa part de gâteau. Dans ce combat des gladiateurs pour le repositionnement, il a fallu créer un comité d’accompagnement de la CNDH pour servir en quelque sort de médiateur pour ramener les  » belligérants  » au bon sentiment.

Cette attitude de ceux qui disent lutter pour le respect des droits humains a surpris plus d’un Congolais. Alors que ces ONG tirent  à boulets rouges sur les acteurs politiques qu’elles critiquent pour leur boulimie de pouvoir, leurs membres ne se sont pas mieux comportés que leurs cibles. C’était pour certains d’entre eux une question de vie ou de mort. Ici, les observateurs de la scène congolaise ont vite compris qu’il s’agissait là de la lutte pour le ventre et non pour défendre réellement la cause des opprimés.

A ce propos, il a été noté que ce sont plutôt les ONG de seconde zone qui se sont mises à l’avant-plan de cette guéguerre alors que celles qui ont pignon sur rue et dont la notoriété a franchi les frontières nationales ont préféré adopter un profil bas. Les tonneaux vides, dit-on font beaucoup de bruits. C’est le cas de le dire avec ce que nous venons de vivre avec les ONG du domaine des droits de l’homme.

Finalement, après moult conciliabules et suite à un consensus acquis avec beaucoup de peine, les membres de cette thématique sont parvenus à désigner trois délégués. Ici aussi il faut dire que c’est un échec parce qu’en fait les ONG des droits humains n’ont droit qu’à deux représentants au sein de la CNDH. Faire contre mauvaise fortune bon cœur, comme l’on dit, les membres du comité d’accompagnement en ont décidé ainsi pour ne pas bloquer indéfiniment la mise sur pied de la CNDH attendue de longue date. Il revient alors au bureau de l’Assemblée nationale auprès de qui les noms de ces trois représentants ont été  déposés d’opérer le dernier choix, avant le dernier round qui est la publication officielle des noms de neuf membres de cette institution d’appui à la démocratie.

La tâche des membres du bureau de la chambre basse ne sera pas aisée. Ils sont appelés à choisir un seul nom sur les deux proposés par chaque thématique de la Société civile sans compter le fait que les ONG des droits humains ont jeté leur dévolu sur trois au lieu de deux personnes. Quelle province sera sacrifiée puisqu’il faut retenir au total neuf personnes pour constituer le bureau de la CNDH ?

 

Mission délicate

La CNDH est appelée à assumer des missions délicates surtout dans l’environnement de la RDC où beaucoup de citoyens ne savent pas respecter les droits des autres. Souvent lorsqu’on parle de droits de l’homme, beaucoup ne considèrent que les droits politiques alors que ce domaine englobe plusieurs volets notamment la santé, l’éducation, la  nourriture, l’emploi sans oublier le droit à la paix. A propos de ce dernier, ceux qui perturbent le repos de leurs voisins pour des tapages diurnes et nocturnes oublient qu’ils violent leurs droits. La CNDH a donc un vaste champ d’intervention.

En tout état de cause, elle est appelée à concourir à la promotion de l’éducation  civique et de la culture des droits de l’homme, pour une meilleure conscience citoyenne, renforcer les capacités d’intervention des associations de défense des droits de l’homme et veiller à l’application des normes juridiques nationales et des instruments juridiques régionaux et internationaux des droits de l’homme. Il s’agit aussi pour la CNDH de promouvoir et veiller à l’harmonisation de la législation, des règlements et des pratiques nationaux avec les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme dûment ratifiés par la RDC, et dresser des rapports sur l’état de l’application des normes nationales et des instruments juridiques internationaux en matière des droits de l’homme.

Comme on le voit, la tâche est exaltante mais fastidieuse. Il faut des vrais vertébrés pour des résultats intéressants. Reste à savoir si ces candidats qui se sont donné corps et âme pour faire partie de cette commission ont le profil indiqué, ou si c’est l’attrait des émoluments qui les a poussés à postuler ?

Pour rappel, c’est depuis le mois de décembre 2012 que le Parlement a voté la loi portant organisation et fonctionnement de la CNDH. Près de deux ans après, cette commission n’est pas encore opérationnelle. Que de temps perdu ! D’aucuns espèrent que pendant cette session de septembre cette commission sera finalement installée et se mettra aussitôt au travail. Mais alors gare aux conflits d’intérêt et à la manipulation de ses membres.

Rombaut Ot.