Ecoles mortes aussi

Mercredi 17 février 2016 - 10:00
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La journée «Ville morte » d’hier, 16 février 2016, sur l’ensemble du territoire national s’est traduite de diverses manières. A Kinshasa, le secteur éducatif a ressenti de façon dramatique les soubresauts de cette journée. Le moins qu’on puisse dire est que cette journée a été celle congé pour les élèves de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Initiation de la Nouvelle Citoyenneté (EPS/INC). Une tournée de nos reporters à travers la capitale a mis en exergue des distorsions dans le déroulement de cette journée dans les écoles des trois provinces éducationnelles de la Ville de Kinshasa. Trois constats s’imposent. D’abord, aussi bien à l’EPSP/Kin-Ouest, à l’EPSP/Kin-Est qu’à l’EPS/Kin-Centre, les directeurs provinciaux de l’éducation et leurs adjoints (aussi appelés proved et sous-proved) étaient tous là, à leurs postes, entourés de leurs proches collaborateurs. Ils ont circulé dans leurs juridictions pour contrôler de près et personnellement le fonctionnement des écoles et, comme eux, les préfets de secondaire et les directeurs d’écoles primaires avaient aussi tout fait pour être présents à leurs postes, se conformant en cela aux dernières instructions de la hiérarchie . La crainte des sanctions oblige. Chacun dans son école a rédigé et transmis un rapport circonstancié sur le fonctionnement de son école en ce jour du 16 février 2016. Ensuite, il a été constaté que la plupart d’enseignants se trouvant à proximité de leurs écoles avaient fait acte de présence. Mais nombre d’enseignants provenant des coins reculés n’avaient pas répondu présents. Certains avaient contacté l’école pour se plaindre des difficultés de transport ou s’excuser. Les enseignants présents, une fois la présence signée, s’empressaient de disparaître. Ce qui donnait aux différentes écoles l’impression de ne pas fonctionner, d’autant plus que les élèves ont vraiment séché les cours. Et cela est le troisième et dernier constat de cette journée : la majorité des parents n’ont pas envoyé leurs rejetons en classe. Les parents ont refusé d’exposer leurs enfants aux aléas de la Journée Les écoles de la capitale n’ont pratiquement pas fonctionné essentiellement par carence d’élèves. Ceux-ci ont brillé par leur absence. Interrogé par un des nos reporters, un parent, membre de l’Association des parents d’élèves des écoles catholiques (Apec) a été clair et précis à ce sujet. Il a soutenu, comme parent responsable, de ne pas permettre à ses deux enfants d’être des cobayes des politiciens. Mieux vaut perdre une journée de cours que d’exposer ses enfants à des accidents imprévisibles. C’est ainsi que nos reporters ont trouvé presque toutes les écoles à l’arrêt. Les écoles consulaires et privées où étudient les enfants des décideurs politiques n’ont pas du tout fonctionné, condamnant ces élèves à rester chez-eux. Dans les écoles qui avaient réussi à rassembler quelques élèves, les chefs d’établissements les avaient rassemblés dans un local – sans distinction de niveau ou d’option – pour faire simplement bonne impression et le occuper avant de les renvoyer par après à la maison. Nulle part les cours n’ont été dispensés. Dans les trois provinces éducationnelles, les écoles conventionnées en général et catholiques en particulier étaient particulièrement desertes : ni enseignants encore moins les élèves. Une élève de ces écoles, rencontrées à Limeté a précisé que le surveillant de leur école avait pour instruction de faire rentrer tous les enfants qui se présenteraient. RSK