Faux viol sur mineure: Saï Saï libre après deux mois de suspense

Lundi 23 mars 2015 - 11:53

Après avoir passé deux mois à la Prison Centrale de Makala pour viol sur mineure, l’artiste comédien Fiston Mafinga alias Saï Saï, a été acquitté le vendredi 20 mars 2015 par le Tribunal de Grande Instance de Gombe (TGI). En clair, le tribunal des céans a rejeté la peine de 20 ans proposée par le ministère public ainsi que les dommages et intérêts de 100.000 dollars (payables en franc congolais) sollicités par la partie civile dans le présent dossier et a renvoyé Saï Saï des fins de tout poursuite judiciaire, conformément aux dispositions des articles 53 et 68 du Code pénal livre I et II, du Code civil en son article 258 ainsi que celle de la loi n° 16/0112. Selon le TGI/Gombe, l’infraction de viol mise à charge de Sai Sai n’est pas établis en fait ni en droit. Il y a défaut des preuves dans le chef de l’organe poursuivant ainsi que de la part de la partie civile, Ketia Matiti Moto. Les frais d’instances ont été mis à charge du trésor.

Le ministère public n’étant pas content de la décision rendue par le tribunal, a promis d’interjeter appel. Il a qualifié de complaisant le verdict prononcé par le tribunal.
Il y a lieu de noter que Saï Saï est sorti de la prison le même jour de son acquittement c’est-à-dire le 20 mars 2015. Il a promis de ne pas saisir le juge civil pour réclamer des dommages et intérêts pour le lavage de son honneur. Mais il a plutôt promis de pardonner tous ceux qui avaient monté l’histoire de viol contre lui. « Que seule la justice de Dieu soit faite et que la justice de notre pays puisse faire son travail », a soutenu Saï Saï. L’association des artistes congolais présente à cette audience du 20 mars, a salué l’équité avec laquelle la justice a tranché cette affaire. Tous les fanatiques de Saï Saï étaient dans l’allégresse après son acquittement. Précisons qu’en cette date du 20 mars Saï Saï ne se trouvait pas au TGI/Gombe, mais plutôt à la prison de Makala pour des raisons de sécurité. C’est après son acquittement qu’il a été conduit chez lui par ses avocats.

