De la facilitation à la complication : Edem Kodjo prépare l’impasse

Mercredi 31 août 2016 - 10:53
Image

Le nonce apostolique s’étonne de la précipitation avec laquelle Edem Kodjo a con vaqué le comité préparatoire du dialogue. Il l’a fait savoir depuis Beni où il est allé compatir au malheur des populations de ce territoire. Imperturbable, Kodjo perd de plus en plus en crédibilité. L‘Eglise catholique n’est pas loin de le honnir.

 

Facilitateur du dialogue politique prévu en RDC, Edem Kodjo en est devenu finalement le « complicateur ». A défaut de réunir toutes les forces politiques et sociales du pays, le diplomate togolais a préféré composer avec l’opposition qui plait au pouvoir.

Le facilitateur de l’Union africaine s’est détourné de sa mission, jusqu’à tourner en bourrique l’Eglise catholique qui, via la Cenco (Conférence épiscopale nationale du Congo), a offert ses bons offices pour ramener Etienne Tshisekedi et le « Rassemblement» à la table du dialogue. Piqué par on ne sait quelle mouche, Kodjo décidé de faire cavalier seul.

 

A Beni, où il est allé compatir au malheur des populations meurtries de ce territoire du Nord-Kivu, le nonce apostolique, représentant du pape François en RDC, n’a pas eu des mots tendres envers le .facilitateur Edem Kodjo. Repris par Sonia Roller correspondante de RFI en RDC, sur son compte twitter, le nonce a rappelé les démarches entreprises par les évêques, y compris avec les parties qui ne voulaient pas.

 

Il n’a pas compris la précipitation avec laquelle Kodjo a convoqué le comité préparatoire au dialogue, alors qu’il était bien au courant de la démarche de l’Eglise catholique, avec le nonce apostolique, pour rapprocher les différentes tendances. « On avait demandé plus de temps, je ne peux pas cacher qu’on est un peu fâchés », a déclaré le nonce cité par Sonia Rolley.

 

TROUBLANTES REVELATIONS

Voilà des révélations qui donnent raison au « Rassemblement» qui continue de récuser Kodjo, le jugeant trop, partial; donc trop proche de la Majorité présidentielle. En effet, Edem Kodjo a réussi à dribbler tout le monde, même l’Eglise catholique. Pourquoi a-t-il agi ainsi alors que l’église, qui l’a rencontré à deux ou trois reprises, est venue juste à son secours pour l’aider à débloquer la machine? Quel intérêt Kodjo avait-ii à zapper les évêques?

 

Autant de questions qui ravivent le doute sur la personnalité d’Edem Kodjo. On comprend à présent la chapelle pour laquelle prêche le Togolais. En tout cas, Ce n’est pas celle de l’intérêt du pays. A force de côtoyer la majorité au pouvoir qui a fini par l’hypnotiser, Kodjo a fait tomber sa casquette de facilitateur impartial. Aujourd’hui, il roule pour la Majorité. C’est un secret de polichinelle. Sinon, comment comprendre sa présence dans différentes manifestations officielles alors qu’il n’en a nullement qualité.

 

L’intransigeance du « Rassemblement » à le défenestrer de la facilitation du dialogue s’explique. Le nonce apostolique, qui était accompagné à Beni du patron de la Monusco, vient d’en donner la preuve. Avec Kodjo comme facilitateur, il ne faut pas s’attendre à des avancées significatives dans la résolution de la crise préélectorale en RDC. Ayant montré sa couleur et ses penchants, Kodjo a dénaturé le dialogue. Il lui a enlevé sa sève de crédibilité, le rendant presque nul, à l’instar des concertations nationales de 2013. La faute, c’est l’appât de gain et son fort attachement à la majorité au pouvoir.

 

Sans doute, il portera une grande responsabilité si jamais la RDC devait basculer dans l’horreur. La culture de l’exclusion ne paie pas. Or en RDC, chaque fois qu’une négociation a été bâtie sur l’exclusion, cela a fini toujours par capoter, ramenant les protagonistes la case départ. On en a fait l’expérience avec le dialogue intercongolais de Sun City qui est passé par plusieurs conciliabules avant de se conclure avec succès au pays de Nelson Mandela. Auparavant, les belligérants ont dû passer par l’Ethiopie et le Botswana.

 

Le chemin du compromis est long. Il exige tact et patience. Des qualités qui manquent à Edem Kodjo. Imperturbable, il a décidé de s’allier à la Majorité, compromettant sérieusement sa mission. La déclaration politique du « Rassemblement» du lundi 29 août 2016 est un prélude de l’échec cuisant à sa mission. Comme le Botswanais Ketumile Masire, Kodjo ne parviendra sûrement pas à réconcilier le peuple congolais pour un processus électoral apaisé, libre et transparent.

 

Trop imbu de lui-même, Edem Kodjo a trahi la mémoire des pères fondateurs de l’Union africaine de qui il détient la mission de facilitateur. Tôt ou tard, sa conscience le lui reprochera.

Par LP