Les leçons à tirer de la mise en place des bureaux des assemblées provinciales est double: la Majorité présidentielle a gagné haut la main la quasi- totalité des postes, mais quatre provinces échappent au contrôle de la famille politique du chef de l’Etat. Un signal que la démocratie en République démocratique du Congo est une réalité.
Sur 21 provinces, la MP a raflé la mise dans 17, lors de l’élection des bureaux des assemblées provinciales. Toutes les batteries étaient mises en marche. La MP n’a pas négligé ce rendez-vous. Tous les cadres se sont déployés pour qu’enfin la famille politique fasse le plein du carton. La moisson est abondante, certes, mais il est aussi temps de tirer les leçons sur les choix portés par ces grands électeurs qui portent sur eux la réalité électorale de 2006. Les lignes ayant bougé dans l’entretemps, mais pas notablement dans le chef de ces élus provinciaux qui sont restés attachés à la famille politique du chef de l’Etat Joseph Kabila.
Hubert Tethika, communicateur du G7 et porte-parole de l‘Arc, déclare : «Je note par ailleurs que le caractère indépendant de la candidature, la Majorité présidentielle s’assoit dessus en refusant aux gens surtout de jouir de leurs droits civiques.
C’est extrêmement grave ! Il y adonc lieu d’ailleurs de craindre pour toutes les élections à venir car ne peuvent y participer que ceux qui seront membres de la MP. Les Congolais doivent donc savoir qu’on est passé du MPR-parti Etat à la MP-parti Etat. Donc, c’est du circulez, il n’y a rien à voir.»
Ce point de vue n’est pas partagé à la MP où l’on estime que «perdre le contrôle de quatre provinces est difficile à accepter. Nous examinerons à l’interne ce qui n’a pas bien marcher, afin d’éviter de tomber dans cet échec dans ces quatre provinces, puisque pour nous à la MP, toutes les provinces sont importantes». Sur les dix-sept présidences des Assemblées gagnées par la MP, le PPRD vient en tête avec onze postes notamment dans les provinces du Haut-Katanga, Tanganyika, Kasaï-Oriental, Sankuru et Kwilu.
A l’Equateur principalement, où la MP a mordu la poussière, il est évident que le MLC a gardé son emprise sur les élus locaux. La secrétaire générale du parti Eve Bazaïba n’a pas lésiné sur les moyens politiques pour obtenir ce résultat.
DEUX PROVINCES, DEUX REALITES
La MP n’a donc pas tout raflé pare que l‘unanisme en démocratie n’existe pas. Des voix discordantes se sont faites entendre dans quatre provinces et la MP devra s’incliner face à ce choix des élus locaux qui traduisent également les tendances au sein des populations. Cette réalité politique est également le signe que malgré les difficultés, la démocratie congolaise poursuit sa marche vers sa consolidation, que des élus peuvent guivre le mot d’ordre de leur parti plutôt que de sombrer dans des considérations qui n’ont aucun lien avec la volonté de la population.
La MP est donc invitée à intérioriser cette donne tout comme l’opposition doit s’interroger sur le fiasco retentissant du Grand Kasaï où la réalité sociopolitique est en faveur de l’opposition. Il y a donc un travail de longue haleine à abattre afin de parvenir finalement à un rééquilibrage, ce qui n’épargne pas que la réalité actuelle soit actée que la MP dicte encore sa loi dans la majorité des provinces congolaises. Suivant le prisme que l’on prendra, la démocratie congolaise avance. Peut-être à petits pas, mais elle n’est plus à la gare. La marche se fait lentement, mais elle est résolument tournée vers son amélioration.
Avec un travail de pédagogie, l’opposition peut demain renverser la vapeur en sa faveur si la MP ne s’avise pas à réadapter ses méthodes à l’évolution. Des membres des partis de la Majorité présidentielle ont été élus samedi 12 mars à la présidence de toutes les trois assemblées des provinces issues du démembrement du Kasaï-Oriental.
A l’Equateur, trois des cinq postes à pourvoir ont échappé à la gourmandise de la Majorité à la Tshuapa et au Nord Ubangi.
Par F.M.K.