Indépendance : 56 ans de gâchis !

Mercredi 29 juin 2016 - 11:58

Le 30 juin 1960, les Congolais fraichement libérés de la colonisation belge avaient dansé au rythme d’un air bien connu de chez nous : « Indépendance cha cha.. ». Ils avaient également chanté : « Nous bâtirons un pays plus beau qu’avant, dans la paix… ». 56 ans après, c’est le grand brouillard. Des millions de filles et fils de ce pays, qui rêvaient de mieux vivre aujourd’hui qu’hier, en citoyens libres, sont terriblement désillusionnés. Ils n’en croient pas leurs yeux devant le gâchis économique, financier, social et culturel qui se présente à eux.

Alors qu’ils attendaient voir les « pères de l’Indépendance » transformer l’ancien Congo Belge en une Nation prospère, pacifique et démocratique, ils les ont vus sacrifier leur avenir sur l’autel de leurs ambitions politiques, en versant dans des guerres fratricides, destructrices de tous les projets de développement. Couplée à la mauvaise gouvernance, l’instabilité politique signait la descente aux enfers des Congolais, aujourd’hui fichés parmi les populations les
plus miséreuses de la planète.

Depuis, les journées du 30 juin passent et se ressemblent, avec leurvcortège d’espoirs déçus et de promesses non tenues. A un moment donné,vpour se donner bonne conscience, feu le président Mobutu n’avait pasvtrouvé mieux que d’inviter son peuple à fêter dans la «méditation». Ilvle fallait bien, au regard du décor apocalyptique qui s’offrait à sesvcompatriotes. Il était bien loin, ce Congo belge totalement désenclavévà la veille de l’indépendance. Avec un réseau routier en parfaitevconnexion avec les voies ferrées, fluviales et lacustres, le CongovBelge semblait promis à un avenir radieux, de nature à faire des
jaloux du côté de Bruxelles. Avec un franc congolais coté parmi lesvdevises étrangères fortes, des exportations minières et agricoles levplus souvent classées dans le top 10 au plan mondial, un revenu parvtête d’habitant de 197 dollars américains contre 91 Usd pour un
citoyen de la Corée du Sud (aujourd’hui, le Coréen du Sud affichev26.000 Usd contre 650 au Congolais), des industries lourdes et devtransformations annonciatrices d’un décollage économique fulgurant,vune politique d’habitat fondée sur la construction des cités indigènes
modernes avec des maisons à crédit…rien ne paraissait arrêter lavmontée en puissance du Congo.
Qui pouvait croire que les cinq premières années de l’indépendance
allaient signer l’entrée du grand Congo dans un gouffre sans fin ? Qui
pouvait penser que Mobutu, arrivé au pouvoir en novembre 1965, allait
l’enfoncer davantage dans le tunnel de la pauvreté, au terme d’une
courte embellie marquée par des slogans du genre « Retroussons les
manches »… « Agriculture priorité des priorités » … « Salongo alinga
mosala »… « Objectif ‘80 » … « Rien ne sera plus comme avant » … «
Tout doit changer, tout va changer » ?
Mobutu parti, ses successeurs ne semblent pas avoir tiré les leçons
de la dictature, de la mal gouvernance, des injustices sociales, de la
justice à la tête du client, de la corruption, de l’impunité des
criminels économiques, de la politisation de l’administration publique
et des entreprises du Portefeuille, du non respect des droits de
l’homme, du coulage des recettes publiques, du pillage des ressources
naturelles, de l’enclavement continu du pays, de la non modernisation
des infrastructures de base, de la culture des investissements de
prestige, du culte des personnes, du tribalisme, du régionalisme, etc.
Bien que condamnées avec force dans les discours, les antivaleurs
continent largement partagées entre Congolais. Les besoins sociaux de
base ne sont toujours pas satisfaits, au point que les Congolais de
2016 en sont réduits à l’éternelle main tendue vers l’extérieur. Comme
au lendemain de l’indépendance, la démocratie peine à s’installer.
L’alternance au pouvoir est perçue comme une guerre mortelle entre
clans politiques. Comme il y a 56 ans, l’arbitrage extérieur est
fortement réclamé pour départager les protagonistes politiques. Plus
que jamais incertains du lendemain, des millions de compatriotes ne
savent pas ce que leur réserve le futur immédiat. Et, pendant que les
politiciens s’entredéchirent, le pays va mal économiquement et
financièrement. Le 30 juin 2016, l’écrasante majorité de notre peuple
va fêter dans la «méditation», avec dans sa tête des images du
chômage, de la famine, des routes impraticables, de naufrages
d’embarcations dans le fleuve Congo et ses affluents, de crash
d’avions, de faillites d’entreprises publiques et privées, de taxi-bus
207 « Esprit de mort » toujours maîtres du transport en commun, de
politiciens grassement payés face aux fonctionnaires gratifiés de
salaires de misère, d’étudiants sans bourses et entassés par milliers
dans des auditoires, d’élèves perdus dans des salles de classes sans
tableaux noirs ni bancs, d’enfants de la rue incontournables dans les
agglomérations urbaines, de « Kuluna » en bandes organisées, de filles
mères prêtes à vendre leurs charmes à vil prix, etc. L’amer constat
est implacable : on n’a pas bâti un pays plus beau qu’avant. Bien au
contraire, les gouvernants du Congo ont réussi l’exploit de faire ce
«scandale géologique» un des pays les plus endettés de la planète.
Kimp