Dialogue et respect du délai constitutionnel:Washington soutient la Cenco et Mgr Monsengwo

Lundi 8 juin 2015 - 11:47

Le département d’Etat américain qui appuie les pourparlers entre Congolais, emboite le pas à l’Eglise catholique qui est contre tout glissement en 2016. De son côté, Lambert Mende estime que ce dialogue n’est pas l’affaire des étrangers

Consultés par Joseph Kabila en perspective du dialogue national, le cardinal Laurent Monsengwo et les évêques catholiques ont clairement déclaré devant la presse que les pourparlers entre Congolais ne sont pas mauvais, mais il faut savoir au préalable de quoi va-t-on parler. Le tout, ont-ils ajouté, dans le respect du délai constitutionnel concernant l’alternance en 2016.

Dans le même ordre d’idées, Tom Malinowski, secrétaire d’Etat adjoint américain à la Démocratie et aux droits de l’Homme, a soutenu, jeudi 4 juin dernier, à l’issue d’une visite de quatre jours à Kinshasa, que ce dialogue ne doit pas servir de  » prétexte  » pour retarder les élections en République démocratique du Congo.

Pour ce haut responsable du département d’Etat américain,  » le dialogue devrait uniquement être concentré sur les problèmes électoraux et ne pas servir de prétexte pour retarder les élections « . Washington ne souhaite donc pas qu’il y ait un quelconque report, même d’une minute, des élections du 27 novembre 2016, en République démocratique du Congo.

Et de conclure,  » il faut en finir avec l’ère des présidents à vie en Afrique et ailleurs « , avant de plaider pour le respect de la liberté de réunion et d’expression. Car plusieurs opposants ou militants des partis qui naviguent à contre courant de la Majorité présidentielle ont été arrêtés en République démocratique du Congo depuis les élections de 2011.

Lambert Mende estime que  » ce dialogue n’est pas l’affaire des étrangers «

Porte-parole du gouvernement, Lambert Mende a immédiatement répondu au secrétaire d’Etat adjoint américain à la Démocratie et aux droits de l’Homme, samedi 6 juin dernier, estimant que le dialogue proposé par Joseph Kabila n’est pas l’affaire des étrangers.

Pour ce membre du gouvernement central, dire que ce dialogue est susceptible de retarder les élections en République démocratique du Congo, n’est autre qu’un procès d’intention et une ingérence inacceptable dans une affaire intérieure d’un pays souverain.

Et ce que fait ce haut responsable du département d’Etat américain est un cas type d’une affaire intérieure et domestique.

 » Nous nous pouvons que rejeter toute tentative d’immixtion des officiels étrangers de quelque pays que ce soit « , a déclaré le porte-parole du gouvernement qui se dit par ailleurs  » disposé à recevoir des conseils d’amis mais pas d’injonctions, 54 ans après l’indépendance « .

 » Ceci ne peut être accepté par aucun Congolais digne de ce nom « , a-t-il soutenu. Il faut rappeler que c’est depuis lundi 1er juin dernier que Joseph Kabila a entamé des consultations en vue d’un dialogue pour un processus électoral apaisé.

Il a reçu les confessions religieuses, les chefs coutumiers et quelques personnalités du monde politique. Mais plusieurs partis de l’Opposition, les plus importants, refusent catégoriquement de se lancer dans cette démarche du chef de l’Etat, à 17 mois de la fin de son mandat. Surtout que Kabila, disent-ils, a tendance à s’approprier cette initiative voulue par l’accord-cadre d’Addis-Abeba.

Pourtant, martèlent-ils, il constitue lui aussi un sérieux problème à régler.
Pour l’UDPS, par exemple, pas question de participer à un dialogue qui n’est pas orchestré par la communauté internationale.

Cela ressemble déjà, à en croire un cadre de l’UNC, aux concertations nationales de 2013 dont les recommandations n’ont jamais été exécutées jusqu’à ce jour. Par exemple, les prisonniers politiques demeurent toujours enfermés alors que l’amnistie attribue la part belle aux ex M23 qui ont tué des milliers de Congolais à l’Est de la République démocratique du Congo, mettant ainsi en danger le pouvoir de Kinshasa.

Par Lefils Matady