Dialogue : la CENCO menace de se retirer

Mercredi 7 septembre 2016 - 10:09

Les Evêques catholiques exigent la participation de toutes les grandes familles politiques de l’Opposition au dialogue, la libération de tous les prisonniers politiques et le respect des articles verrouillés de la Constitution

La Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) menace de se retirer des travaux du dialogue si celui-ci continue de ne pas être inclusif. Elle brandit la même menace si la liste des prisonniers politiques libérés n’est pas élargie à ceux encore en détention. Elle insiste par ailleurs sur le respect de la Constitution, et particulièrement les « articles verrouillés » ayant trait au mandat présidentiel et à l’alternance démocratique au pouvoir.
          Les Evêques catholiques jugent fondamentale la satisfaction de ces conditions par le pouvoir en place pour qu’ils maintiennent la présence de leur délégué à ce forum, a indiqué le Secrétaire général de la CENCO, l’abbé Bernard SANTEDI, au cours du point de presse qu’il a tenu hier mardi 6 septembre 2016, au Centre Interdiocésain, dans la commune de la Gombe. A défaut, le délégué de l’Eglise catholique à ce forum pourrait être invité à ne plus se présenter à la Cité de l’Union Africaine.
Tout en exhortant les forces vives de la Nation à participer à ce dialogue pour renforcer la cohésion nationale et obtenir des élections transparentes, démocratiques et apaisées, la CENCO se déclare prête à accompagner les participants par la prière ainsi que ceux qui auront librement décidé de ne pas y prendre part.                 Murka         
1. Dès le lendemain des élections de 2011, la Conféren~e Episcopale Nationale du Congo (CENCO), au travers de ses messages et déclarations, a toujours souhaité et soutenu un dialogue entre les forces vives de la Nation comme voie royale pour résoudre les problèmes en démocratie.
2. A l’heure où se tient le dialogue national tant attendu, la CENCO implore du Seigneur, Maître des temps et des circonstances, sa lumière pour qu’elle éclaire les coeurs et les esprits de toutes les forces vives de la Nation appelées à ce dialogue. Que toutes privilégient l’intérêt supérieur de la République et apportent leur concours pour la relance du processus électoral.
3. Fidèle à sa mission prophétique, la CENCO se fait le devoir de rappeler ce qu’elle considère comme fondamental en vue de donner une chance à un dialogue national franc et sincère, susceptible de résoudre la crise actuelle que connaît le pays et prometteur d’un avenir meilleur pour tout le peuple:
1°. Un dialogue inclusif. La CENCO apprécie les gestes encourageants posés par le Gouvernement au sujet de la libération de certains prisonniers politiques et d’opinion, ainsi que de la réouverture de certains médias. Ces gestes sont de nature à contribuer à la décrispation du climat politique actuel. La CENCO souhaite ardemment voir ces mesures de grâce s’étendre également sur d’autres personnes se trouvant dans les mêmes conditions que celles qui sont libérées. Elle estime qu’un dialogue incluant les grandes familles politiques de l’opposition donnerait plus de chance au pays d’aboutir à la résolution de la crise actuelle de manière consensuelle et durable.
2° Un dialogue dans le respect de la Constitution. Pour la CENCO, le dialogue devrait se dérouler dans le respect absolu du cadre constitutionnel. Seul un dialogue qui respecte la Constitution, socle de notre jeune démocratie, en particulier dans ses articles verrouillés ayant trait au mandat présidentiel et à l’alternance démocratique au pouvoir, est capable de ramener la paix, de renforcer la cohésion nationale et d’offrir des meilleures conditions pour la tenue des élections libres, démocratiques et transparentes.
3. Ces conditions justifient la participation de la CENCO à ce forum par son délégué. La CENCO ne pourra pas maintenir sa participation à ce dialogue si le respect de ces exigences fondamentales n’était plus assuré.
4. La CENCO souhaite que la Communauté Internationale veille à la bonne application des conclusions et recommandations du dialogue national, afin d’éviter de nouveaux blocages qui résulteraient de la mauvaise foi de l’une ou de l’autre des parties. Aussi la CENCO recommande-t-elle vivement que le Groupe international de soutien à la facilitation joue un rôle autant actif qu’efficient.
5.       Tout en exhortant les forces vives de la Nation à participer à ce dialogue, la CENCO accompagnera par la prière et sa sollicitude pastorale ceux qui y prennent part ainsi que ceux qui auront, librement, décidé de ne pas y prendre part.
7.       Du haut des cieux, que le Seigneur daigne voir et regarder notre pays en ce moment mêlé d’incertitudes et d’espoirs, qu’il le protège et répande sur lui ainsi que sur son peuple l’abondance de ses bénédictions (cf. Ps 79).

Kinshasa,
le 06 septembre 2016

+ Marcel UTEMBI TAPA
Archevêque de
Kisangani
Président de la CENCO