Des bandes de voleurs de téléphones portables sèment la désolation

Mercredi 6 juillet 2016 - 11:33
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Tel un grand marché, la Place Pascal à Kingasani, sur le boulevard Lumumba, entrée route de Mokali, grouille de monde du matin au soir. Vendeurs ambulants à la criée, consommateurs partagés entre les petits étals entassés les uns à côté des  autres, et piétons en divagation,
se disputent un espace qui pour se déplacer, qui pour exercer leurs activités. Le spectacle est cauchemardesque. Sur le boulevard Lumumba et la route de Mokali, des colonnes de mini-bus en stationnement attendent des passagers, des bus qui se croisent en sens inverse avec
des voiturettes, des motos et des charriots bondés de marchandises.

En dehors du tintamarre assourdissant des tuyaux d’échappements  de véhicules, il y a les cris stridents et rauques des convoyeurs et autres chargeurs de bus. Dans cette sorte d’enfer en miniature, des bandes de jeunes garçons âgés entre 16 et 35 ans circulent en toute hâte, se faufilant entre les promeneurs. Ces bousculades qui se succèdent à un rythme infernal, sont toujours sanctionnées par des vols de téléphones portables, des sacs à main et autres
porte-monnaies. C’est la spécialité de ces délinquants dont la triste réputation est de faire la poche aux piétons et autres dames distraites qui fréquentent les lieux.

Cinq redoutables bandes de malfaiteurs, indique une source, sont connues dans le coin où leur présence se solde toujours par un vol ou plusieurs cas de vol. Il y a la bande à Papy, l’écurie Jo et le groupe Sukuma, composé chacun entre 4 et 10 membres, tous opérant selon un même mode opératoire. Dès qu’une dame chargée d’un gros panier est prise en chasse, le groupe la ceinture et pendant qu’elle tente de sortir de ce blocage, un membre de la bande a ouvert la fermeture-éclair du sac et soustrait des téléphones, le portefeuille ou des billets de banque. Immédiatement, un deuxième membre glisse le butin dans un vieux usagé de riz et disparait pendant que la ceinture est maintenue. Dès que l’étreinte est desserrée, la victime quelque peu soulagée, ne s’imagine pas que ses effets ont été emportés à son
insu.

Deux autres regroupements des inciviques, chapeautés l’un par le fameux Somo-Somo et l’autre, par Lofimbo, se signalent eux aussi par des larcins. Ils visent les articles disposés sur les étals et ceux exposés par terre sur des vieux sacs  en plastique. La stratégie est simple. Ils se présentent tous  devant l’échoppe. Chacun prend un article différent et demande le prix au vendeur. Comme ce dernier concentre son attention vers celui qui lui propose l’argent, les
autres membres de l’écurie quittent le coin pendant que leurs comparses remettent les autres articles non achetés. Le vendeur se retrouve ainsi avec des étals dégarnis de plusieurs marchandises, et n’a que des plaintes à formuler contre cette forme de criminalité très répandue à Kingasani et Masina.

Vols de téléphones portables et vente des butins

Autre modus operandi. Certains témoins signalent que ces bandes de
voleurs « enveloppent » un client en discussion de prix avec la
vendeuse. Le groupe s’intéresse à d’autres produits mis en vente.
C’est le moment choisi pour glisser la main dans les poches du
consommateur et lui soutirer des billets de banque. Si par malheur, la
victime a déposé à ses côtés, une mallette qu’il ne surveille pas,
l’objet est emporté vers une destination inconnue. La bande à Lofimbo
qui se reconstitue plus tard, aura soutiré le butin, procédé au
partage, avant de jeter la mallette au bord de la chaussée vidée de
son contenu.
Dans un mini-bus en stationnement, une jeune fille téléphonait à
l’une de ses copines, son androïd collé à l’oreille. Au loin, une
dizaine de paires d’yeux ne la quittait pas de regard. A la fin de la
communication, elle a glissé l’appareil dans son sac à main. Soudain,
six gaillards sont montés en catastrophe à bord et se sont installés
autour d’elle. La section qui est passée à l’action, se cachait
derrière. Une lame de rasoir neuve, une fente opérée sur un pan du sac
à main, le téléphone était soutiré. Le voleur est vite descendu
prétextant que le mini-bus a trop traîné à l’arrêt. Et avant que le
moteur soit remis en marche, les autres membres de la bande
débarquaient évoquant le même motif.
La Place Pascal est devenue le haut-lieu des larcins et la plaque
tournante du trafic des téléphones volés. Les receleurs ravitaillés
par ces délinquants, proposent ces butins aux premiers acheteurs
venus, souvent à vil prix. Selon plusieurs sources, le coin regorge
d’au moins une trentaine des bandes de délinquants qui se côtoient à
longueur de journées. Les habitants de cette partie de la capitale en
ont marre et réclament des opérations de ratissage de la police. Car,
il ne se passe pas dix minutes sans qu’un vol y soit perpétré, le jour
comme la nuit. La triste réputation de ce terminus des bus est que sur
dix piétons de passage, six sont des honnêtes gens tandis que les
quatre autres sont des malfrats.
A la lumière de ces forfaits qui ont dépassé la cote d’alerte, seule
l’intervention de la Police provinciale peut arrêter ce regain de
criminalité,  restaurer la sécurité à Kingasani et Masina et redonner
le sourire aux populations de deux communes voisines séparées par le
boulevard Lumumba.              J.R.T.