Rappel des faits

L’artiste comédien Fiston Mafinga alias Saï Saï, aujourd’hui en liberté, était poursuivi par le ministère public pour viol sur une mineure de 16 ans, dans un tunnel, à Bandal, dans la nuit du 26 au 27 janvier 2015, entre 22 h et 1h du matin. Le ministère public avait requis 20 ans de prison ferme contre cet artiste comédien lors de l’audience foraine du jeudi 5 mars 2015, tenue par le tribunal de grande instance de Gombe à la Prison Centrale de Makala.
Il avait fait savoir que le prévenu était auteur des faits mis à sa charge, parce que la victime était restée constante dans ses déclarations devant l’Officier de police judiciaire, le parquet ainsi que le tribunal. Les déclarations cohérentes de la victime sans contradictions constituaient, selon lui, la preuve du viol. Les éléments constitutifs de l’acte de viol étaient réunis en fait comme en droit, car, à son avis, il y avait absence de consentement de la part de la prétendue victime. Selon le réquisitoire de l’organe de la loi, Sai Sai avait connu intimement la victime, Feza Matiti Moto alia Djodjo, sans son accord.
En ce qui concerne la contre-expertise du médecin légiste de l’Hôpital Général de Référence de Kinshasa, docteur Tshomba Kondo, celui-ci avait fait savoir que le fait pour lui d’examiner la victime 1 mois après la date de la commission des faits constituait une difficulté pour attester s’il y a eu viol ou pas les 26 et 27 janvier, surtout que la victime avait déjà connu des hommes bien avant. Il n’y avait pas d’indices, selon lui, qui attestent qu’il y avait eu viol aux dates précitées. Si la victime était vierge, cela allait être facile pour lui de constater le fait.
Docteur Tshomba avait par ailleurs mis en doute la thèse du viol, parce lorsque qu’une fille tombe victime d’un viol, surtout une mineure, elle est incapable de marcher correctement. Le viol laisse des lésions et des fissures facilement répérables. La victime n’aurait pas pu partir de l’endroit de la commission des faits jusqu’à leur maison.
Le même médecin avait indiqué qu’en cas de rapports sexuels imposés, cela laisse des traces, surtout que la victime affirme avoir été violée par cinq personnes adultes. Il a révélé que lorsqu’il interrogeait la victime dans son cabinet, cette dernière n’avait manifesté aucun signe de tristesse. Elle expliquait les faits comme si c’était une affaire qu’elle avait suivi à la télévision. Selon docteur Tshomba Kondo, le viol se définit comme des rapports sexuels illégaux avec une femme par la force et contre sa volonté. C’est aussi tout acte de pénétration de quelque nature que ce soit commis sur la personne d’autrui par violence, par contrainte ou par surprise. Mais l’expertise avait révélé que l’état physique de la victime était bon.
Les avocats de la partie civile avaient soutenu avec instance que leur cliente avait été violée par Saï Saï qui avait utilisé la ruse. Feza Matiti était allée acheter du pain. Sur son chemin, elle avait croisé un certain Kidiss, envoyé par son ami Saï Saï. II lui avait proposé de faire le théâtre et de la publicité. C’est dans ces circonstances qu’elle avait été saisie de force et entraînée vers un tunnel pour être violée à tour de rôle par Sai Sai et ses amis.
Après le viol, la victime avait été accompagnée par Kidis jusqu’à quelques mètres de leu domicile avant qu’elle ne soit abandonnée. C’est après qu’elle avait été récupérée par des «Kuluna» et conduite jusque chez ses parents. Arrivée à la maison, sa sœur lui avait donné une serviette pour calmer l’hémorragie parce qu’elle saignait. C’est après qu’elle avait été conduite à l’hôpital. Lorsque Sai Sai avait été informé du sort de sa victime, il avait proposé un arrangement à l’amiable.
Pour tous les préjudices subis par la famille de la victime ainsi que la victime elle-même, les avocats de la partie civile avaient sollicité la condamnation de Sai Sai à 100.000 dollars de dommages et intérêts. Ils avaient demandé au tribunal de rejeter le rapport de Vodacom qui atteste que leur cliente était majeure (21 ans) alors qu’elle n’avait que 16 ans, de rejeter également les deux expertises des médecins légistes qui indiquaient que l’état physique de la victime était bon. Selon eux, elle avait perdu sa virginité dans des conditions inhumaines.
En réplique, les avocats de Saï Saï, avaient soutenu que c’est une machination. Leur client n’était impliqué ni de loin, ni de près, dans ce dossier de viol. La victime était une habituée des boites de nuit, il avait relations sexuelles avec des hommes. Il s’agissait d’un complot monté contre Sai Sai lui par le disco-jockey, Rusel, la victime ainsi que sa sœur Ketia, parties civiles dans la présente affaire de viol.
Ils ont réaffirmé que du 26 au 27 janvier 2015, Saï Saï avait organisé une fête en sa résidence, à l’occasion de l’anniversaire d’un de ses enfants. C’est vers 23 heures qu’il s’était déplacé pour prendre un verre en compagnie de ses amis en face de l’Ecole Molière, sur 24 novembre. Puis, il était rentré chez lui.
Saï Saï avait été arrêté à la suite d’un montage de son ami Rusel, qui l’avait fait venir en ville au motif qu’il avait décroché un « marché » pour lui. C’est en répondant à ce rendez-vous qu’il s’était trouvé pris en étau par la famille de la victime ainsi que le policier « Soda makasi », introuvable jusqu’à ce jour.
Se sentant en insécurité, Sai Sai avait demandé que l’affaire soit réglée devant la justice. Il n’avait jamais proposé un arrangement à l’amiable. C’était le 28 janvier 2015. Lors de la descente sur terrain, tous les résidents du tunnel avaient contesté la version du viol.
Les mêmes avocats avaient rappelé que devant le ministère public, la victime avait déclaré être née en 1998, mais à Vodacom, elle avait présentée une attestation de perte de pièces indiquant qu’elle était née en 1994, tandis qu’à son école, son dossier signalait qu’elle étaits née en 1997. L’attestation de naissance produite par ses avocats n’indique même pas son nom mais simplement celui de sa mère.
Murka