Adolphe Muzito, ancien Premier et haut cadre du Parti Lumumbiste Unifié (PALU) est destitué de son parti aux termes d’une Décision signée par Antoine Gizenga, le Secrétaire général du parti. La nouvelle fait l’effet d’une bombe dans les différents-majors politiques. Quatre jours après, d’aucuns s’interrogent sur les vrais mobiles de cette décision. Décryptage.
Pour rendre publique la décision prise par la haute hiérarchie du PALU contre le député Adolphe Muzito, le Secrétaire permanent du parti cher à Antoine Gizenga avait organisé un point de presse le 14 août à Kinshasa. Sur place au siège du PALU, on avait noté un certain flottement.
Convoqué à 11 heures, ledit point de presse, affirment plusieurs personnes qui étaient présentes sur le lieu, avait, commencé à 14 heures. Motif: le Secrétaire permanent et porte-parole du PALU semblait hésitant pour lire le texte. Selon certaines indiscrétions, tout le monde attendait une consigne venant de Buma (le quartier où se trouve la maison d’Antoine Gizenga).
Bien plus, un cadre du parti Lumunibiste Unifié qui est venu assister au point de presse a lâché une «bombe». En effet, avant de rendre publique la Décision destituant Adolphe Muzito, un émissaire avait té mandaté auprès du patriarche Antoine Gizenga pour vérifier l’authenticité du document. Après la question lui posée si la décision qu’il a signée pouvait être rendue publique au cours d’un point de presse, Antoine Gizenga aurait rétorqué par cette question: « est-ce c’est moi qui ai signé ce document ? ».
Au-delà de l’étonnement du chef du parti, il sied de noter que la plupart de cadres du Parti Lumumbiste Unifié ont pris d’assaut, très tôt matin, le siège de leur parti pour venir prendre connaissance de la décision destituant l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito du PALU. Moralité : l’empressement des cadres du PALU pour aller chercher le document au siège de leur parti peut conduire à la conclusion selon laquelle ce qu’il faut appeler désormais «l’affaire Muzito» a été «boutiquée» par un groupe de gens. D’aucuns se demandent si les structures ‘habilitées à prendre une telle décision à l’encontre d’un haut cadre du parti étaient réunies.
Des péchés trouvés contre Muzito
Parmi les «crimes» qu’aurait commis Adolphe Muzito pour mériter une destitution de son parti, on peut retenir les Tribunes qu’il publie, dans la presse depuis quelques mois. A ce sujet, il sied de rappeler qu’une Tribune est un article d’opinion que n’importe quelle personne peut écrire sur un sujet d’actualité donné. Au PALU on estime qu’en publiant ces Tribunes, l’ancien Premier ministre a «violé la discipline de Son parti».
Une question mérité d’être soulevée si l’on doit revenir sur cette «faute» de la part de Muzito. Comment peut- on sanctionner quelqu’un qui prend le risque et la responsabilité de signer ses Tribunes en son propre nom ? En tout cas, en lisant les Tribunes rédigées par Adolphe Muzito, on a vu que cc dernier n’engageait pas son parti, le PLU. Un député de l’Opposition, ancien haut cadre du Mouvement de Libération du Congo (MLC), Delly Sessanga a commenté la destitution de Muzito en ces termes : ‘«L’ancien Premier ministre Adolphe Muzito est victime de l’intolérance politique ou de l’interdiction du débat démocratique qui règne au sein de la de la plupart de partis politiques qui fonctionnent dans notre pays. Quand j’avais engagé un débat de fond au sein du MLC, certains camarades m’avaient accusé d’être en contact avec le pouvoir en place pour déstabiliser le parti. Aujourd’hui, ceux qui portaient ces accusations contre ma personne, sont devenus les grands défenseurs des thèses du pouvoir en place, alors que moi je demeure toujours dans la vraie Opposition».
Autre charge mise sur le dos d’Adolphe Muzito : le non- paiement, pendant trente-six (36) mois par Muzito, de la dîme due au parti. Dieu seul sait si Adolphe Muzito est le seul cadre du PALU qui n’a pas payé sa dîme pendant plusieurs mois. Ce «crime» retenu contre Muzito étonne plus d’un observateur de la scène politique congolaise. En effet, des sources proches du Parti Lumumbiste Unifié renseignent que les ateliers marquant les 50 ans du parti ont non seulement été initiés par l’ancien Premier ministre, mais aussi financé en grande partie par lui-même. Question : pourquoi la haute hiérarchie du PALU n’avait- elle pas condamné ces assises qui avaient démontré qu’au PALU on ne sait pas que danser, mais qu’on peut aussi réfléchir?
Des observateurs de la scène politique congolaise sont unanimes sur une chose : Adolphe Muzito est victime de la guerre des clans qui risque d’emporter le Parti Lumumbiste Unifié (PALU). Après le départ de Laure Kawanda (mise à l’écart presque dans les mêmes conditions) qui a créé son propre parti l’Alliance dès Patriotes Lumumbistes (PALU) et le mutisme de Godefroid Mayobo, le départ de Muzito (poussé vers la sortie) risque de sonner le glas d’un parti déjà fragilisé par des groupes d’intérêt.
Si Antoine Gizenga ne se réveille pas, il risque de vivre - en live - la mort de ce parti pour lequel il a fait la prison et risqué de sa vie.
CONGO NOUVEAU