Il avait versé comme tous les autres candidats à la députation provinciale quelque 500.000 FC à l’antenne locale de la DGRAD de Mambasa, l’une de grandes agglomérations de l’Ituri… et attendait la tenue des scrutins que la Commission électorale nationale et indépendante a, avec toute désinvolture, renvoyé à la saint glinglin. Ce qui frise un abus de confiance et une escroquerie. Depuis, Asumani Musafiri, cadre de l’administration qui a obtenu une mise en disponibilité, se tournait le pouce dans une bourgade de Mambasa, Toli-Toli à près de 100 Km de Bunia où un éléphant aux allures rappelant les mammouths d’autrefois, vient, de temps à autre, narguer les humains.
Les damnés de la CENI.
Le pachyderme dit-on ici se distingue des autres par sa stéatopygie, en fait ses postérieurs assez prononcés. Et les Mambassois l’ont surnommé, à juste titre, «Ya Mado ». Mardi 6 octobre 2015, Ya Mado vagissait d’ire à la lisière de Toli-Toli plongeant la petite contrée dans une panique des Daltons. Sauve-qui-peut. Le candidat député, revenu dans son terroir, dit-on, juste pour le besoin de la cause, ignorait, fort probable, les razzias auxquels se livrait l’éléphant. Dans la panique générale, Asumani Musafiri aurait emprunté un sentier par lequel venait Ya Mado, défenses bien crochues. Choc frontal! Pour le grand malheur du candidat député. Qui se fait fracasser crane, omoplates, côtes… vertèbres. Et c’est l’irréparable. Avis d’analystes, la CENI a une certaine responsabilité morale dans cette mort tragique du candidat député. Mieux, Malu-Malu et sa clique se seraient organisés, moins l’on enregistrerait des infortunes du genre. Des damnés de la CENI, l’on en compte ça et là dans toute la RDC. M. T…, bien en gras, et connu dans le quartier mosaïque de Bon-marché, commune de Barumbu, renseignent nos sources, avait quitté Kinshasa fin 2010 pour Bumba afin de briguer un mandat de député provincial. Lui qui avait profité de la vente de la parcelle familiale, avait emmené dans son Bumba natal, un gros lot des vélos, des ballots des fripes et divers produits manufacturiers en vue de sa propagande. On le sait, la CENI n’a jamais organisé les élections des députés provinciaux même partielles.
Notre candidat député qui s’était lancé en campagne précoce finira par vider toute sa bourse. Ce licencié en sciences politiques n’a eu sa survie, selon des témoignages, que grâce à la vente du jus de gingembre dont il en a le secret, foi de sa clientèle d’antan. «Il vous en fait d’aussi efficace que la viagra», commente cet autre candidat député toujours à Bumba qui a finalement décidé de revenir à Kinshasa, convaincu que la CENI l’a tourné en bourrique. Il pleut à Kinshasa des anecdotes des plus croustillantes aux plus saugrenues sur la mésaventure de la CENI. V.K , candidat dans l’une circonscription de Lukunga, avoue-t-il à ses proches, manquer des mots pour rassurer sa fiancée. Il a utilisé une partie de la dot – dont il semble que la fiancée a contribué à plus de trois quart- pour s’essayer aussi à la députation provinciale. «Verser l’argent à la DGRAD n’a été qu’un attrape-nigaud intelligemment monté par la CENI», confie-t-il. Un procès contre la CENI dans les prochains jours ? En tout cas à Bukavu, il s’est constitué un collectif des candidats députés prêt à traîner Malu-Malu et son écurie en justice.
POLD LEVI