Débat autour du bilan de Matata II

Lundi 9 mars 2015 - 17:29

Plus de trois mois déjà se sont écoulés depuis que le chef de l’Etat, Joseph Kabila, a mis en place le gouvernement dit de cohésion nationale. Ce gouvernement, qui a vu le Premier ministre Augustin Matata Ponyo être reconduit, n’a pas toujours livré son grand secret. Et pendant que les missions cardinales qui ont été confiées à ce nouvel exécutif ne sont pas encore exécutées à la lettre, l’on évoque déjà «Matata III».

Formé le 7 décembre 2014, le gouvernement dit de cohésion nationale chancelle encore. A la question de savoir s’il faut faire le bilan de ce gouvernement, le Premier ministre a indiqué lors de son point de presse tenu le 3 mars dernier qu’il fallait attendre cent jours pour juger son équipe. Mais à 92 jours déjà le bilan paraît mi-figue mi-raisin pour plusieurs observateurs. Et pour cause ?
La lettre de Matata à ses ministres de ne pas former des cabinets ministériels laisse présager des nouveaux remue-ménages.
D’après des analystes, il s’avère que le président de la République pourrait retoucher l’actuelle équipe. L’idée, à en croire certains recoupements, serait de se débarrasser de certains «kengistes», notamment à cause de la position de leur autorité morale, Léon Kengo wa Dondo, qui s’est montré farouchement opposé aux initiatives de la Majorité présidentielle, notamment sa récente position contre certains alinéas de la loi électorale votée au Parlement en janvier dernier. Mais surtout pour s’être dressé contre la révision de l’article 220 de la Constitution. Lequel article, s’il était retouché allait permettre à Joseph Kabila de briguer un troisième mandat en 2016. D’un autre côté, l’hypothèse d’un dialogue entre le pouvoir et l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS) qui déboucherait par une composition entre la majorité et cette aile dure de l’Opposition. «Le pouvoir est prêt à tout pourvu qu’il assure sa survie». note un analyste. Mais untel mariage - à l’instar du ticket PALU-PPRD lors du deuxième tour de la présidentielle en 2006 - est mal perçu du côté de Limite. La base de l’UDPS voit mal leur parti composé avec un pouvoir déjà finissant. «Ce serait un véritable bouffée d’oxygène pour le président Joseph Kabila», constate un combattant de ce vieux parti d’Opposition. Tous ces pseudos tractations font vivre l’actuel gouvernement dans l’expectative. Plusieurs ministres ne peuvent pas prendre des décisions courageuses et engager la République parce qu’ils sont soit sur le qui-vive soit en train d’entendre un éventuel remaniement ou changement du gouvernement. Matata Ponyo a reconnu 10H de son bilan de 2014 qu’il faudrait continuer à consolider la paix et la sécurité sans lesquelles il sera impossible de maintenir les résultats macroéconomiques encourageants. Des efforts de paix que le gouvernement Matata II est presque pris de court car, bon nombre de résultats sur le plan sécuritaire ont été réalisés par le gouvernement précédent alors que Joseph Kabila affirmait le 23 octobre 2013 lors de son discours de la clôture des concertations nationales que «le gouvernement de cohésion nationale (...) aura pour missions prioritaires : le rétablissement de la paix et de l’autorité de l’Etat à travers le pays».

Des fissures à la place de la cohésion

Formé pourtant pour rétablir la cohésion nationale, le nouveau gouvernement n’en a pas fait autant. Composé de 42 ministères, l’équipe Matata II a fait plus de mécontent qu’on ne le croyait. Plusieurs plateformes de la Majorité Présidentielle ont crié à l’injustice. L’Alliance dés forces démocratiques pour le Congo (AFDC) a publiquement décrié cette injustice.
Du côté de l’Opposition, des pions que l’on pensait récupérer pour cimenter la cohésion national se sont retrouvés, pour la 1a part, coupés de leurs pan politiques. Thomas Luhaka, secrétaire général du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et l’actuel Vice-Premier ministre et ministre des Postes Téléphones et Nouvelles technologies de l’information et de la communication (PT-NTIC) a été démis de ses fonctions après avoir accepté de prendre part à ce gouvernement dit de cohésion nationale.

Par Kad