Des gestionnaires invisibles à la tête des communes

Mardi 14 juin 2016 - 12:04

Capitale de la République Démocratique du Congo, la ville de Kinshasa est constituée de 24 communes. Ces dernières sont gérées au quotidien par les bourgmestres mis sous tutelle du gouverneur de la ville.

Kinshasa, ville confrontée à des multiples problèmes, ne laisse pas indifférents ses habitants, qui cherchent toujours l’intervention de la part de ses administrateurs. Il suffit de regarder la télé pour se rendre compte des cris de détresse lancés par la population kinoise. C’est comme si elle n’était pas prise en charge au niveau de la base. Tout cela, remarque-t-on, demeure la conséquence de l’inexistence des bourgmestres sur le terrain.

Malgré leur proximité avec la base, ces gestionnaires des communes restent tout de même invisibles. Enfermés dans leur  » forteresse « , ils devraient pourtant être des hommes de terrain, afin de se rendre réellement compte de tout ce qui se passe dans leurs circonscriptions. Cette attitude a contribué largement à l’installation de l’anarchie dans certains actes posés par des Kinois. Il y a ceux qui construisent anarchiquement sur les avenues, d’autres qui évacuent leurs fosses septiques sur la voie publique, d’autres entre qui se font du tapage tant diurne que nocturne, etc. Ainsi, lorsque les anarchistes font la loi, les autres membres de la communauté n’ont qu’à se plaindre. Comme qui dirait  » le chien aboie, la caravane passe « .

Confrontée notamment aux problèmes d’inondation, d’érosion, d’insalubrité, de  » Kuluna  » (bandits urbains), des enfants de la rue appelés communément Shegues et autres, la population kinoise constate amèrement une inertie dans le chef de ses bourgmestres, étant donné qu’aucune politique n’est développée au niveau des communes pour combattre ces maux. Et pourtant, ces différentes communes génèrent des recettes. Des fonds qui peuvent, tant soit peu, répondre à certains besoins rencontrés au niveau de la base. Malheureusement, les sinistrés touchés, pour ne citer qu’eux, par les inondations par exemple, ne bénéficient en rien d’une assistance venue de leur commune.

Méconnus par leurs administrés

La conséquence est que beaucoup de ces bourgmestres restent méconnus de leurs administrés et leurs actions inaperçues, faute de communication. Dans un monde où la communication occupe une place de choix dans la société, il est étonnant que ces bourgmestres ne s’en servent pas pour mener à bien leur politique d’action et établir une collaboration avec la population. Ce manque de complicité, faut-il le souligner, se constate lorsqu’il y a des mouvements de mécontentement dans la capitale.

Aucun bourgmestre, celui qui vit avec la base, n’ose descendre sur terrain pour jouer le rôle de sapeur pompier. Contre tout entendement, quelques fois, c’est le gouverneur de la ville de Kinshasa qui prend le devant et décante la situation. Comme disait quelqu’un,  » le gouverneur Kimbuta est plus populaire que nos bourgmestres ».

Un paradoxe, car le législateur de la Constitution congolaise a prôné la décentralisation dans le but de favoriser le développement à la base parce que ceux qui vont gérer au niveau local, seront tout près de leurs administrés. Un avantage pour connaître les problèmes de ces derniers et pouvoir y apporter des réponses.

Par ailleurs, l’absence de la communication laisse la place à la rumeur. C’est la réalité que nous connaissons dans la capitale congolaise que d’aucuns considèrent comme une  » ville-rumeur « . La distance entre les gouvernants et les gouvernés est telle que la rumeur surgit et se propage en lieu et place d’une bonne information, et tout le monde spécule sans aucune autre forme de procès. A qui la faute !

Par Tantia Sakata/CP