ENROLEMENT DES CONGOLAIS DES PAYS FRONTALIERS LOKONDO MONTRE LES RISQUES DE BALKANISATION !

Lundi 6 juin 2016 - 09:11

« Des Rwandais, des Ougandais, des Burundais etc. se feront inscrire sur les listes électorales comme Congolais », dénonce le député.

Le projet de loi modifiant et complétant la loi de 2004 sur l’identification et l’enrôlement des électeurs est en discussion à l’Assemblée nationale. Vendredi dernier, la plénière a continué le débat général sur le texte à amender venant de la Commission " Politique-administration-juridique " (PAJU). L’article 8 sur l’enrôlement des Congolais de la diaspora a soulevé un débat houleux.
Henri-Thomas Lokondo Yoka, l’élu de Mbandaka dans l’ancienne province de l’Equateur a exigé du haut de la tribune que cette disposition soit élaguée de la loi. Car enrôler les Congolais de l’étranger en commençant par ceux des neufs pays frontaliers qui entourent la RDC recèle d’énormes risques sur plusieurs plans dont principalement sécuritaire.
Rien qu’avec le petit échantillon du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi, on se retrouverait avec des millions de ressortissants de ces trois pays inscrits sur les listes électorales comme Congolais, là où on a encore un problème de fixation de frontières communes. On peut imaginer la suite.
C’est l’occupation par ces étrangers devenus Congolais des parties de l’Est du pays que Rwandais et Ougandais plus particulièrement ont toujours convoitées depuis des lustres. C’est cela la balkanisation. Lokondo Yoka explicite bien ce danger sécuritaire dans son amendement introduit à la PAJU afin d’obtenir qu’on élague cette disposition ainsi que dans sa motion présentée à la plénière.

IL SERA QUASIMENT IMPOSSIBLE D’IDENTIFIER LES VRAIS CONGOLAIS LORS DE L’OPERATION D’ENROLEMENT
Lokondo persiste et signe que par cette loi, le boulevard est ouvert à l’acquisition de la nationalité congolaise dans les pays frontaliers. Leurs ressortissants pourront frauduleusement s’enrôler et devenir des citoyens congolais.
C’est pourquoi, Henri-Thomas Lokondo Yoka tire la sonnette d’alarme sur cet aspect de la question essentiellement sécuritaire de l’enrôlement précipité des Congolais de la diaspora. Il insiste surtout sur les pays frontaliers où il sera quasiment impossible d’identifier les vrais Congolais lorsqu’il faudra les inscrire sur les listes électorales.
Il y a aussi un autre volet sur lequel l’élu de Mbandaka met en garde. Ce sont les difficultés d’ordre financier et technique. Pour lui, il est techniquement et financièrement impossible à court et à moyen terme de procéder au vote des Congolais disséminés à travers les cinq continents.

CORNEILLE NANGAA A DIT QUE LE VOTE DES CONGOLAIS DE LA DIASPORA VA AMLPIFIER LA COMPLEXITE TECHNIQUE DU PROCESSUS ELECTORAL
Le fondement du moyen que Lokondo développe se trouve dans les réponses de Corneille Nangaa, le président de la CENI intervenu sur cette question à la plénière de mardi 31 mai 2016. Il avait affirmé que "penser au vote des Congolais de la diaspora allait amplifier la complexité technique dans le processus électoral. S’il faut mordicus qu’on puisse le faire, la CENI pense organiser ce vote des Congolais par échantillon ".
Ce qui fait dire à Lokondo Yoka que ce propos de Corneille Nangaa devrait pousser au réalisme. Il montre bien qu’il est techniquement impossible d’organiser l’enrôlement des Congolais de l’étranger. Si on devait le faire, ce serait par échantillon, donc par pays, ce que l’élu de Mbandaka qualifie de discriminatoire pour un enrôlement qui ne se ferait que par pays.
D’où il en arrive à cette paraphrase de l’ancien Président français François Mitterand, " il faut donner le temps au temps " à laquelle il ajoute " le temps ne respecte jamais ce qui se fait sans lui ". Pour Lokondo Yoka, cette matière aurait dû faire l’objet d’un débat de fond au dialogue politique à l’instar de la loi électorale qui a été retiré par le ministre de l’Intérieur.

LA RDC VEUT BRULER LES ETAPES ET ALLER A LA VITESSE DU SON ALORS QUE DES PAYS COMME LA BELGIQUE N’Y SONT PAS ENCORE ARRIVES

Pourquoi est-on pressé, interroge l’élu de Mbandaka alors que des pays développés comme l’Italie qui dispose des moyens matériels et financiers conséquents n’a accordé le droit de vote à sa diaspora qu’en 2006. Tandis que la France ne l’a instauré qu’en 2012.
Quant à la Belgique, sa dernière réforme de l’Etat éprouve des difficultés à autoriser un vote à distance. Tout cela est justifié par le fait qu’ils n’ont pas encore réuni les qualités techniques optimales. Mais la RDC veut brûler les étapes et aller à la vitesse du son, dans l’enrôlement des Congolais de l’étranger sans aucune préparation afin de faire face aux risques relevés.
Raison pour laquelle Henri-Thomas Lokondo Yoka y va de son conseil. C’est celui d’éviter toute propension précipitée au mimétisme irréaliste dans les réformes des institutions. C’est ce qu’on a vécu avec la mise en place de nouvelles provinces qui, bien que constitutionnelle, crée présentement plus de problèmes qu’elle ne les résout, un exemple frappant qui doit interpeller ceux qui ont la qualité d’homme d’Etat. "Il faut éviter les réformes hâtives qui risquent de faire croire à l’opinion que la RDC est synonyme d’une société à irresponsabilité illimitée " avait lâché Lokondo Yoka du haut de la tribune dans l’hémicycle de la Chambre basse. KANDOLO M.