CRIMES DE GUERRE ET CRIMES CONTRE L’HUMANITE DANS LE TRIANGLE DE LA MORT AU KATANGA GÉDÉON KYUNGU MUTANGA DOIT ÊTRE JUGÉ

Jeudi 5 novembre 2015 - 06:00

Pour ses pires exactions, y compris le cannibalisme, ce seigneur de guerre mérite de passer par la case justice.

Le criminel de guerre Gédéon Kyungu Mutanga, chef des "Bakata-Katanga", qui a mis à feu et à sang le triangle de la mort au Katanga, Manono-Pweto-Mitwaba a signé avec le gouvernement un acte de reddition qui pourrait l’exonérer de toute poursuite judiciaire.
C’est du moins ce qu’a annoncé hier à la presse le Secrétaire général de son parti politique nouvellement créé, et qui attend encore l’agrément du ministre de l’Intérieur.

Selon le Secrétaire général, Gédéon Kyungu est « un agneau qui n’a jamais commis des crimes dont on l’accuse sans aucune preuve ». Gédéon Kyungu Mutanga, un agneau ? On se croirait sur Mars, mais pas sur la planète terre. 
Ces propos qui le déchargent de tout, ne peuvent pas être prononcés dans le triangle de la mort à Manono-Pweto et Mitwaba, dans l’ancien Katanga. Là-bas, tous les crimes de Kyungu Mutanga sont encore frais dans la mémoire. Il y a des actes abominables qui ne peuvent être oubliés de si tôt.

DES DECLARATIONS DE MOISE KATUMBI ET MGR MUTEBA
Gédéon Kyungu Mutanga est accusé de pires crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, de massacres des populations, de déportation des populations et surtout d’anthropophagie ou cannibalisme. Ses pourfendeurs soutiennent que Gédéon Kyungu a mangé la chair de ses victimes, ses propres frères BalubaKat (Baluba du Katanga).
On se rappelle encore à ce sujet, des déclarations faites à l’époque par Moïse Katumbi, alors gouverneur du Katanga et de Mgr Muteba, Evêque du diocèse martyr de Kilwa-Kasenga, le cimetière de Gédéon Kyungu Mutanga, là où il a rasé au feu des villages entiers. 
C’est bien ici en RDC, au Nord-Katanga où des témoignages de ces exactions foisonnent. Nombre d’activistes des droits de l’homme ne cachent pas leur déception à l’idée de voir Gédéon Kyungu être à l’abris des poursuites judiciaires.
« Les crimes dont Kyungu doit rendre compte sont des crimes internationaux qui dépassent le seul cadre de la RDC. Ces crimes sont imprescriptibles et inamnistiables. Il n’y a aucune possibilité de contourner la justice pour ce genre de crimes. Kyungu doit rendre compte de ses actes devant la justice », clament des juristes. 
« Le gouvernement devrait faire marche-arrière et reconsidèrer un accord signé avec un criminel de guerre notoire. Kyungu doit rendre compte. Il doit être déféré devant la justice. C’est là qu’il présentera ses moyens de défense et nulle part autre », tempêtent des défenseurs de droits de l’homme.

SON IMPUNITE EST UN MAUVAIS SIGNAL POUR LES AUTRES SEIGNEURS DE GUERRE
Son impunité serait un très, mauvais signal pour les autres seigneurs de guerre qui écument l’Est de la RDC où ils sèment mort et désolation. Pour ceux qui ne le savent pas, Gédéon Kyungu Mutanga est dans la catégorie de Joseph Kony, le chef de la LRA ougandaise, qui a tué 100.000 personnes au cours de vingt dernières années, selon les statistiques de la CIA. 
Dans le Nord-Katanga, Gédéon a été d’une rare cruauté. Il aurait infligé des sévices corporels innommables à ses victimes allant jusqu’à boire leur sang, à en croire des témoignages des survivants. « La place de cet homme est bien dans une cellule noire d’une prison à haute sécurité », réclament ses victimes. 
Il ne faut pas oublier que c’est un repris de justice qui s’est évadé de manière spectaculaire de la prison de Kasapa dans les faubourgs de Lubumbashi en 2011. KANDOLO M.