Freddy Matungulu : « Sous mon mandat en tant que chef de l’Etat, le peuple congolais retrouvera son droit de sanctionner les dirigeants »

Vendredi 24 juillet 2015 - 06:25
Le professeur Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir, candidat à la présidentielle prévue en 2016 en RD Congo, promet de mettre, « en tant que chef de l’Etat, un terme à la marginalisation politique du peuple congolais, en lui faisant retrouver sa place de souverain primaire autour de la table où se prennent les grandes décisions qui affectent le destin et l’avenir de la nation ». « Sous mon mandat, le peuple congolais retrouverait son droit de sanctionner les dirigeants; il redeviendrait le Patron et les dirigeants ses dignes Serviteurs. Personne ne serait au dessus de la Loi », affirme-t-il dans un entretien à Lepotentielonline.com. Interrogé sur ce qu’il « reproche aux actuels gouvernants », il répond qu’il « constate que la RDC s’affaiblit un peu plus chaque jour, navigue à vue , s’enfonce dans la grande incertitude et chemine allègrement vers le grand inconnu, le chaos programmé ». « Toute avancée dans l’agenda politique, y compris dans la préparation des élections, est souvent le fruit de pressions extérieures. La justice et les services de sécurité sont instrumentalisés, les arrestations arbitraires d’opposants et activistes des droits de l’homme ne se comptent plus, l’impunité règne en maitre, et la corruption est devenue omniprésente », déplore l’ancien haut fonctionnaire du Fonds monétaire international (Fmi). Interview. Lepotentielonline.com :Pourquoi voulez-vous devenir Président? Freddy Matungulu : Je crois profondément à la solidarité et l’entraide entre les filles et fils de mon pays, au respect des lois de la République, ainsi qu’a l’intégrité comme sous-bassement fondamental de la bonne gestion de la chose publique. Renforcées par une expérience nationale et internationale avérée en matière de gestion d’économies modernes, ces valeurs peuvent être décisivement utiles. Notre pays a cruellement besoin de tels atouts en ce moment. J’en possède et me sens l’obligation de les mettre à sa disposition pour lui permettre de redonner vie à son économie, amorcer le processus d’amélioration des conditions de vie des populations, et redonner à ces dernières leur dignité et le prestige national perdus. En tant que Chef de l’Etat, je mettrais un terme à la marginalisation politique du peuple congolais, en lui faisant retrouver sa place de souverain primaire autour de la table où se prennent les grandes décisions qui affectent le destin et l’avenir de la nation. Sous mon mandat, le peuple congolais retrouverait son droit de sanctionner les dirigeants; il redeviendrait le Patron et les dirigeants ses dignes Serviteurs. Personne ne serait au dessus de la Loi. Que reprochez-vous aux gouvernants actuels ? Comme tout Congolais, je constate que notre pays s’affaiblit un peu plus chaque jour. Navigue à vue. S’enfonce dans la grande incertitude et chemine allègrement vers le grand inconnu, le chaos programmé. Toute avancée dans l’agenda politique, y compris dans la préparation des élections, est souvent le fruit de pressions extérieures. La justice et les services de sécurité sont instrumentalisés, les arrestations arbitraires d’opposants et activistes des droits de l’homme ne se comptent plus, l’impunité règne en maitre, et la corruption est devenue omniprésente. Tout cela donne l’impression malsaine d’un pays éternellement immature, incapable de se prendre en charge. Il n’est donc pas étonnant que très peu d’investisseurs sérieux acceptent de s’y installer en dehors du secteur minier enclavé, ce qui limite sensiblement les possibilités de création d’emplois nouveaux et de réduction de la pauvreté. L’insécurité à l’Est du pays demeure préoccupante. Enfin, minée par la corruption, le népotisme et la mauvaise gouvernance, notre nation est incapable de s’occuper de ses enfants les plus vulnérables. Alors que les nantis continuent de s’enrichir notamment par une surfacturation éhontée des achats et autres acquisitions de l’Etat, les pauvres, résignés, deviennent chaque jour plus démunis. Voilà ce que je reproche aux gouvernants actuels. Que faire pour transformer les importantes ressources naturelle de la RDC en richesses et faire ressentir à la population les effets de la stabilité macroéconomique ? Pour y arriver, il faut mettre en place un environnement qui permette à tous les Congolais, à commencer par ceux qui sont au bas de l’échelle, de se sentir et d’être impliqués dans la conduite de la nation; de mettre leurs talents au service du pays. Cela suppose la création d'une société ouverte au débat, à la pluralité des idées et des opinions; dans laquelle le vote refléterait réellement les choix politiques des électeurs. L'obligation pour les dirigeants de rendre compte doit être un pilier fondamental d’une telle nouvelle société congolaise. La sanction des dirigeants par la population en serait un deuxième élément crucial. C'est dans ce contexte que la corruption et les abus de pouvoir seraient plus efficacement combattus. Le Congo redeviendrait ainsi un Etat de droit, respectable. La respectabilité retrouvée du pays favoriserait le retour des investisseurs, y compris les compatriotes de la Diaspora, et la création d'emplois nouveaux, générateurs et porteurs de revenus stables pour nos populations, dans tous les grands secteurs de l'économie. C'est à cette condition que la croissance, sous-tendue par une stabilité macroéconomique routinière, deviendrait inclusive, partagée, et bénéficiant à la majorité de la population. Sur le plan sécuritaire, l’Est de la RDCest toujours en proie à des guerres. Quelle solution préconisez-vous ? Diplomatique, militaire ou politique ? Pour ma part, les ingrédients les plus importants d’une solution durable, qui font cruellement défaut, sont la volonté et une vraie détermination nationales