L'Agence pour la Prévention et la Lutte contre la Traite des Personnes (APLTP), service rattaché à la présidence de la République, a organisé le vendredi 18 juin 2021 à Kinshasa, un atelier de sensibilisation des assistants sociaux sur l'identification et le traitement des cas de traite des personnes, en particulier les enfants.
Rendu possible avec un appui financier de l'USAID et le soutien technique de l'Organisation Internationale des Migrations (OIM), cet atelier a permis aux participants d'avoir une idée sur les indicateurs de la traite des personnes, les moyens usuellement utilisés par les bourreaux et les finalités de cette pratique inhumaine.
Pour Sylvain Beya, assistant social chargé de la protection de l'enfant au tribunal de paix de Ngaliema, cet atelier leur a permis d'identifier les cas de traite des personnes parmi multiples dossiers qu'ils reçoivent au tribunal.
"On vient d'identifier les conditions qui montrent effectivement qu'il y a beaucoup d'enfants qui sont dans la situation de la traite des personnes, exploités sexuellement ou domestiquement. Les intervenants nous ont montré comment identifier les cas, comment approcher la victime et les mécanismes à utiliser pour traiter les cas afin d'aboutir à une réinsertion sociale", a-t-il déclaré.
Et d'ajouter : "Il y a beaucoup d'enfants que la police nous amène au tribunal disant que ce sont des enfants de la rue...ils sont souvent regroupés par des bourreaux pour les exploiter économiquement ou même sexuellement, en contrepartie d'une protection ou d'un toit. Souvent ces bourreaux se présentent devant nous comme étant responsables de ces enfants. Après enquêtes, nous remarquons souvent qu'ils ne sont ni de près ni de loin membres de famille de ces enfants".
Pour Guy Bao Ebamu, coordonnateur adjoint de l'APLTP, le choix a été porté sur les assistants sociaux vu leur proximité avec les victimes de la traite, dans le cadre de leur travail au quotidien dans les tribunaux.
"Dans notre mission, nous avons la prévention. Raison pour laquelle nous avons cette fois-ci choisi de sensibiliser les assistants sociaux qui travaillent auprès des tribunaux des enfants, c'est la particularité de cet atelier. Les assistants sociaux sont généralement chargés de la prise en charge des victimes, de leur encadrement, de leur réhabilitation, ainsi que de leur insertion sociale pour retrouver leurs familles. Voilà un peu l'objectif de cet atelier", a-t-il dit dans son discours d'ouverture.
Quant à Ely Thelot, conseiller technique de l'OIM et l'un des intervenants dans cet atelier, son organisation et l'USAID accompagnent l'APLTP dans sa mission parce que la traite des personnes ne cesse de prendre de l'ampleur en RDC.
"L'OIM est appelée à travailler avec d'autres acteurs sur cette thématique en RDC qui a une grande ampleur. Il y a beaucoup de victimes, notamment les enfants. Ils sont victimes de la traite des personnes sous forme de la mendicité, mariage forcé, exploitation sexuelle et aussi sous forme d'enrôlement forcé dans les groupes armés. Ces enfants sont souvent pris en charge par des travailleurs et assistants sociaux. Nous avons pensé qu'il est important que ces acteurs soient formés pour mieux accompagner ces enfants victimes de la traite des personnes. L'OIM accompagne l'APLTP pour que ce travail soit bien fait. Il faut dire aussi qu'avec le financement de l'USAID, il y a des ressources disponibles pour les victimes de la traite. Mais souvent les victimes ne savent pas qu'elles sont victimes", a-t-il dit.
Il sied de noter que pendant plusieurs années, la RDC a été maintenue au niveau le plus bas (niveau 3) du classement mondial de la traite des personnes du département d'Etat américain. Depuis la création de l'APLTP par le président Félix Tshisekedi et son entrée effective en action en 2020, la RDC est passée au niveau 2 de cette liste de surveillance du gouvernement américain. Efforts qui sont en partie à la base de la reprise de la coopération militaire entre la RDC et les Etats-Unis.
Bienfait Luganywa