Les membres de la Majorité présidentielle (MP), ont applaudi le discours du chef de l’Etat à la nation, prononcé en début de semaine, devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès. La coalition au pouvoir a salué le discours de Joseph Kabila qui a, d’après les cadres de la MP, brossé l’état des lieux du pays plus que jamais engagé sur une bonne dynamique dont il faudra amplifier la tendance dans les années à venir. Néanmoins, si dans la Majorité présidentielle le discours de Joseph Kabila a été jugé de positif, l’opposition quant à elle, a manifesté son inquiétude, estimant que le bilan présenté par le chef de l’Etat sur le plan social et économique, est négatif.
Du côté de la Majorité présidentielle, le député Plus Muabilu Mbayu Mukala a salué le discours percutant de celui qui est le garant des Institutions, de l’intégrité territoriale et du bien-être des Congolais. Selon le président du Congrès national congolais (CNC), le message que Joseph Kabila a voulu transmettre est clair : “C’est un soldat du peuple et je crois que tous ceux qui veulent le mal pour leur pays, pour leurs propres frères, ont intérêt à revoir leurs calculs. Je crois que ce pays n’appartient pas à une seule personne ; c’est un patrimoine commun. Ce n’est un pays ni de l’opposition ni de la majorité; mais de tous les Congolais”.
Le Chef de l’Etat dit-il, a été on ne peut plus clair: chacun devra prendre ses responsabilités. En plus, il a parlé de la nécessité d’aller au dialogue pour parler des élections, parce que tout le monde a encore en mémoire les déboires de 2006 et 2011. Pour le bien de ce pays, l’honorable Pius Muabilu ne souhaite pas voir les Congolais faire deux pas en avant et quatre en arrière. “Que nos compatriotes qui ne veulent pas entendre ce discours, qui passent dans d’autres pays pour aller s’entrainer afin de détruire ce pays, sachent que ce pays est notre bien commun. Nous sommes venus en politique pour servir. Nous voulons léguer ce pays prospère à nos enfants, un pays bien, où il fait beau vivre.
Nous ne voulons plus de troubles, parce qu’on sait quand cela commencé et on l’on ignore quand cela se termine “, a-t-il déclaré, avant de féliciter le Chef de l’Etat, qui a répondu aux attentes en montant sur la tribune de l’Assemblée nationale.
L’honorable Henri Thomas Lokondo, également de la MP, a fait savoir que Joseph Kabila a fustigé la corruption et prôné le dialogue. Il s’est réjoui du fait que le Chef de l’Etat a encore réaffirmé qu’aussi longtemps que la corruption va s’enraciner dans notre pays, elle va compromettre le développement intégral de la RDC et que par ailleurs, le dialogue est une vertu en démocratie.” Nous allons nous engager dans cette voie pour qu’on trouve des solutions dans la convivialité et le patriotisme », a indiqué le député Thomas Lokondo.
Le sénateur Léonard She Okitundu, crois quant à lui que le discours a été percutant, parce que le Chef de l’Etat a donné effectivement l’état de la Nation qui a été réalisé au courant de l’année en cours, en parcourant tous les domaines: la santé, le transport, l’éducation, l’économie. Beaucoup de progrès ont été enregistrés.
Il a ajouté que le discours du Chef de l’Etat était plus percutant sur le plan politique. “Nous sommes à l’heure du dialogue politique national inclusif et là, le Chef de l’Etat a voulu rappeler à tout le monde qu’il faudrait que les Congolais trouvent leur solution pacifiquement autour d’une table, plut t que d’envisager une hypothétique ingérence extérieure. C’est qui est très important, le Chef de l’Etat a voulu rappeler que nous sommes souverains d’une part, et que d’autre part, le grand problème qui préoccupe les Congolais aujourd’hui, est de savoir, comment trouver un processus électoral qui soit crédible, apaisé et conforme aux standards internationaux “, a encore dit Léonard She Okitundu.
L’opposition se montre critique
Du côté de l’opposition, on a également noté plusieurs réactions, notamment celle du président du Courant des démocrates rénovateurs (CDER), Jean Lucien Busa, qui croît que le président Kabila place la RDC dans une perspective de chaos et de confusion totale. Pourtant explique-t-il, la constitution règle toutes les questions relatives à la démocratie et aux élections. Maintenant le chef de Etat va jusqu’à menacer ceux qui ne sont pas d’accord avec la voie qu’il a choisi celle du dialogue. Cette voie est dangereuse, parce que tout le monde sait que c’est une voie qui se met en marge de la constitution. Les congolais veulent l’alternance démocratique le 27 novembre 2016 “, a poursuivi Jean Lucien. Busa, soutenant que le chef de l’Etat vient de faire un aveu d’échec. “Je ne sais pas comment le chef de l’Etat se permet d’opposer démocratie et développement Alors si le chef de l’Etat considère que démocratie se contredit au développement, ça veut dire simplement qu’il n’a pas réussi à consolider la démocratie, qu’il n’a pas non plus réussi le développement “, a-t-il ajouté.
A l’en croire le Chef de l’Etat a échoué sur le plan démocratique et sur le plan social, parce que le pays est le plus pauvre du monde.
L’opposition nationaliste de Stève Mbikayi, juge également le bilan du Chef de l’Etat négatif sur le plan social. Pour le président du Parti Travailliste (PT), ce bilan paraît trop auto-satisfaisant. Aussi a-t-il manifesté son désaccord, parce que le social de la population ne reflète pas le bilan que vient de faire le chef de l’Etat. Stève Mbikayi est plutôt d’accord avec le chef de l’Etat sur le dialogue, surtout sur le fait d’avoir mis en garde contre toute ingérence et le fait de comploter contre la nation.
Pour sa part, le professeur Alphonse Maindo du Département des Sciences politiques de l’Université de Kisangani (UNIKIS), estime que considérer le dialogue comme la voie obligée pour avoir des élections apaisées, n’est pas complètement vrai. Pour cet enseignant, la tenue du dialogue n’est pas justifiée.
Au cours de on discours, le président Kabila a pourtant fait savoir que le dialogue qu’il a convoqué est l’occasion pour les Congolais de se réunir pour régler eux- mêmes leurs divergences. Un dialogue qui a pour objectif” de trouver des solutions consensuelles aux questions majeures qui minent le processus électoral “. Mais le professeur Maindo estime que les questions retenues pour être débattues au cours du dialogue peuvent être résolues sans organiser ce forum (Le fichier électoral, le calendrier électoral, la sécurisation des élections, le financement des élections et le rôle des partenaires extérieurs dans ce processus). “Les questions qui sont posées sont des questions techniques qui peuvent être réglées soit par le gouvernement avec les moyens dont il dispose soit par le Parlement soit par la Ceni “, a-t-il déclaré, avant de reconnaître tout de même que le dialogue est une vertu.
Globalement, prof Alphonse Maindo juge le discours du président de la République très offensif, car dit-il, ce discours montre la détermination du chef de l’Etat à poursuivre son action à la tête du pays.
Par J.W.