de juguler l’instabilité chronique qui règne en maitre dans ces régions paradisiaques de notre pays béni. Les atroces souffrances dont sont victimes les congolais de ces contrées sont absolument inacceptables. Y mettre un terme au plus tôt est une priorité et une urgence nationales. Quelle analyse faites-vous du récent renouvellement du mandat de la MONUSCO ? La RDC fait face à des contraintes de tous ordres. Les moyens financiers de l’Etat sont limités. Ses capacités techniques dans plusieurs domaines de la vie nationale sont mises à rude épreuve. Au plan militaire, nous n’avons pas forcément tout ce qu’il faut pour assurer efficacement la défense d’un territoire quatre fois plus vaste que la France. Dans ces conditions, pourquoi ne pas faire usage des ressources de la MONUSCO que la RDC mobilise et se donne en tant membre effectif de l’Organisation des Nations Unies ? ela étant dit, je suis bien d’accord que l’implication et le mandat de la MONUSCO doivent être définis en concertation avec le peuple congolais et dans l’intérêt supérieur de ce dernier. Faudrait-il un dialogue pour un consensus sur le calendrier électoral publié par la CENI ? Le dialogue a toujours été un élément central de toute société responsable. Il ne réussit cependant que lorsque les participants à l’exercice y vont en bons pères de famille. Ce qui a rarement été le cas dans notre pays. En témoigne le fiasco des consultations mobutiennes de la fin des années 80, de la grande Conférence Nationale Souveraine du début des années 90 et, plus récemment, des concertations du Palais du Peuple de 2013-2014. Toutes ces rencontres ont été torpillées par ceux-là même qui en avaient la charge et l’obligation d’en assurer le succès. Chat échaudé craint l’eau froide. Je suis pour ma part très sceptique quant à la capacité d’un nouveau dialogue à ne produire rien d’autre que des per diem ou quelques juteux portefeuilles ministériels pour les participants. Je souhaite cependant être complètement à coté de la plaque sur cette question. Dans tous les cas, nous rémunérons très bien les membres de notre gouvernement. Ceux-ci doivent faire leur travail et nous amener à des élections réussies. La tâche est de haute portée historique car du succès de ces votes dépend la stabilité à long terme de la nation. Que nos frères et sœurs gouvernants actuels ne s’y trompent pas. L’Histoire nous regarde. Son jugement sur leurs actions viendra sans aucun doute un jour. Ils ont aujourd’hui tout intérêt à choisir la RDC plutôt la RG, la République de la Gombe. Demain risque d’être trop tard. Freddy Matungulu a pris une retraite anticipée du FMI pour apporter sa « quote-part aux efforts visant le mieux-être » de la RDC Le professeur Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir a annoncé lundi 23 février 215 à Washington sa retraite anticipée du Fonds monétaire international (FMI) pour apporter sa «quote-part aux efforts visant le mieux-être » de son pays, la République démocratique du Congo (RDC). « Mon départ du FMI m’affranchit ipso facto de la lourde obligation de réserve que m’imposaient mes fonctions au Fonds monétaire, en même temps qu’il me permet de retrouver la pleine liberté d’expression et d’action grâce à laquelle je peux enfin, en tant que citoyen et expert, apporter ma quote-part aux efforts visant le mieux-être de mon pays », explique-t-il dans une déclaration dont une copie est parvenue mardi à Lepotentielonline.com. En effet, s’interrogeait-il, devrait-il « continuer de se taire et de continuer de figurer sur les listes du personnel du FMI et priver le Congo de (son) apport à la réflexion sur les défis auxquels la nation fait face? » « Mon devoir supérieur n’était-il pas plutôt d’apporter ma contribution au débat sur les enjeux politiques de l’heure dans ce pays qui m’a vu naître et qui a fait de moi ce que je suis ? », se demandait-il aussi avant de prendre sa décision historique dévoilée sous l’intitulé « Haut fonctionnaire international, le professeur Matungulu prend une retraite anticipée du FMI ». HAUT FONCTIONNAIRE INTERNATIONAL, LE PROFESSEUR MATUNGULU PREND UNE RETRAITE ANTICIPÉE DU FMI Le 17 février 2003, j’avais démissionné de mon poste de Ministre des Finances de la République démocratique du Congo pour ne pas cautionner des abus dans la gestion de la chose publique. En juillet de la même année, je reprenais mes fonctions d’économiste au siège du Fonds monétaire international à Washington, aux Etats Unis. Le retour au FMI m’a réimposé l’obligation de réserve m’empêchant de me prononcer sur les enjeux économiques et politiques dans mon pays, la République démocratique du Congo (RDC). Le grand débat des deux dernières années sur l’avenir du pays m’a profondément ému et interpellé, m’amenant à me poser des questions sur l’opportunité de maintenir un silence qui paraissait indifférent, voire complice à certains égards. Devrais-je continuer de me taire ? Devrais-je continuer de figurer sur les listes du personnel du FMI et priver le Congo de mon apport à la réflexion sur les défis auxquels la nation fait face? Mon devoir supérieur n’était-il pas plutôt d’apporter ma contribution au débat sur les enjeux politiques de l’heure dans ce pays qui m’a vu naître et qui a fait de moi ce que je suis ? Après mure réflexion, j’ai décidé de prendre une retraite anticipée du Fonds monétaire international, institution de BrettonWoods qui a été mon employeur pendant les vingt dernières années. Mon départ du FMI m’affranchit ipso facto de la lourde obligation de réserve que m’imposaient mes fonctions au Fonds monétaire, en même temps qu’il me permet de retrouver la pleine liberté d’expression et d’action grâce à laquelle je peux enfin, en tant que citoyen et expert, apporter ma quote-part aux efforts visant le mieux-être de mon pays. Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir, Mwalimu Fait à Washington, DC, USA, le 23 février 2015