Dialogue politique : la Majorité y croit toujours, l’Opposition se disperse

Mardi 18 août 2015 - 10:45

Si la Majorité travaille ardemment pour planter le décor d’un glissement inévitable, l’Opposition, dispersée et plombée dans ses nombreuses contradictions, pourrait l’aider à atteindre cet objectif. Dans ce nouveau décor, le dialogue politique s’impose comme la voie idéale pour un glissement collectif.

En République démocratique du. Congo, le processus électoral est en plein balbutiement. La publication, le 12février2015 par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) n’a pas non plus résolu le problème. Bien au contraire, elle en a créé d’autres, si bien qu’aujourd’hui, le processus semble marquer le pas.

En effet, en s’appuyant sur la logique d’un cycle électoral à deux vitesses où des arriérés électoraux de 2011 (provinciales, municipales et locales ainsi que les sénatoriales et les élections des gouverneurs de province) sont superposés aux législatives et à la présidentielle de 2016, la CENI a presque volontairement compliqué la donne électorale. Elle a fini par mettre la charrue devant le bœuf. Ce qui explique toutes les difficultés aussi bien juridiques, financières et logistiques auxquelles elle fait face.

Alors qu’on s’approche du 25 octobre 2015, date prévue pour les élections provinciales, les municipales et les locales, la CENI n’est toujours en mesure de donner la preuve de sa capacité à tenir ce pari. Mais sur e terrain, les obstacles ne font que s’amonceler. Certes, le Parlement a pu décanter la voie obstruée de l’adoption de la loi portant répartition des sièges aux municipales et locales, ce n’est pas pour autant que toutes les difficultés sont aplanie. Il y en a d’autres qui subsistent.

Apparemment dépassée et, ne sachant par quel saint se vouer, la CENI est aujourd’hui dans l’incapacité de nous dire la vérité. On se sent cependant qu’elle est dans une mauvaise passe. Le processus électoral va droit vers la dérive. Pouvoir organisateur des élections, la CENI fait semblant d’avoir la situation en mains, alors qu’elle en perd le contrôle au jour le jour.

La CENI semble s’être inscrite, à son tour, dans la dynamique du glissement. Elle est peut-être trop tôt de l’affirmer. Mais, on en aura certainement la preuve en octobre prochain.
Pendant ce temps, dans la Majorité, on ne se lasse pas de croire au miracle. Le grand miracle tant espéré, par lequel jure toute la Majorité n’est rien d’autre le glissement du cycle électoral en 2016. Au sein de la Majorité, on y croit ardemment.

En effet, dans ses rangs, tout le monde s’est déjà aligné sur cette logique. Les dernières déclarations sont révélatrices de l’option prise. L’on se rappelle que lors d’un entretien avec un groupe d’étudiants, le porte-parole du gouvernement a clairement déclaré que le glissement était constitutionnel. Il s’est référé, à cet effet, aux prescrits de l’article 70 de la Constitution qui spécifie que le président ne peut être remplacé que par un autre élu. Aussi, tant qu’il n’y aura pas de président élu, se défendait-il le porte-parole du gouvernement, le chef de l’Etat - du reste autorité morale de la Majorité - peut tranquillement garder son fauteuil, sans énerver aucune disposition de la Constitution.

D’une certaine manière, l’argumentaire tient la route. Elle a cependant un revers. Elle traduit en filigrane le désarroi qui guette la Majorité. D’un côté, la Majorité s’affiche comme inscrite dans la logique des élections, de l’autre; elle donne la preuve qu’elle n’y croit pas du tout. Qui dit vrai ? Difficile à élucider.

Obtenir le glissement reste à ce jour le leitmotiv de toutes les décisions et déclarations de la Majorité. Mais, comment y arriver ? C’est à ce niveau qu’apparaît l’arme fatale du dialogue politique. Avec les concertations de 2013, la Majorité pensait y arriver. Elle s’est vite ravisée- le forum n’ayant pas obtenu l’unanimité au sein de la classe politique. Aujourd’hui, c’est par le dialogue que la Majorité attend donc assouvir sa soif du glissement. Elle y croit jusqu’au bout. Des émissaires ont été déployés de part et d’autre pour convaincre les plus sceptiques. Suivez mon regard !

LA MAJORITE GAGNE DES PIONS

Si la Majorité s’est totalement en faveur glissement en mobilisant tous ses lieutenants, l’Opposition a les yeux ailleurs. En effet, orpheline d’un leader - Etienne Tshisekedi s’étant presque soustrait pour des contraintes sanitaires * l’Opposition est en quête d’identité qu’elle peine à retrouver. En RDC, on est en face d’une Opposition sans âme, qui se perd en conjectures sur des questions essentielles de la vie de la nation, alors qu’elle devait se constituer en véritable alternative face à la Majorité. L’Opposition est cosmopolitique, donc sans idéale, ni conviction. Ses nombreuses tendances en donne la preuve. Dans la même Opposition se côtoient des tendances qui s’entredéchirent tout en se réclamant de l’Opposition. D’un côté, il y a une Opposition qui, se dit républicaine, une autre se dit nationaliste, scientifique, etc. Dans ces conditions, il est difficile de faire confiance à l’Opposition.

Y aura-t-il alternance en RDC ? C’est peu probable, avec une Opposition dans sa forme actuelle totalement.
Alors que se précise de plus en plus le projet du dialogue politique, la Majorité joue en rangs serrés, convaincue de ses choix politiques qu’elle assume et défend de la plus belle des manières ses prises de position. Curieusement, l’Opposition excelle dans des contradictions, dispersée à tout point de vue. Tout compte fait, la Majorité a le champ libre pour faire triompher sa cause, c’est-à-dire le glissement.
Car, en face d’elle, il n’y a rien - l’Opposition n’étant qu’une coquille sans contenu réel.
Par LP