Ça n’est jamais bon d’être une préoccupation pour son ministre de tutelle, et surtout de hautes sphères de l’Exécutif. Il faut apprendre à faire avec…avec des injonctions, des ukases même si cela paraît vouloir quelque-chose et son contraire. Comme les assignations.
Le DG de la DGI, Direction générale des impôts, Lokadi Moga organise, en effet, du 18 au 21 février 2015, un séminaire en faveur des directeurs des impôts axé sur le thème : « Les stratégies et les actions pour la réalisation des assignations budgétaires de l’exercice 2015 ».
Ce séminaire permettra aux participants d’évaluer les résolutions relatives aux questions fiscales et aux réformes du séminaire organisé au mois de février 2014. Durant les quatre jours des travaux, les participants se pencheront également sur l’exécution des prévisions budgétaires de l’exercice 2014, les mesures législatives d’accompagnent pour l’exécution du budget 2015, ainsi que le programme d’activités de la DGI pour l’année en cours. Des stratégies arrêtées visent uniquement une mobilisation optimum des recettes fiscales pour le présent exercice budgétaire.
Et pourtant, Lokadi Moga le sait pertinemment que parmi les principales causes de la non-atteinte des assignations par des régies financières dont la DGI, les exonérations décidées unilatéralement et à brûle-pourpoint par l’Exécutif y figurent en ordre utile. L’ex- ministre délégué des Finances, Patrice Kitebi a officiellement soutenu que « les exonérations sont devenues des hémorragies importantes des recettes de l’Etat ». Pour autant, l’audit de toutes les exonérations fiscales accordées aux entreprises tant à Kinshasa que dans l’arrière-pays, annoncé tambours battant par le gouvernement, n’a jamais eu lieu. Bien au contraire la liste des entreprises qui gagnent gros mais qui jouissent du régime d’exonérations ne cesse de s’allonger. Parmi les nouveaux bénéficiaires… à la demande du gouvernement, il sied de le préciser, il y a les Chinois de la Société Anhui Congo d’Investissement Minier, SACIM, qui a repris un pan de l’espace minier de la Miba au Kasaï pour exploiter du diamant. L’exonération est, dans sa pratique, un domaine de hautes susceptibilités, qui s’y frotte, s’y pique au risque. N’allez pas demander à Lokadi Moga de mettre en péril son poste. Autre dossier sensible, la TVA. TVA, ICA, c’est du blanc bonnet, bonnet blanc. Le speaker de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a dit ne pas percevoir les effets escomptés tant vantés lors du remplacement de l’impôt sur le chiffre d’affaire par la taxe sur la valeur ajoutée. Ici encore, le gouvernement a promis de réviser la loi sur la TVA en vue de sa rentabilité. Mais on n’a rien vu venir voilà deux ans. La collecte de la TVA pour l’exercice 2015 devrait se faire à l’état brut, avait fait savoir l’ancien ministre du Budget, Daniel Mukoko, lors de l’élaboration du Budget 2015. Mais les experts n’y trouvent pas des effets stimulateurs d’une maximisation des recettes. Le gouvernement semble vouloir quelque-chose et son contraire avec ses régies financières. Lokadi le sait mais se tait. Sûr sûr le séminaire de 4 jours qu’il organise va escamoter cette question.