Dossier BIAC : JED charge Minaku

Lundi 23 mai 2016 - 16:41

Des accusations de mégestion et de violation des dispositions légales continuent à pleuvoir contre le président du Bureau de l’Assemblée nationale. La dernière en date est celle de l’Ong Journaliste en danger (JED) qui accuse le président de l’Assemblée nationale de violer le droit constitutionnel des Congolais d’accéder à l’information après avoir décrété, le mercredi 18 mai 2016, un huis-clos à la plénière sur la question de la crise à la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo(BIAC).

 

Cette question orale avec débats du député Jean-Lucien Busa, adressée au gouverneur de la Banque centrale du Congo, Deogracias Mutombo, était très attendue par les Congolais au regard de son intérêt. Malheureusement, ces Congolais dont des centaines de milliers ont des comptes dans cette institution bancaire, et qui voulaient avoir des plus amples éclaircissements n’ont pas suivi ce débat qui a eu lieu le mercredi 18 mai dernier à cause du huis-clos. Une violation de la Constitution, selon Journaliste en danger (JED), qui charge le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, dans une correspondance signée le 19 mai. Cette organisation non gouvernementale de défense et de promotion de la liberté de la presse note, dans cette décision du Bureau de l’Assemblée nationale, une privation de droit de s’informer aux Congolais.

« En agissant ainsi, vous (Minaku) avez, non seulement privé à des millions des clients de la BIAC victimes de cet état de cessation de payement, de savoir pourquoi ils ne peuvent plus accéder et disposer librement de leurs avoirs déposés dans les comptes de cette banque, mais aussi vous avez aggravé la méfiance des millions d’autres Congolais dans le système bancaire congolais, dès lors qu’il appâtait clairement que le Parlement, sous votre direction, a des choses à cacher à leurs connaissances », lit-on dans cette lettre signée par Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de JED.

Pour cette organisation, la crise actuelle à la BIAC n’étant pas liée à la sécurité nationale, il est inadmissible que les débats y afférents ne soient pas retransmis en direct et par conséquent, ne doit en aucun cas servir de prétexte pour museler la presse. Elle s’insurge contre cette interdiction des journalistes de couvrir cette séance. Ce qui, poursuit JED, n’est pas de nature à améliorer la situation, surtout qu’elle s’est déroulée au sein d’une institution censée montrer l’exemple en matière de respect de la liberté de la presse.

JED dénonce avec force la «propension» du Président de l’Assemblée nationale à vouloir profiter de la Majorité de sa famille politique au Parlement pour « imposer» sa volonté à « des millions de Congolais qui ont de plus en plus du mal à se reconnaître à cette institution ».

 

Volonté de cacher la réalité Pour JED, le président de la Chambre basse du Parlement est allé trop loin dans sa décision qui cacherait une peur de rendre compte. « Au moment où le gouvernement de la majorité à laquelle vous appartenez embouche la trompette de la bonne gouvernance, et de la reconstruction nationale, JED estime que les mauvaises habitudes encrées de mégestion, de détournements, et de corruption, continueront à avoir la vie dure, si bon nombre d’acteurs politiques au pouvoir, et des mandataires dans les entreprises publiques indélicats, continuent à être protégés par le Parlement que vous dirigez, sous prétexte qu’ils appartiennent à votre famille politique », constate JED.

 

Dans cette correspondance, JED rappelle que les dispositions du règlement intérieur évoqué par Minaku pour justifier la tenue à huis- clos de la séance plénière traitant de la situation de crise à la BIAC n’autorisent « en aucun cas de violer la Constitution qui garantit aux citoyens congolais leur droit à l’information sur une question aussi importante et d’intérêt général ». Dépité de cette situation qui ternit la réputation de la RDC en matière de liberté d’information (le pays occupe la 152ème place sur 180 pays au classement mondial) JED demande au Bureau de l’Assemblée nationale de « réparer cette grave entrave » au droit à l’information et oblige la diffusion, même en différé des débats sur la situation à la BIAC.

Par ailleurs, cette organisation demande au président de l’Assemblée nationale d’« user de ses prérogatives pour faire examiner le projet de loi sur l’accès à l’information, déjà adopté par le Sénat ».

Par CN