Fridolin Kasweshi : «Pour qu‘une route survive, il faut qu’il y ait des activités sur sa zone d’influence »

Mardi 15 septembre 2015 - 14:51

La rentabilité et ‘exploitation rationnelle des investissements routiers, préoccupent le ministre des Infrastructures et Travaux publics, Fridolin Kasweshi. A l’issue d’un parcours de 1300km de la Nationale n°1 en partant de Kinshasa jusqu’à Mbui-Mayi, passant par Kikwit, Tshikapa et Kananga, le ministre des ITP en a fait le point hier lundi 14 septembre au cours d’un échange avec la presse.

Homme de terrain et prêt à braver tous les obstacles pour remplir sa mission, le ministre des Infrastructures et Travaux publics (ITP), Fridolin Kasweshi. a effectué un parcours de 1300 km de la Nationale n°1 Point de départ Kinshasa, mardi 8 septembre, le ministre et sa suite. ont fait la route pour Kikwit, Tshikapa. Kananga et finalement Mbuji-Mayi. Objectif: inspecter cette route d’intégration nationale longue de 3 130 km, et parcourant Il provinces dans leur configuration actuelle.

« C est pratiquement 3130 km sur lesquels, environ 1500 km sont asphaltés. Mais il y a des segments asphaltés depuis très longtemps qui se trouvent aujourd’hui en dégradation. Ils doivent faire l’objet d’une reconstruction. Il s’agit notamment de segments Mbuji-Mayi-Mwene-Ditu (135km) et Boma-Matadi (120km) », a indiqué le ministre des ITP.

C’était au cours d’un entretien avec la presse hier lundi 14 septembre en son cabinet de travail à Kinshasa.
S’agissant de la fluidité du trafic, Fridolin Kasweshi s’est dit satisfait des mécanismes de financement mis en place et de concept des travaux. « La prise en charge est assez bonne. La Route nationale n°1 n‘est pas exploitable sur environ 15% dans toute sa longueur en saison de pluie, soit 430 km », a-t-il signalé.

Et de poursuivre : «Aujourd’hui, on a trois types d’interventions. Ce que l’on tient à avoir, c‘est une route complètement asphaltée ». Il y a l’asphaltage, notamment grâce à la concession. C’est une sorte de partenariat public-privé qui concerne certains segments qui ont une grande densité de trafic, c’est-à-dire atteignant environ 2500 à 3000 passages de véhicules par jour, et pouvant permettre une certaine rentabilité. Cela donne la possibilité au partenaire â financer les travaux et à récupérer son argent grâce au péage. C’est notamment les segments de Kinshasa-Matadi y compris le segment Matadi-Boma. Et les segments de Kasumbalesa-Lubumbashi-Likasi.

LA RENTABILITÉ DES ROUTES EST LIÉE À LA PRODUCTION

En dehors de ces segments, il y a ensuite des segments qui sont en train d’être asphaltées grâce au concours des partenaires techniques et financiers, a fait remarquer Fridolin Kasweshi.

Il en a cité en exemple, le segment qui part de Batshamba à 90 km de Kikwit avec deux intervenants. La Banque africaine de développement (BAD) et l’Union européenne (UE). « L‘UE prend les segments de Batshamba-Loange qui sont en cours d’asphaltage pour un financement de /ordre de 90 millions de dollars américains. On a aussi le segment de Loange jusqu’à Lovua, long de 63 km qui sont actuellement en cours d’asphaltage. De Lovua à Tshikapa et de Tshikapa à Kamuesha, la BÀD a déjà fait don à notre pays et nous sommes dans le processus de la finalisation des dossiers pour un appel d’offres qui va permettre à ce qu’au courant du premier semestre de l’année 2016, on puisse avoir le démarrage des travaux. De Kamuesha vers Kananga, soit environ 150km, c’est l’Union européenne qui a donné son accord de principe pour un don en vue d’asphalter ce segment. Il reste le segment ‘qui part de Kananga jusqu’à Mbuji-Mayi, soit environ 780 km. Il y a des études qui ont été élaborées par la BAD mais qui doivent être prises en charge par un financement qui est en cours de recherche. De Mbuji-Mayi à Mwene-Ditu et Mwene-Ditu au Haut-Katanga, c‘est un segment dont les études doivent être réalisées, suivies des recherches de financement pour qu‘on ait la possibilité de l’asphalter... », a-t-il explicité.

L’autre type d’intervention est celle pratiquée par quelques entreprises faisant usage des méthodes rudimentaires et haute intensité de main-d’œuvre. Selon le ministre des ITP, il faut compter plus ou moins 30 ans pour avoir une route complètement revêtue sur toute sa longueur. « Je dois insister sur le fait que pour qu‘une route survive, il faut qu’il y ait des activités sur sa zone d’influence.

L ‘activité la plus importante dans notre pays, c ‘est 1 ‘agriculture. Elle doit être redynamisée au niveau des paysans qui constituent la majorité de la population. Il faut aussi une conscientisation de la population à travers son exploitation rationnelle », a relevé Fridolin Kasweshi.

Dans la foulée, le ministre des ITP a invité les usagers de la route au civisme routier. « Une sensibilisation qui se révèle une question transversale de - vont être gérée par le ministère des Transports. Nous avons commencé une sensibilisa flan de proximité sur les usagers. Il y a aussi des panneaux qu‘on va mettre pour donner certains messages spécifiques. Nous travaillons avec le ministère de 1‘Enseignement primaire, secondaire et Initiation à la nouvelle citoyenneté pour que l’accent soit porté sur le respect du patrimoine routiers, surtout qu’il nous coûte très cher », a-t-il fait remarquer.

De ce point de vue,’ il a rappelé les coûts en indiquant notamment qu’un kilomètre de réhabilitation d’une route en terre est évalué autour de 45 000 à 100 000 USD. Et cela en fonction des matériaux de rechargement. Quand il s’agit d’une route asphaltée, en fonction de différents paramètres aussi, le kilomètre coûte entre 800 et 1200 000 dollars US.

En définitive, les besoins sont énormes, a conclu le ministre. Le budget de l’Etat depuis mon accession à ces charges, en termes de ressources propres, n‘a jamais dépassé pour ce qui est des infrastructures de transport routier 30 millions de dollars US par ail. Aujourd’hui, je ne peux pas considérer que cette opportunité petit être trouvée assez facilement étant donné qu‘il y a d‘autres besoins, notamment le capital humain... », a reconnu le ministre. Fridolin Kasweshi reste donc préoccupé par la rentabilité des routes. Un facteur lié à la production des biens et services.

Pitshou MULUMBA